12. Cours particulier (1/4)

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Dans le taxi qui volait vers le studio de danse, je ne faisais pas la fière. Plus nous approchions de ma destination, plus mon estomac se tordait. C'était vraiment la merde. J'avais été engluée entre mes obligations professionnelles, mon envie de bien faire et mes sentiments. Je n'aurais pas pu refuser la demande de Dimitri et pourtant il aurait mieux valu car je m'apprêtais à franchir la ligne interdite.

Dès qu'il avait raccroché, je m'étais pris les pieds dans le tapis à me précipiter pour rejoindre la salle de bain. Réflexe inutile puisque vérifier mes cernes et ma coiffure était ridicule : il fallait que j'arbore mon autre visage. J'appelai Marion en catastrophe et me précipitai chez elle, ma veste à peine sur les épaules.

Marion n'avait fait aucune réflexion, devinant mon appréhension de le retrouver. Dans ma précipitation, je n'avais pas vraiment eu le temps de choisir ma tenue. En fait j'étais partie avec celle que je portais chez moi : un pull bleu clair et un legging noir. Elle me prêta un gilet très long que j'enfilai par-dessus.

– Marion, je vais annuler, il va s'en rendre compte...

– Mais non. Tu n'as plus confiance en mes talents ?

– Si, mais on va danser la valse tous les deux pendant une heure ! Il sera à moins de vingt centimètres de mon visage ! Oh, je vais vomir.

Mais ma jeune amie avait plus d'un tour dans son sac et son esprit vif trouva une parade astucieuse. Elle colla un pansement sur mon faux nez.

– Okay, là c'est pas glorieux mais au moins le problème est réglé.

Les miroirs renvoyèrent mon image. Le sparadrap blanc recouvrait presque tout.

– Et je répondrais quoi quand il me demandera ce que j'ai eu ?

– Que ça ne le regarde pas !

– Non, mais sérieusement ? Qu'il est cassé ?

– Non, ça m'obligerait à t'en refaire un autre, et tu devrais expliquer comment ça t'es arrivée. Tu diras juste que tu sors de chez ton dermato.

Marion termina de me maquiller en un temps record et le taxi qu'elle avait eu la gentillesse de réserver se présenta à l'heure. Je la remerciai chaleureusement.

– On pourrait dire que tu es ma marraine la fée.

– Oui, bah je t'envoie au bal et Cendrillon a pris cher ! marmonna-t-elle. Bon, tu me tiens au courant, mais demain car je vais me coucher, j'ai fait nuit blanche.

Apparemment ma vie était devenue passionnante. Laura, Anne, Leo et maintenant Marion tenaient à connaître les nouvelles péripéties de mon aventure rocambolesque avec le couple et plus précisément le bel Apollon qui le composait. 

A bord du taxi, je regardai ma montre. Dimitri devait être déjà arrivé et d'après mon application Google Maps, je serai au pied du studio de danse dans moins de dix minutes. Le chauffeur était beaucoup trop rapide. Les feux étaient verts et la circulation fluide, ça n'arrivait jamais ça ! J'inspirai profondément pour calmer mon agitation.

Le problème n'était pas tant de me retrouver seule avec lui maintenant, le problème était cette proximité, cette intimité qui allait nous lier. Plus j'y pensai, plus mes mains devenaient moites. Je les essuyai sur mon gilet. Comment allais-je réagir à son contact ? Allait-il ressentir ma tension ?

Je devais retrouver mon calme. Dimitri allait me toucher mais ça n'allait pas être la première fois. Mon esprit vagabonda jusqu'au mois de mai lors de ma dernière année au collège...

La cerise sur la pièce montée (édité)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant