3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)

Chapitre 18

🎁 Cadeau 🎁

***

Je cligne des paupières, déstabilisée par la clarté de la pièce, et plonge mon regard dans deux puits sombres. Dimitri.

« Ça va aller, ma belle. Ça va aller. »

Il me parle dans ma tête. Ses lèvres ne bougent pas tandis qu'il prononce des mots qui font chantonner mon pauvre cœur. Je lève les yeux et découvre que nous avons changé de salle. Bien loin de la salle de réunion, celle-ci est plus petite, et pourvue d'un bureau, de deux fauteuils et d'un grand tapis de fourrure. Très certainement le bureau de Bregolas. Quant à l'origine de la fourrure, j'ose espérer que ce n'est pas l'un de ses anciens ennemis.

Nous sommes assis dessus, Dimitri me maintenant contre lui et me prodiguant sa force et son calme. Je pose une main timide sur la surface duveteuse et m'émerveille de la chaleur qui s'en dégage. Mon vampire m'observe faire un moment, sans rien dire, puis il me redresse un peu et me cale contre son torse. Je me laisse aller à cette tendresse, qu'il ne me laisse entrapercevoir uniquement lors de mes instants de faiblesse.

« Tu te sens mieux, mon ange ? »

Un vague grognement m'échappe lorsque j'entends ces paroles, qui me brûle l'âme.

-        Ne m'appelle pas comme ça, marmonné-je la voix hachée et légèrement tremblante.

-        Je ne dois pas t'appeler comment ? me déclare-t-il, la bouche contre mon oreille.

-        « Ma belle » et « mon ange ».

Ma voix est tellement fatiguée que mon ton ronchon se transforme en un murmure à peine perturbé. Peu crédible, ma phrase fait rire Dimitri et son souffle chatouille ma joue, quand je pivote vers lui, pour contempler son visage. Mon âme sœur est magnifique, mais lorsqu'il sourit... La terre pourrait s'arrêter de tourner que je n'en aurais rien à faire.

-        Vampire stupide... soupiré-je, trop fatiguée pour ajouter quoique ce soit.

Sa main sous ma nuque se crispe légèrement sous l'insulte, mais je sais que ce n'est pas mon insulte qui l'a blessé. Ce sont les mots que je tais. Je veux qu'il accepte le lien, même si je suis une cause perdue. Je veux qu'il reconnaisse l'amour qu'il a pour moi, malgré tout ce qu'il m'a fait endurer jusqu'à présent. Et il le sait parfaitement. Mes pensées sont égoïstes, mais les paroles qu'il a prononcées par le passé l'ont été tout autant. En somme, nous sommes irrécupérables. Autant l'un que l'autre. Je me tourne davantage vers lui alors qu'un sourire triste étire dorénavant ses lèvres.

-        Nous sommes vraiment des causes perdues, hein ? soupire-t-il, les yeux voilés par ce qu'il ne me dit pas.

Doucement, je lève une main vacillante vers son visage et touche du bout des doigts son menton, le forçant à se concentrer sur moi et moi seule. Je croise sans mal ses yeux ensorceleurs et découvre des éclats argentés, preuve des sentiments qu'il combat au fond de lui. Il pousse un soupir et son souffle sur sa main m'électrise. Un frisson provenant du tréfonds de mon âme échappe à ma maîtrise et Dimitri le ressent immédiatement. Ses pupilles se rétrécissent avant qu'il ne reprenne le contrôle de lui-même. 

-        Je ne veux pas que tu me haïsses, m'avoue-t-il finalement du bout des lèvres.

-        Je ne te hais pas, Dimitri. Tu es juste... toi.

Nos regards s'accrochent, se jugent, se parlent, mais finissent par s'éloigner lorsque mon vampire tourne la tête.

-        Je ne veux pas que tu souffres.