17. Complications (2/3)

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Finalement, ce rendez-vous se révéla peu fructueux. Mais en réalité, c'était parce que tout avançait bien, à son rythme et que sans vouloir me la jouer, je m'en sortais bien, aussi grâce à mes prestataires.

– Bien, c'est l'heure pour moi de rentrer, dis-je alors que le ciel s'assombrissait.

– Oh, restez encore un peu Amanda ! Prenez un verre avec moi.

Il était presque dix-neuf heures, et j'avais plutôt envie de rejoindre mon appartement, ôter mes chaussures inconfortables, enfiler un jogging et faire du gras devant Netflix. Mais mon cerveau n'était plus si rapide pour prétexter une excuse sans qu'elle sonne faux, le temps d'attente de réponse était trop long pour pouvoir être crédible si je refusais.

Je reposai mon sac et Chloé frappa dans ses mains, pour signifier son bonheur, un geste qui la rendit enfantine. Elle servit deux Martini. Je m'excusai :

– Où puis-je me rafraîchir ?

Chloé posa les verres et m'emmena jusqu'à la salle d'eau.

Ces quelques secondes seules me permirent de recomposer une tête plus enjouée. Je me lavai les mains et tombai sur le pot à brosses à dent. Ce signe d'intimité me rappela que je n'étais pas la bonne fille dans l'histoire. Je refusai de contempler plus longtemps le moindre objet appartenant à Dimitri et rejoignis Chloé au salon.

– On trinque ?

– Oui, à votre santé !

– On pourrait se tutoyer, non ? Ce serait mieux ?

N'étant pas partisane du vouvoiement, j'aurai accepté sans broncher. Mais là, il s'agissait de Chloé Desneiges.

Ce n'est pas ta pote...

– D'accord.

Nous bûmes une gorgée et je décidai de rompre le silence.

– Et sinon, votre travail se passe bien ?

– Oui. Je supervise de loin ces derniers temps. Les immeubles se vendent tout seul.

Je n'imaginai pas vraiment Chloé dans le monde de l'immobilier. Pourtant, elle avait plus que réussi.

Une question me brûlait les lèvres, je voulais lui demander pourquoi elle m'avait demandé de me dissimuler devant son futur mari. Poser la question était un risque énorme... Comment allait-elle le prendre ? Sa réponse allait soit confirmer sa jalousie et la mettre dans une position qui ne lui plairait pas, ou bien sa réponse risquait d'égratigner l'image que j'avais de Dimitri, chose que JE n'aimerais pas, et elle non plus d'ailleurs puisque c'était admettre qu'elle acceptait un mariage aux bases branlantes.

De toute façon, je n'eus pas le temps de me dire qu'il valait mieux me taire, car Chloé décrocha son téléphone :

– Oui, mon chéri... Oui.

Elle devint blanche comme mon Tipp-Ex.

– Ah... Très bien, dit-elle en feignant l'enthousiasme.

Elle jeta son téléphone et courut jusqu'à la baie vitrée.

– C'est Dimitri ! cria-t-elle.

Pendant deux secondes, je ne compris pas sa panique et voulus répondre :

– Très bien, il trinquera avec nous.

Mais elle courut jusqu'à moi  et m'aida à me relever bien que j'étais sur un tabouret standard.

– Son train pour Bordeaux a été annulé ! Il partira demain et rentre à la maison. Il m'appelait du bout de la rue !

J'étouffai un juron et ramassai mes affaires. Chloé se précipita sur le canapé et lança mon sac dans mes bras.

– Vite, par le jardin derrière !

J'eus juste le temps de voir Dimitri remonter l'allée à pied, le taxi l'avait déposé au portail et faisait demi-tour.

– Qu'est-ce que je fais ?! piaillai-je.

Chloé ouvrit la porte-fenêtre de leur chambre.

– Il ne doit pas vous voir, vous m'entendez !

– Oui, je sais !

Sauf que l'intégralité de la maison était cerclée de grandes vitres et que le jardin était quasiment nu.

– Je vais l'occuper pour faire diversion !

La porte d'entrée s'ouvrit. Chloé chuchota :

– Jusqu'au garage, là, et ensuite au portail.

Ces deux étapes qu'elle me montrait devraient suffire à me faire gagner la sortie sans être vue.

– Bébé ?! appela Dimitri au loin.

– Vite.

Elle referma derrière moi.

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant