3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)

Chapitre 38

Inconscient du danger, mon vampire relève lentement mon menton afin de croiser mes yeux. Les siens reflètent son inquiétude, une peur sourde, mais surtout, sa colère grandissante. Son pouce me masse doucement la joue et je ferme un instant les paupières, me laissant emporter par l'électricité habituelle et par la fraîcheur de sa peau. Mais très vite, la réalité me ramène à notre situation très délicate.

-        Qui des deux t'as touché ? me demande-t-il dans un grondement.

Bien évidemment, ma joue a encore la marque du coup d'Alastor. Je rouvre les yeux et me mords la lèvre, incapable de proférer le moindre mot. Perdu dans l'onyx du regard de mon âme sœur, je retiens mon souffle, espérant sans y croire que nous quitterons cette chambre immédiatement pour fuir le monstre se tenant à nos côtés. Un soupir détourne l'attention de Dimitri de ma bouche, et me permet de mettre de l'ordre dans mes idées.

-        Je connais bien l'état émotionnel dans lequel tu te trouves actuellement, mais, Dimitri, tu sais que je ne lui ferais aucun mal.

Face à l'intervention de Saveli, mon âme sœur se crispe puis se penche vers moi et m'embrasse brièvement sur le front avant de se retourner vers les deux hommes. Pas une seule fois, il ne desserre sa prise autour de moi et c'est bien heureux. Sans lui, je crois que je me serais écroulée.

-        Peut-être que je ne te connais pas si bien que ça, réplique mon vampire avant de pivoter vers Alastor. Qui es-tu ?

Le diable ne répond pas. Il se contente de lui offrir un mince sourire et d'attendre que la lumière se fasse dans l'esprit de son fils. Seulement, ce dernier n'est apparemment pas encore à l'étape réflexion, car il me revient bien vite en me scrutant attentivement.

-        Si te libérer du lien voulait dire souffrir comme tu as vraisemblablement souffert, ça n'en valait peut-être pas la peine.

-        Tu sais bien que si, murmuré-je en me fondant contre lui.

Une ombre traverse son visage alors que je hoche la tête à sa question muette.

-        Ça a marché pour Stevan. Le lien a disparu.

Mes épaules s'affaissent un peu plus, et je me sens partir. C'est sans compter sur Dimitri, qui, soufflant contre mon esprit, m'aide à rester auprès de lui. Et je parviens à éloigner la fatigue en me répétant qu'Alastor est encore là. Lorsque Dimitri comprendra qui se tient dans la même pièce que nous, il faudra que je réagisse vite. Et, évanouie, je ne sers à rien. Une voix finit par me ramener complètement sur Terre quand elle claque dans la chambre bien silencieuse.

-        Bien, garçon, dégage de là. Et tout de suite.

Le grondement énervé qui répond à l'éclat du père ne peut venir que du fils. Et mes oreilles bourdonnent devant son intensité.

-        Ce serait plutôt à toi de dégager si tu ne veux pas perdre un bras.

-        Oh oh ! se marre Alastor, tout en conservant une fureur à peine contenue dans sa voix. Regardez-moi ça ! Le jeune lion qui veut jouer dans la cour des grands !

-        Ne t'inquiète pas pour moi, je suis tout à fait capable de me débrouiller.

-        Ça, je n'en doute pas, mais l'humaine ne t'appartient pas.

-        C'est mon âme sœur.

-        Ah oui... Le concept dont tu ne voulais pas entendre parler jusqu'à la semaine dernière ? Il me semble que tu l'as assez de fois rejeté pour ne plus être dans la course, non ?