3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)

Chapitre 5

Entrer dans la chambre de Dérius me ramène à ma première nuit ici. M'avançant dans la pièce, je passe ma main sur l'épaisse couverture qui a servi à cacher ma pudeur lorsque je me suis réveillée en compagnie du jeune hybride. Bregolas nous a joué un mauvais tour en omettant de m'avertir que j'allais partager le lit avec quelqu'un d'autre.

En y réfléchissant bien, Dérius non plus n'a pas apprécié, étant donné qu'à son réveil, il a reçu une bonne douzaine d'objets que je me suis faits un plaisir de lui lancer à la figure. J'en ai reparlé par la suite avec l'alpha, qui m'a à nouveau présenté ses excuses. Il m'a alors confié être un peu alarmé par la situation, à savoir son fils sans femme et donc sans héritier. C'est pour ça qu'il a agi ainsi avec moi, faisant fi de mon lien avec Dimitri.

À situation désespérée, mesure désespérée m'a-t-on-dit.

Il m'a ensuite promis ne plus me faire de tort et j'ai tenté de le rassurer. Dérius trouvera l'âme qui fait battre son cœur. Il est encore jeune, et Bregolas n'est pas prêt de mourir. L'amour peut bien attendre.

Tout en m'asseyant sur le couvre-lit, j'adresse un bref sourire à l'hybride, qu'il finit par me rendre, plus crispé qu'avant. Il lance ensuite un coup d'œil en direction de Dimitri, qui ne semble avoir rien remarqué, et une lueur d'inquiétude brille dans ses prunelles lorsqu'ils les reposent sur moi.

Il ne faut pas être un génie pour comprendre d'où vient sa panique : le vampire n'est pas au courant que Dérius et moi avons dormi ensemble. Et Dérius ignore que j'ai dormi avec lui juste après avoir couché avec mon âme sœur. Juste après avoir eu, une nouvelle fois, le cœur brisé. Bien qu'il ne se soit rien passé avec Dérius, connaissant le sale caractère de ce satané vampire, et bien qu'il m'ait juré plus d'une fois qu'il ne voulait pas être avec moi, il y a peu de chance que cette petite histoire ne le mette pas à cran.

Intérieurement, je ricane. J'ai un coup d'avance, que j'utiliserais bien si Dérius ne se trouvait pas dans la même salle que nous. Aussi, pour le préserver, je tiens ma langue. De toute manière, à moins que le vampire ne me pousse à bout, il y a peu de chance que je ressorte pareille histoire. Je ne suis... plus du genre œil pour œil, dent pour dent, même si Dimitri ne fait clairement pas ressortir ce qu'il y a de meilleur en moi.

Ces derniers temps... Il a même tendance à réveiller ma mauvaise nature. Je me souviens de nos paroles échangées avant que je ne m'enfuie. La honte s'abat sur moi un court instant. Je n'aurais pas dû utiliser Stevan pour provoquer le vampire. C'est d'une part, bien trop facile et de l'autre, ça n'arrange pas la relation qu'ils entretiennent.

Dérius s'écroule dans le seul fauteuil de la chambre, tandis que Dimitri s'adosse contre le mur, attendant, l'œil sombre, que l'hybride prenne la parole. Mais très vite, celui-ci se penche vers moi, appuie les coudes sur ses cuisses et m'observe attentivement, ce qui me met très vite mal à l'aise.

-        Quoi ? grogné-je, peu encline à l'attente.

-        Tu en as vraiment, n'est-ce pas ? Des marques ?

Bien que sa curiosité puisse être mal interprétée, je connais assez l'hybride pour savoir qu'il ne pense pas mal. Alors, même si son attention me perturbe au plus haut point, je pose ma main sur l'un de mes bandages et commence à le retirer. Autant que la vérité soit dévoilée au grand jour, j'en ai assez de me cacher. J'en ai assez de mentir. Je suis lasse de tout ça. Des faux-semblants, des disputes interminables.

Si je peux préserver un peu Stev, je le ferai. Lui a déjà bien trop à faire déjà. Mais pour les deux hommes me faisant face, je peux bien me montrer sous un autre jour. Ainsi, je replie soigneusement la bande et laisse les deux hommes découvrir ou redécouvrir mes marques. Si au départ, la phrase ne faisait que quelques centimètres, elle s'étend dorénavant sur l'ensemble de mon avant-bras. Grignotant mon poignet jusqu'à l'intérieur de mon coude, les lignes serpentent sur mon épiderme, mangeant ma peau et se prélassant dans ma chaleur. La même marque a copié sa sœur sur mon autre bras.