Chapitre 28

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Lorsque je me réveille pour mon entraînement matinal, un mal de crâne me hurle de fuir dans un bain chaud, voire carrément brûlant. Je grogne, en retirant quelques cheveux de ma bouche et me rends compte que j'ai bavé sur l'oreiller. Un coup d'œil à ma droite m'indique que Dimitri n'a pas pu me rejoindre cette nuit. Même si la déception parcourt le moindre de mes nerfs, je me console en me disant qu'il ne m'a, au moins, pas vu dans cet état.

Et puis... j'ai découvert quelque chose d'important : la cuite me fait le même effet que Dérius. Aucun rêve, aucun cauchemar. Je pense que mon vampire apaise également mes tourments, mais c'est une théorie qu'il nous faudra étudier plus tard.

Pour l'heure, je mets de côté mes futures études et me traîne jusqu'à la salle d'eau. Je m'asperge le visage à grandes eaux, évite mon reflet, et tente de m'éclaircir l'esprit. Rien n'y fait. J'ai toujours l'impression qu'un marteau-piqueur est en train de me perforer le crâne. Je jure plusieurs fois en remarquant mes yeux gonflés et mon visage chiffonné puis essaie d'arranger ma figure, en ignorant du mieux possible le mal qui me ronge.

En parlant de mal... Je lorgne mes bandages sur mes poignets et grimace en avisant l'un d'eux en partie défait. Je m'empresse de le resserrer, tout en frissonnant à la simple vision de ma marque. Cependant, cela me rappelle ma prochaine mission : parvenir à contacter Lissa. Vivant à travers les yeux du diable, je ne doute pas un instant de ce qu'elle a vu. Tout. Tout le massacre et tout ce qui a suivi.

La honte et la peur me dévorent, mais je sais que je ne serais tranquille que lorsque je l'aurai vu. Va-t-elle réagir comme Markel et me déclarer que j'aurais dû mourir à la place de sa descendante ? Que je ne suis qu'un poison, et que ma place devrait être en prison ? Ou va-t-elle parvenir à me pardonner ?

Tant que je ne me serais pas rendu chez elle, je ne serais pas fixée. Peut-être pourra-t-elle même me fournir de précieux renseignements sur Alastor ? Imaginer ce démon aux côtés d'Isidore me flanque le coup de jus dont j'avais besoin pour accélérer le mouvement. Je vole une pomme dans mon panier de fruits toujours remplis par les soins d'Elin, enfile mes affaires de sport et marque un temps en avisant ma peau nue au niveau de la poitrine.

Où est mon sifflet ?

La panique me traverse, jusqu'à ce que je me souvienne l'avoir laissé dans mon jean hier soir. Je m'en empare, le remets dans le tiroir de ma table de chevet et saute dans mes chaussures. J'évite de le porter lorsque je suis en brassière, pour ne pas torturer mes amis. Stev est venu un matin voir de quoi j'étais capable et a eu la mauvaise surprise de découvrir mon talisman à mon cou.

Je remonte les couloirs d'un pas actif, vérifiant par la même occasion que les bleus laissés par Dimitri ont tous disparu. Comme je l'avais présagé, c'est le cas. Je soupire de soulagement en pénétrant dans la salle d'entraînement. Mais ma joie est de courte durée en apercevant Brakon en plein échauffement. Je déchante en le découvrant pour la première fois sans rien d'autre sur le dos que les tatouages couvrant son épiderme.

Bien que sa musculature puisse incendier la culotte de n'importe quelle nonne, je commence à avoir l'habitude de ne croiser que des corps de guerrier et cela ne me fait donc pas grand-chose. Par contre, s'il s'échauffe... cela veut dire que je vais devoir le combattre. Et cette décision me colle des frissons de pure terreur.

Brakon est très certainement le meilleur guerrier de Bregolas... et dans mon état, je sais déjà que je vais mordre la poussière plus d'une fois. En temps normal, c'est le cas. Alors avec ma version comateuse... Je ne donne pas cher de ma peau. Tout en adoptant sans rien dire les mêmes mouvements que ceux de mon coach personnel, j'observe ses muscles rouler sous son épiderme, tandis que son immense phœnix tatoué prend son envol à chaque impulsion que Brakon donne à ses bras. De ses épaules à la chute de ses reins, l'oiseau mythologique s'étend, magnifique et coloré, et me permet de remarquer une phrase sur le plastron de l'animal.

3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)Where stories live. Discover now