26. Cérémonie (4/4)

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Les mariages, cette effervescence qui règne, ses paroles échangées à la va-vite, tous ces gens à voir, à qui parler, c'était pareil à chaque fois.

Enfin, la voiture de collection se fit entendre. Smartphones et appareils photographiques furent brandis en l'air et l'armée chapeautée s'avança sur les graviers.

Les petites filles en robe trépignaient d'impatience de découvrir la mariée. D'abord, ils s'extasièrent sur la voiture et enfin ils retinrent leur souffle alors que le chauffeur ouvrait la porte. Chloé, souriante, se pencha pour sortir du véhicule.

Des « wouah » furent entendus.

Aucun doute là-dessus, je savais que son entrée serait réussie, tout comme les invités. Cette femme faisait toujours les choses en grand. Elle avait l'allure des princesses, la grâce des actrices. Les pierres de sa robe étincelaient sous le soleil. L'image de Kate Middleton sur le parvis de l'Abbaye de Westminster me vint à l'esprit.

Dimitri aussi fit son effet, en tout cas, moi je résistai pour ne pas rester fixée sur lui, la bouche ouverte comme un merlan frit.

– Oh mais qu'est-ce qu'ils sont beaux ! déclara Madame Desneiges pour bien que tout le monde entende.

Quelques invités venaient les féliciter, s'extasiaient de leur look parfait. Je m'approchai alors que Chloé parlait à deux amies. Je n'oubliai pas de consulter l'horloge : un léger retard.

– Mademoiselle Desneiges, je peux faire rentrer les gens ? demandai-je.

– Faites, oui, bien sûr ! dit-elle sans me regarder. C'est l'organisatrice, expliqua-t-elle comme s'il fallait expliquer mon « intrusion » dans ce moment.

Apparaître avec elle sur les photos et vidéos de ce moment ne devait pas lui plaire, cela ne faisait pas partie de son scénario.

Respire, Amanda, ce n'est rien.

Je m'éloignai et annonçai :

– Mesdames, messieurs, si vous voulez bien vous diriger vers l'intérieur.

Le maire réitéra lui-même la demande, précisant que la cérémonie allait commencer.

J'avais dû mal à réaliser. Tandis que la mairie se remplissait, les bancs des mariés bien distincts les uns des autres, je compris que j'y étais.

Le premier rendez-vous avec Chloé en février semblait loin. Tout le travail accompli allait porter ses fruits. J'aurais voulu que Laura soit à mes côtés.

Comme si nous avions un lien psychologique, elle m'envoya un message pile à ce moment-là, se rappelant bien des horaires prévus. Deux émoticônes : un baiser et un soleil.

Laura, si tu n'existais pas...

Dimitri Grévois entra et l'assistance se tut. La musique de Gwen fut lancée. Dans mon champ de vision, je vis Chloé encore à l'extérieur qui entendant les premières notes regarda sa meilleure amie en portant sa main sur sa poitrine et ouvrant sa bouche comme si c'était la plus belle surprise du monde. Quel cinéma !

Monsieur Desneiges emmena alors sa fille. Il baisa sa main et la laissa à côté de Dimitri. Elle souriait, épanouie et lui lança un clin d'œil. Luc photographiait chaque instant.

Monsieur le Maire nous invita à s'asseoir et commença son discours.

– En tant qu'officier de l'état civil, c'est toujours avec honneur et plaisir que je reçois sous le toit de la République, les futurs époux qui ont choisi la voie de l'engagement...

Je n'écoutai que vaguement, préférai me mettre dans une bulle.

Ne regarde pas Dimitri, ne le regarde pas...

Me concentrer sur la suite, ne pas flancher...

Mon cœur battait un peu plus vite, à mesure que l'émotion s'emparait aussi des deux mères. Puis deux petites demoiselles d'honneur amenèrent les alliances.

Alors le maire déclara, solennellement :

– Chloé Desneiges, consentez-vous à prendre pour époux Dimitri Grévois ici présent ?

– Oui, je le veux.

Il se tourna vers Dimitri, que je n'avais pas quitté du regard :

– Dimitri Grévois, consentez-vous à prendre pour épouse Chloé Desneiges ici présente ?

Il y eut un silence. Chloé tourna la tête, vers lui, puis vers la salle.

– Dimitri ? chuchote-t-elle, angoissée.

Le maire reposa sa question :

– Dimitri Grévois, consentez-vous à prendre pour épouse Chloé Desneiges ici présente ?

...

Je retins mon souffle.

A quoi pensait-il à cet instant ?

Pourquoi n'arrivait-il pas à prononcer ces mots ?

Je le revoyais à Manèves, dans le collège me faisant sa confession. Et je me pris à espérer quelque chose.

On entendait les mouches voler.

Puis, sa voix grave balaya tout :

– Oui, je le veux.

– Par les pouvoirs qui me sont conférés et au nom de la République, je vous déclare mari et femme. Vous pouvez embrasser la mariée.





Notes à moi-même :

Aucune note



The Thing About Love, Matt Terry

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant