3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)

Chapitre 51

Oui, j'ai un jour de retard. Mais la suite (et fin) arrive demain 😎

Ne me remerciez pas... et prenez un peu de Ventoline avant ce chapitre. Un conseil comme ça 🙄

***

Bien sûr, l'espoir ne suffit pas à faire voler les sabots de nos montures. Elles ont beau galoper depuis ce qui semble des heures maintenant, elles ont beau paraître glisser sur la neige étincelante, la réalité finit par nous rattraper. Elle finit toujours par nous rattraper. Un long hurlement retentit soudainement derrière nous, faisant accélérer nos chevaux sans que nous ayons besoin de le faire. Je me retourne, et tente d'apercevoir ce qui nous poursuit, à travers la poudreuse que projette Duman et ses compagnons. Je croise le regard de Dérius, non loin de moi, et il grimace en me voyant chercher des réponses.

-              Mon père ! me hurle-t-il pour toute explication.

Mon sang se glace dans mes veines et je me sens perdre des couleurs. Mon étalon doit sentir ma peur, car je le sens se crisper à vue d'œil, et se porter au-devant des autres. Nous restons hors d'atteinte des loups pendant un moment, le temps pour moi de revoir ceux accompagnant Bregolas. Et de tous les loups venus au Conseil, il n'y en a qu'un que je connaisse assez bien pour que la trahison soit violente. Brakon. Lui savait. Tout. Il a passé des heures intenses à mes côtés, à m'apprendre, à me conseiller. Il m'a entraîné et m'a épaulé... alors qu'il savait. Tout autant que Bregolas, Brakon a participé à ma chute... et il payera, d'une manière ou d'une autre. Jusqu'à présent, la colère ne m'avait pas étreint, car elle était devenue futile pour mes dernières heures de ma courte existence.

Dorénavant, alors que naît un mince espoir de m'en sortir, la rage m'étouffe et me consume. Un nouveau hurlement répond à mes cris silencieux et m'informe de leur arrivée prochaine. Une part de moi souhaite une altercation, car rugit alors mon pouvoir à mes tympans. Mais l'autre sait que nous avons trop à perdre. Mes amis savent se battre, mais je sais Bregolas et Brakon redoutables. Et, maintenant que j'ai connaissance de leur plan, je sais que les six soldats les accompagnant n'ont pas été choisis par hasard. L'Alpha est bien entouré, et en me retournant, je ne suis pas étonnée de voir huit loups accourir dans notre direction, véritables masses sombres bondissant par-dessus la neige. Je ne suis pas surprise. Terrifiée, oui. Mais pas surprise.

-              Nous allons les retarder ! nous annonce brutalement Akim.

Son cheval se cabre lorsque son cavalier lui fait faire brusquement demi-tour, et celui de Markel ne met pas longtemps avant de faire de même. La seule différence est que lorsque les sabots retombent, ils percutent le crâne de l'un des soldats de Bregolas. Mes deux amis bondissent en même temps de leurs montures, leurs canines et leurs armes prêtes pour l'assaut. Malgré la vitesse à laquelle nous allons, j'aperçois avec facilité un grand loup à la robe fauve se faufiler entre tous, bien décidé à nous poursuivre. Il est rapidement suivi par une masse noire, bien plus imposante. Brakon et Bregolas. J'entends un juron à ma gauche et ai juste le temps d'apercevoir Dérius faire un saut du dos de son cheval avant de se transformer en l'air. Les loups se transforment aisément, mais Dérius est encore plus rapide. Il se réceptionne souplement au sol, se ramasse sur lui-même puis bondit sur son père.

Visiblement, il a fait son choix et a tiré une croix sur les miracles.

Le bon côté des choses, c'est que Bregolas ne s'attendait pas à l'entrée en scène de son fils. Les deux créatures roulent dans la neige, avant de se perdre au loin. Je jure entre mes dents, mais parviens à me détourner de ce spectacle. S'ils se sont tous lancés dans la bataille, c'est pour me permettre de fuir. Alors, je me fais violence pour ne pas les rejoindre et laisse Duman repartir à fond le train, Dimitri et Stevan dans notre sillage. Les deux savent parfaitement que je ne pourrais pas me retenir plus longtemps. La magie d'Alastor gronde dans mon sang et mes mains tremblent, tandis que je me contiens et résiste à la brutalité qui m'appelle. Qui chante et m'interpelle.