6. Désir d'amnésie (3/3)

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Incroyable mais vrai Chloé remontait dans mon estime.

– Tiens, dit-il en lui donnant sa tasse avant de se diriger vers Luc pour prendre place devant le fond blanc.

Chloé but une gorgée et ce geste intime de partager la même tasse me rappela que Dimitri allait devenir son mari. J'essayai de taire l'once de jalousie qui pointait son nez.

– Je suis pressée de voir ce que ça donne ! Et Luc m'a mise très à l'aise, bien joué Amanda, dit-elle en enfilant un pantalon sous sa robe.

– Oui il a beaucoup de tact et vous verrez que les photos seront parfaites.

– Excusez-moi un instant, je devais rappeler mes parents.

– Bien sûr.

Chloé extirpa son téléphone de son sac et le colla à son oreille. Je me tournai vers le photographe qui plaçait Dimitri. Luc semblait en difficulté, le modèle s'avérait trop crispé, trop formel.

– Dites-moi Luc, je ne capte pas bien, se désolait Chloé en levant son téléphone inutilement dans les airs.

– Oui, c'est galère depuis quelques jours, allez sur le balcon.

Chloé prit son manteau et longea la pièce pour rejoindre la porte-fenêtre. Luc était parti dans son bureau chercher un outil qui lui manquait. Dimitri était resté sur le tabouret, seul. Je venais vers lui.

– Vous n'aimez pas les photos, vous.

– Habituellement ça me va. Mais c'est la première fois qu'on me prend en photo chez un vrai photographe où je dois poser.

– Oubliez l'objectif, imaginez que c'est Chloé. Qu'aimeriez-vous qu'elle voit ?

Dimitri jeta un coup d'œil vers le balcon puis revint vers l'appareil photo. Son regard avait changé. Il me regarda en déclarant :

– Je veux qu'elle voie mon bonheur et aussi mon air désinvolte qui l'énerve parfois. Parce que de son propre aveu c'est ce qui l'a fait craquer au début.

Il souriait. J'espérais qu'il n'entendait pas battre mon cœur.

– Vous voulez rester naturel, donc.

– Voilà. Je ne veux surtout pas avoir l'air d'un mec au sourire de publicité pour dentifrice.

Et pourtant même ainsi il aurait été tout aussi intense. Etait-ce l'interdit qui me le rendait aussi attirant ou réellement son charme ravageur ?

Dimitri se repositionna sur le tabouret. Ses traits étaient détendus, sa mâchoire volontaire avec une fossette insolente que je lui connaissais si bien.  Je me permis un dernier conseil.

– Desserrez votre poing, remontez le bras sur votre cuisse.

– Si tu veux, fais mon boulot ! me taquina Luc, bon enfant en surgissant sans prévenir.

C'était à nouveau bienvenu, j'allais redevenir greluche en me perdant devant lui et Luc venait de m'arracher à son emprise.

– Il est prêt, répondis-je tout sourire.

Un courant d'air balaya nos visages. Chloé revenait dans la pièce.

– Allez Dimitri, on rejoint mes parents dans une heure.

– C'est largement suffisant. Pardon Amanda, mais c'est à Dimitri que je dois tirer le portrait.

– Oui, excuse-moi, balbutiai-je en rejoignant ma chaise.

Chloé retira son pantalon et défroissa sa robe, les prises photographiques en couple allaient suivre. Ce fut un moment clé. C'était difficile pour moi, de les voir enlacés, se jeter des regards complices. Dimitri murmura à son oreille, ses lèvres la firent frissonner. Luc, indifférent, multipliait les photos.

Ils sélectionnèrent ensuite six photos et Chloé laissa toutes les indications pour la réalisation finale.

– Je me charge du reste, dis-je en guise de salutation.

Le couple quitta l'appartement en premier et Luc me congédia gentiment après un dernier café.

Finalement, ça s'est plutôt bien passé. De la même manière qu'un oral qui venait de se terminer, j'étais fière d'avoir su gérer la situation. J'étais donc rassurée, heureuse d'avoir retrouvé mon aplomb et descendais avec euphorie l'escalier de l'immeuble. Je sortis mes écouteurs et lançais une musique rythmée. Dès lors mon pas s'accéléra, conquérant. Je gambadais comme un cabri sur les dernières marches, ouvris la porte d'un grand geste, un sourire affiché sur ma trombine. Mais l'élan se bloqua en même temps que la boucle de mon sac dans la poignée de la porte. Fichtre !  


Notes à moi-même :

1. Trouver avec Léo un alibi pour mes études au cas où Dimitri me le redemande.

2. Supprimer mon historique Shazam et oublier 50 Seconds of Summer.

3. Sortir ma valise de la cave. Enlever l'étiquette SNCF !

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant