Chapitre 20

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En pénétrant dans la pièce, je découvre que, si le niveau sonore a diminué, il n'est pas non plus revenu à la normale. Et mon arrivée suscite de nouveaux cris et grognements, que Bregolas peine à contrôler. Faisant fi des regards haineux dont me gratifient la plupart des alphas, je cherche instinctivement Dimitri des yeux, mais trouve Stevan à la place. La quantité d'informations emmagasinées plus tôt me pèse et rencontrer les traits calmes de mon ami a le don de m'apaiser. Il dépose ses lèvres sur mon front avant de planter son regard dans le mien.

- Comment vas-tu ?

Quelques réponses me viennent à l'esprit et il doit les entrevoir, car un sourire amusé apparaît sur ses lèvres. Puis j'opte pour des excuses sincères, préférant courber l'échine plutôt qu'affronter une armée d'alphas remonter comme des pendules. En soi, je ne peux pas leur en vouloir. J'aurais agi probablement pareil si des parfaits inconnus avaient soudainement pété un câble à côté de mon souverain.

- Ça va. Heu... Je suis désolée d'avoir... fait ce que j'ai fait.

Mon meilleur ami acquiesce puis m'ébouriffe les cheveux et me touche affectueusement la joue. Non, pas affectueusement, amoureusement. Son besoin de contact me démontre qu'il s'est vraiment inquiété pour moi. Et pas comme un ami devrait l'être.

- Ne t'en fais pas, va, me chuchote le prince. Ils cherchaient tous une excuse pour exploser de toute manière. Tu as juste été la goutte d'eau faisant déborder le vase.

- Et Akim ? demandé-je, le corps soudain tendu.

- L'appel a pris fin dès que j'ai pu attraper le portable et le rassurer sur ton sort. Nous avons un autre coup de fil demain soir, à la même heure.

- Et... pour Vadim ?

Une ombre passe sur son visage, avant qu'il ne me gratifie d'un pâle sourire. Le mien doit être pire.

- Nous trouverons une solution.

- Comment ? Aux dires d'Akim...

- Je trouverai une solution, murmure Stevan en me serrant contre lui.

Je soupire, la bouche contre sa chemise entrouverte, et reste ainsi jusqu'à ce qu'un raclement de gorge nous interrompe. Je m'arrache à son étreinte et me retrouve face à la mine soucieuse de Brakon. Le loup m'observe un moment, m'examinant des pieds à la tête à la manière de l'entraîneur qu'il est. Il vérifie que son apprenti se tient toujours sur ses deux pieds et est toujours en état de se battre.

Rien de chaleureux dans son regard ne transparaît. Là n'est pas son rôle et il le sait. Brakon est le parfait soldat, maître de lui-même et capable de ranger la moindre de ses petites émotions dans un tiroir bien ordonné de son esprit. Je me demande parfois s'il n'est pas tout simplement un cyborg.

- Décidément, tu as la fâcheuse manie de te faire remarquer...

Sa voix est basse, presque douce si l'on omet le reproche sous-jacent. M'étant depuis habituée à sa nature autoritaire, je m'excuse une nouvelle fois, ce qui le satisfait tout à fait. Pour lui, je ne suis rien de plus qu'un soldat récalcitrant. Être son élève ne me place pas plus haut dans son estime.

- J'aime mieux ça. Maintenant, remets tes fesses sur ton siège, la réunion n'est pas terminée. Prince, ajoute-t-il à l'intention de Stevan, si vous le voulez bien...

Il l'invite silencieusement à faire de même d'un geste de la main et je grogne en voyant ses manières avec mon ami. Moi, je peux me brosser pour un compliment, mais pour Stevan, il déroulerait le tapis rouge... Obéissant bien sagement malgré cette injustice, je prends place dans mon fauteuil, Stev à ma droite, tandis que les autres alpas nous rejoignent autour de la table, de bien plus mauvaises humeurs que nous.

3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant