3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)

Chapitre 12

C'est ainsi que commencent mes cours intensifs avec Brakon. Et intensifs, ils le sont. Les cours que Markel a pu me donner dans la forteresse d'Isidore étaient exténuants... mais ceux du loup dépassent de loin ces entraînements-là. Ils sont abominables, surtout pour quelqu'un qui haïssait le sport au lycée. Mais Brakon n'avait pas menti : il est en train d'améliorer ma technique.

Deux semaines passent, sans que rien d'autre se produise que ces foutus entraînements. Brakon est avare de compliments, mais j'arrive petit à petit à dompter la bête. Bien que je ne sache rien de plus sur ce personnage, j'apprends à le connaître dans son travail et dans sa manière de transmettre son savoir.

Assez étonnamment, il n'a pas le caractère impulsif que tous les loups-garous semblent avoir. Mise à part lorsqu'il a voulu se battre contre Stevan, je ne l'ai jamais vu sous un autre visage. Il est constamment calme, et prêt à expliquer plusieurs fois de suite chacune de ses actions, sans s'énerver ou même s'agacer. Bien qu'il crie sur ses guerriers lors des entraînements de groupe, il ne le fait jamais sous la colère, mais uniquement pour motiver davantage les lycanthropes, qui, peu réactifs aux stress en temps normal, le sont face à un Brakon haussant le ton.

J'apprends énormément et me sens plus forte de jour en jour. Ma surprise est totale lorsque je me rends compte que les exercices que j'effectuais difficilement en début de semaine sont aujourd'hui beaucoup plus aisés à réaliser. Rien d'étonnant à en croire mon entraîneur. Mon corps est seulement devenu plus endurant et plus puissant. La magie qui circule dans mes veines n'y est pas étrangère et joue un rôle majeur dans mes progrès. Réciproquement, la rage qui m'habitait est aux abonnés absents et les cauchemars ont diminué en intensité. Je peux de nouveau respirer.

Mais ma vie n'est pas pour autant un long fleuve tranquille. Si Stevan et Bregolas me tiennent éloignée de leurs décisions, je sens que quelque chose se prépare. Je n'ai pas reparlé à Dimitri. Chaque jour, je me lève dans l'idée de briser la glace et d'aller le secouer jusqu'à ce qu'il me confie tout. Je n'ai pas besoin de l'entendre dire qu'il m'aime. Je le sais. À sa façon, il a toujours veillé sur moi et continuera à le faire. Il m'a blessé, et il me blesse encore, mais seulement parce qu'il s'interdit de tout m'avouer. Et c'est bien ça qui me retient. Je suis courageuse, mais peut-être pas assez pour encaisser ce qu'il masque.

Une ombre qui terrifie autant Dimitri ne devrait peut-être pas être révélée. C'est ce qui muselle mon impatience et me retient de tout casser dans les tunnels. Ça et la peur de devoir expliquer le résultat de ma colère à Elin. Et puis... Je sais que Stevan et Dimitri se sont entretenus durant un long moment. D'après Dérius, mon espion infiltré, ils ne se sont pas disputés, mais ont juste discuté calmement. Une première depuis... fort longtemps. J'ignore tout de leur conversation, même si je suis bien au fait du sujet principal.

Pour l'heure, je n'ai pas osé en parler avec mon meilleur ami. Je me suis donc uniquement appuyée sur les dires de l'hybride, qui me confie ce qu'il peut, veillant à respecter le fameux pacte d'amitié établi avec Dimitri. Sa loyauté va au vampire, mais j'ai, depuis quelques jours, pu noter un rapprochement entre lui et moi. Le fait qu'il connaisse mon secret jouant dans la balance, bien évidemment. Passé la surprise de la découverte, l'hybride trouve particulièrement drôle de faire des commentaires que je suis seule à entendre. Sauf lorsque Bregolas est dans les parages. Bregolas qui ignore encore ce que je cache.

Ce n'est pas que j'ai peur de sa réaction, mais plutôt qu'il n'a pas de temps pour moi. De plus en plus de loups débarquent ces derniers jours, des quatre coins de la terre, et Bregolas reçoit chaque alpha avec un plaisir manifeste. Ils viennent rejoindre son combat en lui prêtant et main forte et allégeance. De quoi avoir un ego surdimensionné, même si je ne doute pas un instant que Bregolas saura gérer. Jusqu'à présent, il a su supporter la foule et les applaudissements avec un contentement à peine retenu. C'est ce qui fait son charme, à ce sacré loup. Il ne sait pas cacher ses émotions.