12. Cours particulier (4/4)

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Je sortis dehors et resserrai mon écharpe, surprise par le froid. Je remarquai que Dimitri était assis sur les marches. Le pensant encore en ligne, je passai près de lui discrètement lorsque je me rendis compte qu'il regardait dans le vague, l'air abattu. Mon élan capricieux s'essouffla et je lui demandais :

– Dimitri, tout va bien ?

Il revint à la réalité, me regarda et son sourire si gentil, mais si triste aussi, s'afficha sur son visage.

– Oh, vous savez, les histoires de taf...

Je me permis de m'asseoir près de lui.

– Dure journée au boulot ?

Il sembla réfléchir, alluma une cigarette et répondit :

– C'est raide en ce moment. La concurrence, les clients de plus en plus durs à satisfaire.

– Je suppose que c'est beaucoup de pression.

– Ça fait partie du jeu. Enfin, la journée se termine mieux qu'elle n'a commencé. Merci encore d'avoir été ma cavalière, et une très bonne.

Je me gonflai d'orgueil.

– Vous allez faire un carton sur la piste.

Il me regarda, l'air étonné.

– Qu'est-ce qu'il y a ?

– Non, rien, rien.

Pourtant j'avais bien noté le froncement de ses sourcils. J'appelai un taxi et raccrochai aussi vite.

– La course est pour moi, dit-il.

Je pris son billet et le fourrai dans mon sac à main.

– Vous avez mal ?

Il lut l'étonnement sur ma tête et précisa :

– Votre nez.

– Non, plus maintenant.

– Bien.

Quelques secondes s'écoulèrent, il porta sa cigarette à ses lèvres, puis replaça sa montre avec sa main. Je me recoiffai. Nous étions à nouveau embarrassés par le silence. Mais lorsque le taxi approcha, j'aurais aimé l'annuler, rester encore avec lui.

– Avez-vous le temps de boire un verre ?

Sa question me foudroya. Elle était inattendue. Chloé devait sûrement l'attendre, Chloé aurait détesté entendre cette question. Et moi je commençais à me dire : Dimitri, pourrait-il vraiment la tromper ou a-t-il besoin de parler ?

Qu'allais-je lui répondre ?

Son téléphone sonna.

– Oui ? Oui. Non, je rentre à la maison, la réunion est terminée.

Chloé Desneiges venait encore une fois de sceller l'affaire.

– On se voit lundi, avec les traiteurs.

Avant de refermer la porte de mon taxi, il déclara :

– Au fait, ne dites pas à Chloé que je fume.

Le chauffeur redémarra. J'enfilai mes écouteurs et lançai une playlist où j'avais réuni les chansons qui avaient marqué ma jeunesse. La lecture aléatoire décida de diffuser Dreaming Out Loud de One Republic, sorti en 2007 alors que le single Apologize les révélait au grand public.

Une légère neige tombait. A bien réfléchir, cette soirée était parfaite.





Notes à moi-même :

1. Confirmer la présence des traiteurs.

2. Me recentrer sur le mariage.

3. Entrer en cure de désintox anti-Dimitri.

4. Ne pas oublier qu'il a au moins un secret pour sa femme (voire deux) ...   




La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant