Chapitre 42

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Je renifle encore lorsque nous faisons entrer les chevaux dans les stalles. Asman, particulièrement sujet à mes humeurs, émet un faible hennissement et je le rassure en le caressant doucement, tentant de faire abstraction du chagrin qui m'étreint la poitrine. Je déteste les au revoir. Définitivement.

Dire au revoir à l'équipe de patrouilles m'ayant accueilli comme si j'étais l'une des leurs fut déjà assez pénible. Rajouter Zéphin et Évelyne tout autant en pleurs que moi a failli me faire rebrousser chemin. Et quand Elin m'a serré contre elle à m'étouffer, j'ai cru que je n'aurais jamais la force de monter sur Duman.

Pourtant, j'ai tenu et je n'ai pas protesté lorsque Saveli nous a annoncé que nous avions une heure de route jusqu'à l'aéroport. Bregolas et ses sujets nous ouvrant la marche, nous n'avons pas mis longtemps pour atteindre notre but. Dès notre arrivée, nos chevaux ont été pris en charge afin de les placer dans des stalles, de les peser, puis de les embarquer dans le gros avion nous attendant sur la piste. N'ayant pas besoin de groom pour assurer le voyage, nous nous contentons d'une dernière caresse avant de rejoindre le compartiment des voyageurs à deux pattes. Asman, de nature plus nerveuse, observe tout ça d'un drôle d'air en ronflant. Bregolas passe non loin de moi et vient me presser l'épaule en apercevant mes yeux rougis.

-              Tu les reverras, me promet-il en me souriant doucement.

-              Je n'aime pas les adieux, ronchonné-je avant de changer de sujet. Pourquoi ne sommes-nous pas passés par ce petit aéroport à l'aller ? C'est quand même plus rapide.

-              Nous sommes dans mon aéroport privé. Si l'on avait pris ce mode de transport, tout le monde aurait appris mon arrivée. Or, je voulais rentrer discrètement chez moi.

-              Ouais, je comprends mieux. Calme, bonhomme !

Le jeune hongre, pas rassuré pour deux sous, me donne deux coups de tête dans mon bras, m'encourageant à le caresser. Dans le compartiment d'à côté, Duman mange tranquillement son foin sans se soucier de l'agitation autour de lui. Qui aurait dit qu'une heure plus tôt, il a fallu cinq loups pour le traîner de force dans ce vilain coucou, que l'étalon refusait d'approcher ? Asman, lui, n'a montré son anxiété que lorsque les parois de sa stalle se sont refermées sur lui.

Les autres chevaux ont également été récalcitrants, mais après deux heures d'acharnements, nous avons tous réussi à les faire entrer. Bregolas me fait un signe de tête et j'abandonne mes montures, seulement pour le temps du voyage. Nous rejoignons l'avant de l'appareil et nous installons juste à temps pour le décollage. L'avion s'élance dans les airs et je me force au calme en observant les hommes rassemblés autour de moi.

Le vol ne me dérange pas, étant donné que les avions ne sont pas une grande nouveauté pour moi. Ce qui me gêne davantage est l'arrivée. Comment pourrais-je être tranquille quand chaque minute qui s'achève me rapproche du Conseil ? Encore ce matin, Saveli m'a assuré que tout irait bien. Dimitri a passé la nuit à me le garantir. Et toutes les personnes m'entourant ne présentent aucun signe de nervosité, alors pourquoi devrais-je agir autrement ? Ça va bien se passer. Tout va bien se passer.

Pour me distraire, je revois notre équipe en revues, éparpillée sur les différents îlots classieux que nous offre ce voyage en première classe. Bregolas se tient dans l'îlot du fond, en compagnie de Brakon et de Dérius, qui, évidemment, est venu. Pour une fois qu'il peut sortir de chez lui, il n'allait pas se priver ! Six autres loups sont installés à leur gauche, et je ne parviens pas à mettre de nom sur leur visage. D'après Stevan, ils font partie de la garde personnelle de Bregolas. Je pensais que Druvath et son équipe se chargeaient de cette lourde tâche, mais il faut croire que certains détails m'avaient échappé jusque-là.

3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon