3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)

Chapitre 46

Vous pensiez que Lena avait eu des ennuis dans les tomes précédents ? Ouais, non... oubliez. Là, on passe un autre level et je ne peux que vous recommander de vous assoir. Parce que... vous allez tomber sur le cul (normalement). 

Bon courage.

***

Je lève les yeux et me concentre sur mon âme sœur, qui me regarde déjà, tentant d'occulter la présence de son père à ses côtés. Mais Néréide me détourne de mon plus grand soutien. Sa voix claque dans l'étrange silence de la pièce et me fais violemment sursauter.

- Déclinez votre identité.

- Lena Brand.

Ma voix est trop, bien trop tremblante. Je tente de me forger la même attitude inébranlable que mon vampire, mais échoue lamentablement. Je suis terrifiée, et dans l'incapacité la plus totale de faire le moindre mouvement ou effort. De toute manière, je pense que ça ne servirait pas à grand-chose. Avec leurs facultés extraordinaires, les membres du Conseil doivent sentir ma peur comme si elle venait les frôler pour aiguiser leur appétit.

- Savez-vous pourquoi vous êtes ici ? demande sèchement Néréide.

- On me l'a expliqué.

- Parfait, nous ne perdrons donc pas plus notre temps. Parlez-nous du lien que vous entretenez avec le dénommé Alastor.

Choisir ce mot-là précisément n'est peut-être pas intentionnel, mais la sorcière a quelques siècles au compteur et ne semble pas m'apprécier des masses. Aussi, je suis persuadée qu'elle l'a fait à dessin. Pour me blesser, ou envoyer un message, peut m'importe. Ce constat me permet d'accumuler assez de colère en moi pour qu'elle suppléante ma terreur et me permette de répondre sans trembler. Je déblatère alors sur le sujet demandé, sans regarder une seule fois en direction du diable. Je ne lui ferais pas ce plaisir. Je sens la colère de mon vampire lorsque j'aborde certaines parties, et sa fureur lorsque j'en omet d'autres. Mais Dimitri sait parfaitement que je ne peux pas dévoiler le jeu de son père. Ce serait nous faire courir trop de risques, autant à lui qu'à moi. 

Et nous savons dorénavant qu'Alastor a acquis suffisamment de pouvoirs pour duper le Conseil. Se mettre en travers de sa route serait une erreur qui nous coûterait bien trop cher... et qui se solderait par notre mort à tous les deux. Nerveuse à l'idée de laisser filtrer des informations que je ne suis pas censée avoir, j'attrape machinalement le précieux talisman d'Alemona caché dans ma poche et le serre dans mon poing, cherchant un bref réconfort dans sa présence. Baissant les yeux sur mes chaussures, je finis mon récit par la mort d'Alemona, sujet assez sensible pour mon interlocutrice, qui se crispe à ce passage. Et lorsque mon souffle se tarit, les membres du Conseil semblent satisfaits par mes propos, mais bien décidés à ne pas me lâcher encore.

- Bien, déclare posément Cyrion avant de se tourner vers l'un de ses paires. C'est à vous.

Avec un effarement teinté de la plus pure terreur, je vois le plus dangereux des représentants du Conseil se lever de son siège et atterrir dans la fosse, à mes côtés. Ulzaïr croise mon regard terrifié et sourit en s'approchant, flottant presque jusqu'à moi. Pendant un instant, je lorgne le squelette d'Isidore et me demande s'il me ferait un bon bouclier. Puis l'agitation plus haut me force à revoir mon plan. Dimitri dépasse le siège vide de son nouveau souverain, sans pour autant sauter nous rejoindre. Mais sa panique immédiate m'atteint par vague et me donne la nausée. 

Je parviens à me maintenir droite tandis que le Phoenix approche, prenant tout son temps pour arriver à ma hauteur. Quelle ne fut ma surprise de découvrir qu'il n'avoisine pas les deux mètres comme quasiment la totalité de mes connaissances, mais uniquement un petit mètre soixante-quinze. Ça ne l'empêche pas pour autant d'être particulièrement intimidant, et je me force à détourner le regard avant d'avoir la maladresse de croiser ses yeux terrifiants. Ulzaïr s'arrête à un mètre de moi, porte une attention toute particulière à mon corps avant d'inspirer à fond.