24. Le papier (3/5)

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Après ma douche, je décidai d'informer Dimitri. Je ne voulais pas l'entendre, ni imaginer ce qu'il faisait de son côté, lui aussi chez ses parents, à moins de deux kilomètres.

J'optai pour un texto :

« Bonjour Dimitri. Je ne pourrais pas vous raccompagner sur Paris, j'ai des engagements jusqu'au week-end. Pourrez-vous rentrer sans problème ?

Je vous revois la semaine prochaine.

Bonne journée,

Amanda. »


Je n'avais pas terminé de brosser mes dents qu'il répondit :


« Bonjour.

Oui, mon père me dépose à la gare cet après-midi.

Je vous remercie encore pour m'avoir emmené ici. Et c'était un bon moment hier avec vous.

Encore une fois, le jour où vous avez besoin de quelque chose, je serai là, n'hésitez pas.

A lundi.

D. »


Je supposais que répondre « C'est Amanda Laracello. Quitte ta future femme et épouse-moi ! » était à proscrire. Je rangeai le téléphone dans le tiroir de ma table de chevet et descendis rejoindre mes parents pour une balade autour du lac.

Ce séjour ferait partie de mes remèdes pour aller de l'avant et me porter jusqu'au mariage.

Les deux jours furent rythmés par des activités de détente et de discussions. J'en profitai pour enregistrer précieusement tous ces moments dans ma mémoire. Je faisais une cure de bons moments. Ma mère craignant qu'il vienne à manquer de nourriture, préparait des repas de rois. Je l'aidais en cuisine, mon père aussi.

Le soir, je fis plusieurs parties d'échecs avec lui. J'aurais dû prendre un peu de temps pour bosser sur les préparatifs du mariage mais je préférais faire une vraie coupure.

La veille de mon départ, ma mère et moi étions en train de préparer une recette lorsqu'elle me dit :

– Amanda, je ne sais pas grand-chose de ta vie sentimentale.

– Maman...

– Je sais que tu n'aimes pas en parler, je ne veux pas de détails, mais j'aimerais juste que tu saches que tu peux te confier à moi.

Comment font les mères ? Elles ont un radar, obligé. Malgré tous mes efforts, elle savait que j'étais triste, et que c'était la faute d'un homme.

– Tu sais, il n'y a pas grand-chose à dire, mentis-je. Puis, je suis grande maintenant, je n'oserais pas te parler des garçons comme avant. Mais merci.

– Comme avant ? Tu ne t'es jamais vraiment confiée. Je ne sais même pas quand tu as été amoureuse la première fois. Enfin, si, j'en ai vu les signes, mais tu n'as jamais dévoilé pour qui. Laura, le sait, elle.

– Maman, tu ne peux pas être jalouse de ma meilleure amie. En plus tu l'adores.

– Je m'inquiète, c'est quoi le problème ? Être toute seule alors que tu es si gentille... Je n'aime pas t'imaginer triste dans ton appartement.

– Mais je ne suis pas triste.

– Tu vois, tu ne veux pas te confier quand c'est sérieux.

– Je ne suis pas triste.

– Je suis ta mère.

– Être dans la joie, le bonheur et la dérision avec vous me fait du bien.

– Partager les peines rapproche aussi.

– Mais as-tu oublié ? Mon hypersensibilité, mes questions existentielles, mes angoisses scolaires, mes angoisses de la mort ?

– Non, je n'ai pas oublié. Mais tu nous confiais tout, sauf les sujets sur les garçons !

Ma mère se leva, essuya ses mains. Elle se persuadait que je devais lui parler de cette chose, preuve de mon amour indéfectible pour elle.

Oh, et puis après, pourquoi pas ?

– Tu veux savoir la première fois que je suis tombée amoureuse ?

Elle sourit d'un coup et se rassit plus près de moi, prête à recueillir la précieuse confidence.

Je lui racontai dans les grandes lignes l'histoire « Dimitri Grévois ». Elle écoutait, ravie, sans se douter qu'il était revenu dans ma vie. J'en arrivais vers la fin du collège :

– Te rappelles-tu du bal de promo ?

– Bien sûr, tu es rentrée complètement euphorique et excitée. Impossible que tu tiennes en place. J'ai cru que tu avais bu.

– Je vais te raconter pourquoi.

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant