19. Masques (2/3)

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J'étais submergée de symptômes qui m'alarmaient : cœur qui palpite, tremblements, sueurs froides et pression sur la poitrine. Mes jambes ont cédé lorsque je me suis approchée d'un strapontin. Un usager se permit de me demander si j'allais bien, je marmonnai que oui mais il me surveilla du coin de l'œil pendant que je peinais à retrouver ma respiration. Je restai la joue collée contre la vitre.

Ensuite, je ne me rappelai pas du trajet que j'avais fait pour rentrer chez moi. Me revenait seulement en mémoire le message que j'avais envoyé à Laura, lui demandant de venir en urgence.

Ma meilleure amie vint donc à la rescousse, alarmée par ce message de détresse. Elle me retrouva dans le salon. Dès qu'elle entra, je lui sautai dessus :

– Qu'est-ce que je dois faire ? Qu'est-ce que je dois faire ? Dimitri m'a vue, il m'a vue !

– Calmos !

Elle posa délicatement ses mains sur mes épaules pour me faire asseoir, puis posa son manteau et son sac sur l'accoudoir.

– Reprends depuis le début.

Je lui expliquai l'après-midi que je venais de vivre. Ses yeux expressifs s'arrondissaient ou s'étrécissaient, tout comme sa bouche, à mesure que sa surprise s'exprimait.

Finalement, elle déclara :

– Ça pue, Amanda. Vraiment, cette histoire, ça pue.

– Je sais, c'est une histoire de dingue ! dis-je en me prenant la tête dans les mains.

– Tu es certaine qu'il ne t'a pas reconnue ? Je veux dire, en tant qu'Amanda, organisatrice de mariage ?

– Non, le maquillage est parfait... Vraiment on le roule dans la farine depuis le début. Maintenant je culpabilise. Je vais devoir tout arrêter...

– Respire. Peux-tu annuler ton contrat ?

– Je... oui, mais... si je lui fais ça...

Annuler après tous ces efforts les prestataires, lâcher Chloé et Dimitri, cela me semblait terrible.

– Non mais, là, t'es dans le mal, Amanda.

– Je ne déprime pas non plus, c'est juste que je ne vais pas tenir plus longtemps avec tous ces mensonges.

– Jure-moi que tu ne vis pas ce mariage par procuration. Pourquoi t'engages-tu autant dedans ?

– Laura, c'est mon boulot. J'adore mon job ! Et je suis en train d'organiser mon meilleur mariage, et de loin.

– Oui, sauf qu'on parle de Dimitri Grévois. Tu vas virer schizophrène... Je ne vois qu'une solution alors, si tu acceptes de continuer.

– Laquelle ?

– Dis au moins à Chloé que tu le connais, qu'il était dans ta classe. Rien d'autre.

– Bien sûr, je ne suis pas folle !

– Parce que si elle apprend qu'il connaît ton vrai toi, elle ne va rien comprendre. Jalouse, parano et seule comme elle est, tu vas morfler ! Ça va se retourner contre toi.

J'étais clairement du même avis. Cela n'arrangerait pas tout, mais à ce stade, embourbée dans la merde, valait mieux être en bonne entente avec Chloé, celle par qui tout était finalement arrivé.

La sonnerie de mon appart retentit, puis quelqu'un frappa à la porte. 

– C'est peut-être Anne, je lui ai dit que je passais chez toi.

– Vas-y, entre ! claironnai-je sans bouger.

Mais on frappa à nouveau. Je m'en allai ouvrir et me retrouvai face à Chloé Desneiges.

Merde !  La totale !

– Alors comme ça il te connaît ? explosa-t-elle en entrant sans permission.

Merde ! Elle sait !

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant