23. Retour au pays (3/3)

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– Vous ne croyez quand même pas que l'on va entrer !

– Pourquoi pas ? On va prier pour une fenêtre mal fermée.

C'était très probable. Les fenêtres coulissantes étaient souvent refermées par des élèves distraits en fin de journée, et le loquet parfois oublié. Ce fut par une de celles du couloir des casiers que nous pénétrâmes dans le bâtiment. Il m'aida à atterrir plus gracieusement que prévu.

– Qu'est-ce que vous me faites faire...

Je n'étais pas du genre aventureux. Aller contre la loi, c'était impensable pour moi. Mais Dimitri était animé et sa présence suffit à me rassurer. Je ne pourrai plus jamais critiquer les filles qui faisaient des mauvais choix pour plaire aux garçons.

– Qu'est-ce qu'on risque si on se fait prendre ?

– Rien lorsqu'ils sauront qui je suis.

Ah, être riche...

Je détachai mon regard de lui et réalisai enfin où j'étais. Je ne rêvai pas, j'étais bien seule avec Dimitri Grévois, dans notre ancien collège.

Toutes les portes des classes étaient fermées à clé, nous ne pouvions que les voir en partie à travers la vitre du haut.

Passer devant la salle de Sciences, voir les microscopes alignés sur les paillasses me ramena aux cours de Travaux Pratiques avec Laura. Les dissections animales nous avaient dégoûtées. Je m'en amusai mais pris garde de ne pas me trahir devant Dimitri.

Tu es censée ne jamais être venue !

Nous marchâmes lentement en direction du hall, comme dans une promenade.

Peu de choses avaient changé, et c'était très bizarre ce que je ressentais. Malgré quelques signes du temps passé, nous marchions sur le même sol, regardions les mêmes murs et sentions la même odeur.

Dimitri était silencieux et observait les choses, comme s'il se trouvait dans un musée, celui de sa jeunesse.

Chacun de nous regardait les murs et panneaux d'affichage. Le principal du collège devait encore officier ici, à en juger par les activités qui s'y déroulaient encore.

Mais nous ne pûmes renier que nos années passées dans ce collège étaient bien révolues. Le CDI accueillait des ordinateurs à écran plat, mais surtout des photos récentes des cours de chorale, de théâtre ou de musique ne représentaient plus nos classes de l'époque. Je reconnus seulement la prof d'arts-plastiques qui avait pris un coup de vieux. Les autres élèves étaient modernes, leur coupe de cheveux et leurs vêtements étaient bien plus branchés que ce que nous portions au début des années 2000.

Un écriteau « Déposez vos smartphones dans le box à l'entrée » me fit sourire. A l'époque, pour se « parler numériquement » en cours nous ne pouvions que former quelques mots avec la calculatrice.

Dans le grand hall, nous aperçûmes une grande affiche pour le bal de la promo 2018. Mais je ne voulais pas penser à celle de mon année alors repartis vite vers d'autres photos pendant que Dimitri scrutait la vitrine sportive, et notamment celle dédiée aux équipes de basket-ball.

Mon cœur s'accéléra lorsque je me retrouvai devant un cadre. La photographie que le prof d'anglais avait prise de nous au retour de notre voyage à Londres était encadrée. Je déglutis avec peine, submergée par l'émotion. Cette photographie, je ne l'avais jamais vue, et Dimitri non plus à en croire son attitude lorsqu'il me rejoignit.

– Oh... Ils sont tous là...

En effet, nous pouvions voir Laura, Yohann, Paul ou encore Tiphaine. Il y en avait beaucoup que j'avais tout de même oublié, même au sein de notre classe.

Dimitri se rapprocha pour m'en citer quelques uns. Il me les montrait du doigt. Il termina par une fille timide qui regardait en dehors de la photo :

– ... et Amanda Laracello ici.

Il fallait que je dise quelque chose quant au fait d'avoir le même prénom. Je venais de penser que ce serait sûrement une réaction jugée normale :

– Comme moi, ce devait être quelqu'un de bien alors.

Non mais quand même, quel toupet j'avais. Je pensais cette histoire déjà dingue jusque-là, mais alors en ce moment, je me retrouvais quand même à presque quatre heures de Paris, illégalement présente dans notre ancien collège, sans qu'il ne capte encore que sous le maquillage j'étais cette Amanda là qu'il venait de me montrer. Qui croirait tout ça ?

Mais sa réponse me surpris :

– Elle avait l'air, oui, beaucoup...

Oh putain !

Il l'avait dit sérieusement, et d'un ton nostalgique. Okay, là je ne pas pouvais être plus sûre que ça : Dimitri m'avait donc remarquée. Il fallait que j'en sache plus :

– « Avait l'air » vous dites ?

Je ne sais pas si mon ton était assez détaché, mais l'effort de contrôle de moi-même était surhumain.

– Oui, en fait je ne la connaissais pas beaucoup. Mais elle avait l'air sympa. Un peu timide. Enfin... Je dois avouer, je crois qu'elle a été mon premier béguin.





Notes à moi-même :

1. Percer le mystère du voyage dans le temps.

2. Ecrire un jour toute cette histoire.

3. Manque de gros mots pour exprimer tout ça.

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MERCI car vous m'avez fait entrer sur le podium de la catégorie ChickLit !!!! (Encore du mal à y croire)

Je suis curieux, est-ce que vous avez des acteurs, actrices ou autres célébrités en tête lorsque vous imaginez les personnages de cette histoire ?

La cerise sur la pièce montée (édité)Where stories live. Discover now