3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)

Chapitre 3

Masque rouge. Non, ce n'est pas une coïncidence... Ce serait trop facile... mais si...

- Lena ?

Clignant des yeux, je réintègre le présent et me rends compte que, dans toute sa sollicitude, Stevan me fixe depuis quelques minutes, inquiété par mon soudain mutisme. Masquant mes pensées par un faible sourire, je me racle la gorge en tentant de passer à autre chose.

- Ce n'est rien...

- Tu es sûre ? Tu as l'air de t'être pris un uppercut en plein estomac.

Je ricane, camouflant davantage mes états d'âme alors que nous dévalons la pente menant au repère des loups.

- Oui, oui... C'est juste que je manque de sommeil.

Stev ignore que mes cauchemars se poursuivent ici, mais je ne peux pas tout lui cacher. Alors, il sait que je dors peu et ce que je fabrique durant mes nuits d'insomnies. Et comme il a conclu que taper dans un sac était plus bénéfique que pleurer tout mon soûl sous la couette... Il ne dit rien. C'est pourquoi il n'insiste pas, et me laisse tranquille. Nous arrivons dans la grotte, et les sentinelles nous lorgnent d'un mauvais œil. Comme d'habitude.

Cependant, je note que l'une d'entre elles nous adresse un léger signe de tête. Nous échangeons un regard avec Stev, satisfaits de voir que notre travail porte petit à petit ses fruits. Avec un peu de chance, dans peu de temps, tous les loups auront accepté notre présence. Nous pénétrons dans un couloir animé et je ne peux m'empêcher de regarder mon meilleur ami avec une lueur d'espoir.

Si Lissa a raison, s'il s'agit bien de Saveli... Je peux peut-être parvenir à retirer le lien. Celui qui fait souffrir Stevan tous les jours. Si Saveli accepte de m'aider... Je pourrais sauver son neveu d'une détresse sans fin. L'espoir gonfle mes poumons et je souris au vampire. Cela fait beaucoup de « si » et de « peut-être », mais souhaitons que cette fois-là, la chance soit de mon côté.

Nous sommes nombreux dans les boyaux interminables et assez étroits du repère de Bregolas, sans que cela soit choquant. À cette heure-ci, tout le monde part déjeuner ou poursuit ses tâches journalières. Ici, pas de place pour les flemmards. Chacun se doit de participer à l'effort général, et il en va de même pour les invités. Au cours de ces derniers jours, je me suis ainsi retrouvée à donner à manger, apporter de l'eau ou partir en surveillance avec la patrouille.

Étant plus à l'aise dans cette dernière mission, je suis souvent de la partie lors des chasses au crépuscule, ce qui enchante au plus haut point mes montures. Asman et Duman ne supportent pas d'être enfermés, obligés de vivre dans des box. Ils sont faits pour l'extérieur et les conditions difficiles, mais je ne peux décemment pas les lâcher alors que nous sommes censés être discrets. Deux chevaux noirs sur un sol blanc ne passent pas forcément inaperçus.

Donc, nous nous adaptons tous et nous nous plions au rythme de vie. Ça a au moins l'intérêt de nous faciliter l'insertion. À voir Stevan récolter des pommes de terre, les enfants ne le trouvent plus si inquiétant que ça. Les quelques humains de la meute ne rasent plus les murs en nous avisant. Quant aux loups, si certains sont encore récalcitrants, d'autres montrent l'exemple en venant manger à notre table.

- Tu entends ?

Stevan me sort de mes pensées et je tends immédiatement l'oreille, sans percevoir quoi que ce soit d'anormal. Face au sourire de mon meilleur ami, je ne suis pas inquiète le moins du monde.

- On se bat ! s'exclame-t-il, déjà survolté par l'odeur de la sueur et le bruit des combats. La salle d'entraînement n'est pas loin, on va jeter un coup d'œil ?