épisode soixante-et-un

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OCTAVIA

– Je suis prête.

Je sens le regard de Nate se poser sur moi et il me tend la main pour m'aider à descendre du muret. Je la saisis et saute sur le sol. L'idée de descendre vers le lycée pour affronter mes démons ne m'enchante guère, mais je crois que cette fois, je suis prête.

Et puis, si j'attendais plus longtemps, je risquais d'attirer des ennuis à Nate.

– On va faire un tour par l'infirmerie, d'accord ?

J'hoche la tête et le laisse me guider jusqu'à l'infirmerie. Il sort ses clefs de la poche de son jean et ouvre la porte. Je me laisse tomber sur l'une des chaises pendant qu'il fouille dans les placards pour trouver ce dont il a besoin.

– Je crois qu'il y aura besoin de strips, je dis en détaillant la plaie à ma main.

– Trouvé !

Il revient quelques secondes plus tard et s'attaque à mes soins, écoutant patiemment mes indications.

– Merci, je murmure.

– J'ai pas encore fini, dit-il en passant la bande autour de ma paume.

– Je parle pas de ça.

Il lève les yeux vers moi quelques instants avant de reporter son attention sur ma main. Nathaniel ferait définitivement un très bon médecin, il a la rigueur nécessaire, la patience aussi, mais surtout, il a la douceur que beaucoup n'ont pas. Je crois qu'actuellement, il n'y a personne d'autre avec qui je voudrais être.

Il sait.

Il sait tout et pourtant il n'a pas fui.

Il est resté avec moi, il était prêt à rester jusqu'à ce que je sois prête à me relever.

D'expérience, je sais qu'il existe très peu de personnes comme ça dans ce monde.

– T'as entendu ?

Sa question a le mérite de me sortir de mes pensées. Je tends l'oreille en entendant des bruits de lutte dans le couloir. Nous échangeons un regard avant de nous redresser d'un seul. Je l'aide à remettre en ordre notre bazar et une minute plus tard, nous passons la porte de l'infirmerie.

Un petit groupe est rassemblé un peu plus loin et je reconnais sans mal les cheveux rouges de Castiel. J'échange un regard avec Nate avant d'avancer vers le groupe à pas vif. Je me fraye un chemin entre mes amis et pousse un cri en découvrant mon père penché sur un homme, lui mettant la dérouillée de sa vie.

– Pa' ! je m'exclame en m'approchant de lui. Arrête !

Je m'apprête à poser une main sur son épaule pour rappeler à l'ordre mais quelqu'un m'en empêche en tirant mon bras vers elle. J'ai un mouvement de recul en découvrant ma mère, le regard implorant. Elle n'a pas vraiment changé en un an, elle semble juste... Désespérée.

La pointe de culpabilité qui s'était apaisée au fil du temps réapparaît et je dois fournir un effort considérable pour ne pas partir en courant.

– Octavia, ma chérie, écoute-moi s'il-te-plait... m'implore-t-elle.

Je cligne des yeux, prise d'un état de sidération qui m'empêche de faire quoi que ce soit d'autre.

– Je sais que tu ne pensais pas à mal, je te jure et je ne suis pas en colère contre toi, commence-t-elle. Mais tu crois pas qu'on a assez payé ? Gabe a payé sa dette et moi... Je t'en prie, est-ce qu'on pourrait en discuter calmement ? Peut-être que si on en parlait, que les choses éclataient une bonne fois pour toute, alors on pourrait-

– Rien du tout ! la coupe quelqu'un.

Je sens une pression se faire au niveau de mes épaules et Hélène apparaît dans mon champ de vision.

– Éloigne-toi immédiatement d'elle Emma, siffle-t-elle froidement.

– C'est pas parce que tu couches avec mon ex-mari que cela te donne le moindre droit sur ma fille ! réplique ma mère.

– Non, en revanche j'ai le droit de te rappeler qu'elle bénéficie d'une injonction d'éloignement et que c'est la seule chose qui t'as permis d'éviter la prison pour non assistance en personne en danger.

– Elle n'était pas en danger !

Leur dispute est bientôt masquée par le sifflement aigu qui obstrue mes oreilles et je ferme les yeux, essayant de reprendre pied. Je sens qu'on me tire en arrière et le bras de Rosalya passe autour de mes épaules pour m'éloigner de tout ça mais je suis toujours incapable de bouger.

– ÇA SUFFIT !

Ma voix résonne en écho dans le couloir quasiment vide et c'est le signal qu'attendaient les garçons pour se précipiter sur mon père, le dégageant de l'homme allongé sur le sol. Ma mère et Hélène se taisent également et tout le monde se jauge d'un regard méfiant.

Mon cauchemar se relève et tient difficilement sur ses jambes mais je suis incapable de lever les yeux vers lui et de lui faire face. Mon père commence à se dégager de la prise des garçons et je me dégage de celle de Rosalya pour m'interposer.

– Stop... je murmure.

Les bras tendus de chaque côté, je défie mon père du regard, l'invitant à ne rien de plus. Ce type a délibérément ignoré les risques imposés par la loi, il ne risque plus seulement trois ans de prison mais d'une récidive qui peut lui coûter la perpétuité. Mais mon père intervient, alors il pourrait lui-même être condamné et aider l'avocat de mon cauchemar à le défendre.

– Merci, Octavia...

Une main se pose sur mon épaule et je sens mon corps se tendre en reconnaissant cette main. Tout devient silencieux autour de moi alors que le corset invisible qui avait commencé à disparaître commence à me serrer plus fort que jamais.

Il y a un moment de battement durant lequel personne ne réagit.

Et je tourne la tête pour faire face à mon beau-père, épouvantée.

	Et je tourne la tête pour faire face à mon beau-père, épouvantée

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this is me trying || Amour SucréDove le storie prendono vita. Scoprilo ora