11. La valse des résolutions (2/3)

11.5K 1.4K 80
                                    







Ce n'était pas une mauvaise idée, c'était tellement fatiguant de devoir se parler dans ce bruit. On devrait écrire plus souvent dans les boîtes. A tour de rôle, la serviette passait entre nos mains. Marion était chargée d'écrire les questions et une fois sur deux, Laura et moi les réponses. Enfin, nous lûmes en même temps le résultat de nos phrases incohérentes :

1. Pourquoi la neige est tombée hier ?

Parce que tu pues.


2. Pourquoi le gars derrière moi danse comme un dindon ?

Parce qu'une heure est égale à soixante minutes.


3. Pourquoi demain n'est pas aujourd'hui ?

Parce que mon dentiste couche avec sa secrétaire.


4. Pourquoi les taureaux ont des cornes ?

Parce que ma mère en tongs a mal aux pieds.


Hommes et femmes, indifférents à nos éclats de rire, dansaient sur la piste maintenant bien bondée.

Laura reprit son souffle et demanda :

– Bon, y'a pas un mâle qui t'intéresse ?

– Allez, Amanda, il te plaît pas Jean-Charles de la Belle Frange ?

Marion me montrait un grand blond en chemise blanche dont la mèche couvrait et découvrait les yeux en rythme avec son déhanché complètement ridicule.

Je souriais à Marion, montrant que j'avais saisi son ironie. Laura devina mon malaise. Elle capta que je ne voulais vraiment pas parler de mecs ce soir et proposa enfin de nous emmener sur la piste.

Mais la deuxième heure dans la boîte passa bien plus longuement. Laura restait la plus enthousiaste, guidée par la musique et se déhanchant. Puis enfin, comme du miel avec les abeilles, des jeunots vinrent autour de nous pour danser collé-serré. Je dus m'y reprendre plusieurs fois pour dégager un espace de décence entre eux et nous. Marion montra les poings et ils n'insistèrent pas et s'en allèrent vers un groupe de jeunes femmes bien plus amicales et tactiles que nous.

Les enceintes crachaient une musique qui ne nous emballait vraiment plus. Laura ne pouvait plus boire, puisqu'elle conduisait, Marion en avait assez vu et était blasée de voir cette faune s'agiter dans tous les sens et j'étais claquée. Deux heures à l'intérieur furent donc bien suffisantes et nous n'avons pas bronché lorsque Laura nous a demandé si on pouvait partir.

Avant de quitter la salle, un des jeunots qui voulaient danser avec moi eut l'imprudence de me palper les fesses. J'envoyais une volée qui le cloua au sol, sûrement grâce aux verres qu'il avait dans le cornet et non avec ma force herculéenne.

– Et sur ce, bonne fin de soirée !

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant