21. Confession (1/3)

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Lorsque j'arrivai dans le service des urgences, j'avais bien dessaoulé. Inutile de préciser que mon stress était au niveau maximum. Plus qu'un stress, c'était de la peur. Elle serpentait dans la moindre cellule de mon corps.

Ne rien savoir, c'était terrible. Dans le taxi, j'avais eu le temps d'imaginer tous les scénarios possibles. Je regrettai de ne pas avoir voulu venir accompagnée. Mais qu'était-il arrivé à Dimitri ? Un saut en parachute qui avait mal tourné ? Un accident de voiture ? Un coma éthylique ?

Le service formait un « U » et bien entendu, je n'étais pas rentrée par le bon côté. A l'accueil, une infirmière me dirigea vers l'autre bout du couloir. Mon cœur battait dans mes tempes aussi vite que mes pas sur le sol.

Voulais-je vraiment savoir, maintenant ?

Derrière la porte vitrée, je ne tardai pas de remarquer Chloé. Elle avait gardé une écharpe rose façon Miss France et rouspétait auprès du personnel. Quatre autres jeunes femmes restaient derrière elle, parmi lesquelles se trouvait Gwen. Yohann et deux autres gars se tenaient non loin du groupe, l'un d'eux portait des bandages sur le bras et la tête.

Un accident, très certainement...

N'étant pas déguisée, je n'avais pas le champ libre. C'était pourtant bien le cadet de mes soucis à cet instant mais Chloé me l'avait bien rappelé par texto. Je l'appelai, elle dégaina son téléphone. Je lui annonçai que j'étais là.

Dès qu'elle me vit à travers la vitre de la porte, elle s'excusa auprès du groupe et me rejoignis.

– Alors ? demandai-je pendant qu'elle m'entraînait à l'abri des regards.

Une infirmière nous salua au passage mais nous ne lui répondîmes pas.

– Il va bien !

Deux ou trois secondes furent nécessaires pour analyser et comprendre sa phrase.

Enfin, je ne pus retenir un léger sanglot tant j'étais soulagée. Elle fut très touchée par cette manifestation et se permit de passer sa main sur mon dos. Je lui trouvai tout de même le visage fermé.

– J'ai cru que c'était vraiment grave... tu avais l'air si désespérée au téléphone.

– J'étais paniquée ! Je ne savais rien. Je venais juste d'arriver.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi il le garde ?

– Une bagarre a éclaté dans le bar où ils étaient. Il est en radiologie, pour sa main. C'est tout ce que je sais. J'ai insisté pour le retrouver mais ils m'ont dit qu'il reviendrait juste après avec le radiologue. Et les flics sont venus aussi.

– ... Ce n'est clairement pas la soirée que vous espériez tous les deux.

Je tamponnai mes yeux et souris.

– Ils ont essayé de me joindre plusieurs fois ! Finalement Yohann a réussi à avoir Gwen. Quand elle m'a passé le téléphone et qu'on m'a simplement dit que Dimitri était à l'hôpital, sans plus d'informations, je suis sûre que mon cœur s'est arrêté de battre...

Chloé vérifia de loin le groupe dans la salle d'à côté.

– En tout cas, merci d'être venue, Amanda. Ça me touche beaucoup, tu es une vraie amie. Tu peux rentrer chez toi, maintenant.

– Je peux rester quelques minutes par ici, si tu veux, le temps que tu en saches plus.

Le téléphone de Chloé sonna. En me penchant vers la vitre, j'aperçus Gwen qui la cherchait. Elle tournait comme une cruche autour d'elle alors qu'il était clair que Chloé n'allait pas apparaître devant elle soudainement, comme par magie. Elle lui annonça que Dimitri allait sortir. Maintenant que j'étais soulagée, je remarquai davantage ses amies avec qui elle avait passé sa journée et le début de soirée. Elles se ressemblaient toutes. C'était flippant.

Chloé marmonna :

– Finir à l'hôpital après un enterrement de vie de garçon...

Je m'étonnai de sa colère, surtout qu'elle ne connaissait pas les détails. Je savais qu'elle se comparait aux autres, « aux pauvres ». Dimitri Grévois n'était pas le genre d'homme à se retrouver à l'hôpital. Ça devait être épuisant d'être dans sa tête !

Yohann, Gwen et encore moins Dimitri ne pouvaient me voir. Je devais m'en aller.

– Je te tiens au courant, me dit-elle. Merci encore.

Sur ce, Chloé me fit la bise et s'en alla rejoindre le groupe, prête à accueillir Dimitri.

Mais qu'est-ce que je faisais là, moi ? Qui était là pour moi ? Chloé avait un groupe d'amis finalement. Moi j'étais reléguée au second plan, dans la pièce d'à côté, simplement à cause d'une lubie grotesque qui m'empêchait de montrer mon vrai visage.

Dimitri ne saurait jamais que je m'étais inquiétée pour lui. Que j'avais accouru pour voir s'il allait bien, sans porter aucun jugement.

Pourquoi Chloé m'avait fait venir ? Je la croyais seule, mais non. D'un autre côté, je n'avais qu'à pas envoyer ce message.

Je quittai les urgences, avec un goût amer en bouche, et un sentiment d'humiliation qui grandissait.

T'es trop conne, Amanda...

Il est temps une bonne fois pour toutes que tu lâches Dimitri.

Tu n'es rien.

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant