3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)

Chapitre 6

Je repense à notre première rencontre, à son regard noir et pénétrant, à sa voix tranchante comme de l'acier... Jamais à cet instant je n'aurais pu imaginer tous les sentiments que je ressentirais pour cet homme. Dimitri n'a pas bougé et attend ma réponse, crispé au maximum.

-        J'ai besoin de te l'entendre dire. Une fois. Une seule. Je... Je t'en prie.

Lentement, très lentement, je me retourne vers lui. Ses yeux parcourent mon visage, comme pour y lire la réponse qu'il cherche si désespérément. J'ouvre la bouche, sans arriver à prononcer le moindre mot. Je ne suis qu'émotions froides et chaudes, un mélange de glace en fusion et tout autour de moi paraît disparaître. Ne reste alors plus que l'homme en face de moi. Uniquement lui et ma réponse.

-        Je t'aime.

Ces trois mots sont si simples, si désuets par rapport à tout ce qui passe dans ma tête actuellement. Je manque d'air et inspire trop fort à la fois. Je ne sens plus mon corps lorsque Dimitri fronce les sourcils. Un tic fait tressauter sa mâchoire et j'ai l'impression que je vais me faire engloutir par le vide que ressent mon cœur. Si je ne parle pas maintenant, si je ne lui exprime pas la totalité de mes sentiments, l'occasion ne pourra peut-être jamais se représenter.

Tant pis s'il n'est pas prêt pour les entendre, je les ai fait taire trop longtemps déjà. Je fais encore un pas vers lui et nous nous touchons presque. Je risque de me brûler les ailes, surtout si ce n'est pas la réponse qu'il souhaite. Mais je le fais quand même... et advienne que pourra.

-        La première fois que je t'ai vu, tu avais l'apparence d'un ange de la mort, chuchoté-je. Le plus bel homme que je n'avais jamais vu, mais aussi le plus effrayant. Mes sentiments ont évolué lorsque tu es venu habiter avec moi. Malgré nos disputes incessantes, nous avons eu nos moments de complicité. Et c'est là que j'ai commencé à voir en toi. À voir qui tu étais vraiment.

Je lève ma main et la dépose délicatement sur sa poitrine. Son cœur heurte sa cage thoracique à une vitesse incroyable et je le sens frémir, l'électricité nous parcourant lorsque mes doigts glissent sur son col entrouvert, créant un circuit interne nous reliant. Nous façonnant.

-        Nous t'avons poursuivi dans l'Europe entière et avons atterri en Russie, sans que mes sentiments pour toi décroissent. Lorsque je t'ai revu, tous ces jours de traque me menant jusqu'à toi... Je me suis sentie revivre. Et malgré le fait que je te haïssais pour avoir... pour Sevastian, je ne pouvais que t'aimer.

Le visage de mon âme sœur devient plus sombre à l'évocation de notre ami commun, mais je ne me laisse pas démonter, ma main atteignant sa nuque pour le forcer à rester ancré à mon regard.

-        Tu as été là pour moi. D'une certaine manière, tu as toujours été là lors de mes pires moments. Tu as été mon épaule pour pleurer, mon roc lorsque j'avais peur. Encore maintenant, tu es là quand j'ai besoin de me défouler sur quelqu'un. Quand j'ai appris pour notre lien, j'étais furieuse. Contre toi, mais contre moi aussi. C'était tellement une évidence ! Il était évident que nous étions liés ! Il ne pouvait en être autrement. Je t'aime, Dimitri Baranov. Malgré le fait que tu sois une brute et un connard parfois, je t'aime.

Mes doigts glissent sur sa joue rugueuse, ripent sur sa barbe de trois jours et je m'étire sur la pointe des pieds pour me retrouver face à ses lèvres. Sans détacher mon regard de ses yeux dorénavant complètement argentés, j'approche mon visage du sien et m'avance assez prêt pour sentir son souffle chaud sur ma bouche. Ma poitrine contre la sienne, j'entends nettement son cœur s'arrêter de battre.

-        Nous ne devrions pas...

Je ne laisse pas terminer sa phrase et pose ma bouche contre la sienne. Ses yeux se ferment et son front se plisse. Je sens tout son corps se tendre sous ma caresse et souris malgré moi. Sans qu'il réponde à mon baiser, je sais qu'il est corps et âme avec moi. À moi. Son corps ne capitule pas encore, mais son esprit, lui, a compris que cela ne servait à rien de se battre.