Chapitre 48

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Note de mon médecin traitant : avant la lecture de ce chapitre, tâchez de vous munir d'un chocolat chaud ou d'une tisane brûlante. Armez-vous de chocolat, de plaid et de réconfort. Parce que la suite va piquer.

***

Le claquement puissant de la porte dans mon dos m'arrache un sursaut de peur. Sursaut coupé par la prise des deux mercenaires, m'emmenant dans un endroit inconnu. M'attrapant sous les aisselles, traînant mon corps à moitié groggy, ils m'entraînent dans un dédale de couloirs sans que je prononce le moindre mot. Ma tête a chuté en avant et mes cheveux masquent en grande partie ma vue, tandis que mes genoux et mes pieds râpent méchamment le sol en pierre. Les deux hommes me serrent tellement fort que mes bras me brûlent, incendiant mes veines.

Pour autant, la douleur physique n'est rien comparé à celle qui enfle dans mon cœur. Je ferme les yeux, vaincue. Incapable de me défendre. Incapable de pleurer. Mon pouvoir semble s'éloigner de moi, fuyant ma détresse. Entre ses murs, et face à pareils ennemis, il ne me sera d'aucune utilité, de toute manière. Je redeviens alors la jeune humaine dépeinte par Saveli quelques instants plus tôt. Sans force. Terrorisée. Faible.

La gifle que l'on m'a octroyée a été si puissante qu'un goût métallique revient dans ma bouche, me prouvant que ma lèvre est percée. Dans l'état que se trouve ma tête, je n'ai même plus la force de retrouver Dimitri. Je n'ai plus la force de rien. Après un temps qui me semble infini, une porte s'ouvre devant moi et l'on me jette dans la pièce, comme si je n'étais qu'un vulgaire détritus.

Mon énergie disparue, je m'effondre par terre en poussant un grognement de douleur, ayant mal atterri. Je me relève péniblement sur les coudes et sens une souffrance cuisante dans mon bras droit. C'est lui qui a malencontreusement réceptionné l'intégralité de mon corps. Je le bouge doucement et une grimace surgit sur mon visage. Une grosse, grosse douleur, qui ne me dit rien qui vaille.

-              Vous pourriez être plus doux, gronde une voix glaciale dans mon dos.

Je me retourne brusquement vers la porte encore ouverte et découvre Bregolas dans l'encadrement, me cachant la seule lumière éclairant la pièce. Pendant que je me redresse sur mes pieds, il marmonne quelque chose dans sa langue natale en échangeant un regard avec l'un de mes gardes attitrés.

-              Je n'en ai pas pour très longtemps.

Les mercenaires ont visiblement reçu peu d'ordres à mon sujet, car il laisse le loup entrer dans la bergerie sans aucun problème. Bregolas referme la porte derrière lui, et je l'entends tourner le loquet et allumer. La lumière jaillit dans son dos, me permettant de le voir faire un pas dans ma direction. Malgré l'état dans lequel je me trouve, je ne peux m'empêcher de reculer, oubliant la douleur à mon bras droit. Elle est infime face à celle causée par la trahison de Bregolas. En avisant mon mouvement de repli, l'alpha soupire tristement, mais je ne parviens pas à apercevoir les traits de son visage.

Tout ce que je sais, c'est que la seconde suivante, mon deuxième pas en arrière est celui de trop. Il fond brusquement sur moi. Avec un geignement de peur, j'obéis à tous mes instincts de fuite, me détourne et tente de lui échapper. Mais la rapidité des loups est bien connue, et même au meilleur de ma forme, je ne vaux rien face à Bregolas. Ses bras se referment autour de moi et mon corps rencontre le sien. Je me débats, essaie de me soustraire à sa poigne, mais celle-ci se resserre légèrement.

-              Je ne veux pas te faire de mal, Lena, me souffle le lycanthrope à mon oreille. Personne ne sait que je suis là... je souhaite juste t'expliquer.

Ce Bregolas-là n'est pas mon ami. Il n'a rien à voir avec celui que j'ai rencontré et appris à aimer. Et pourtant... sa voix demeure inchangée et ses bras se desserrent. Je sais que s'il avait voulu me tuer, ou me blesser, il l'aurait déjà fait. D'autant qu'il aurait pu me prendre en chasse. Fuir devant un prédateur n'est jamais une bonne idée. Prenant conscience de tout cela, je cesse mes mouvements et Bregolas me relâche. Il ne me faut qu'un battement de cœur pour me retourner et lui faire face, tout en prenant mes distances. Le loup m'observe faire, sans se départir de son regard jaune et terrifiant. C'est signe de colère, et pourtant, je ne vois aucun tic nerveux pouvant m'informer de l'état de Bregolas. Ses épaules sont détendues, et sa voix, égale à elle-même. Seuls ses yeux demeurent ceux d'un loup. Ce détail, je ne peux l'oublier.

3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant