7. L'effet barbe-à-papa (1/4)

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Le lendemain de la séance photo, je retrouvai Luc pour finaliser la réalisation des faireparts. Sur l'écran, les clichés en noir et blanc prêts pour impression défilaient. Je ne pouvais me détacher du portrait de Dimitri. Comment pouvait-on être aussi beau sans le savoir ? Son regard pénétrant, j'imaginais qu'il était pour moi. Je n'avais jamais réalisé à quel point nos aînés avaient raison lorsqu'ils affirmaient que le premier amour était inoubliable.

– Ils sont beaux, hein ?

– Oui, répondis-je. Alors celle-ci pour le médaillon à deux. Et sinon Chloé voulait celle-ci pour son portrait et celle-là pour Dimitri.

Luc sélectionnait les captures choisies tout en demandant :

– Tu ne veux toujours pas m'expliquer pour ton déguisement ?

– Je suis désolée, c'est compliqué et personnel. Je te raconterai plus tard, c'est promis.

Il se retourna, croisa ses bras fins devant sa poitrine et demanda :

– Ce n'est pas une caméra cachée au moins ? Genre émission « Patron Incognito » ?

– Non, pas du tout, pouffai-je. Ce n'est pas quelque chose de tordu non plus.

J'espérais me convaincre aussi en disant cela.

– Je ne peux vraiment rien te dire. Mais encore merci pour avoir joué le jeu, tu es bon acteur.

– Okay... Bien, vérifie une dernière fois les textes et je validerai la commande.

J'avais rédigé moi-même les écrits qui allaient figurer sur les deux autres médaillons, d'après les contraintes et les désirs de Chloé. Je relisais donc pour être certaine qu'aucune coquille ne s'était glissée :

Sur le deuxième médaillon :


Le samedi 23 juin 2018,

Chloé Desneiges et Dimitri Grévois se diront « oui ».

Ils vous veulent tous témoins de leur union.

La cérémonie aura lieu à 15h, dans un lieu secret.


Sur le dernier médaillon :


Parents ou Amis,

Faites vos valises,

Rejoignez-nous à l'hôtel Regina le vendredi soir

et embarquez dans notre aventure romantique.


Puis Luc rédigea la commande à envoyer à l'imprimeur. Pendant ce temps, je me replongeai dans le regard rieur de Dimitri qui apparaissait sur l'écran du deuxième Mac encore allumé. Une pensée extrêmement non professionnelle me vint à l'esprit, elle semblait inscrite à l'encre indélébile dans mon cerveau : « ça aurait pu être toi ».

Il fallait que je m'occupe mais c'était peine perdue. Je repensai au texto de Laura quand je lui avais envoyé la photo de Dimitri la veille au soir. « Il est carrément canon ! ». Bien sûr qu'il l'était ! C'était tout ce que j'aimais chez un homme, et en plus j'éprouvais les mêmes coups dans l'estomac que lorsque j'étais dans sa classe. Une réflexion en amenant une autre, je me mis à revivre la première fois où j'avais parlé de lui à ma meilleure amie.

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant