3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)

Chapitre 41

En entendant la musique et les cris, je manque de faire demi-tour à plusieurs reprises. Il y a trop de bruits. Trop de gens. Pourtant, je me force à pénétrer dans l'immense pièce, en passant par les balcons. Très rapidement, les exclamations de voix et les rires m'atteignent avec plus de netteté. Des hurlements hystériques viennent m'informer que les personnes en bas encouragent plusieurs des leurs à boire. Qu'importe les races et espèces, la picole se fait toujours de façon bruyante et animée.

Je me penche par-dessus la rambarde et découvre l'énorme orgie se déroulant plus bas. Sur les tables, assis ou debout, sont éparpillés loups, humains, bières et tequilas. Certains dansent, rient et discutent et d'autres se battent et font... autre chose. Légèrement rougissante, je détourne le regard et cherche mes amis, tout d'abord sans succès. Puis un jeune loup sous sa forme animale déboule dans un coin de la pièce, suivie par une Évelyne pleurant de rire. Zéphin, trottinant en zigzaguant, finit sa course dans les fesses d'un Arcadus particulièrement éméché.

Même de là où je me trouve, je parviens à voir sa poigne se refermer sur l'échine de son fils pour garder l'équilibre. Il dit quelque chose à Évelyne, qui le rembarre aussi sec. Druvath passe non loin de son soldat, et aide Zéphin à se libérer de la prise de son père. Père qui termine étalé par terre, son supérieur au-dessus de lui, un immense sourire traversant son visage.

Puis tous les regards convergents vers le centre de la pièce, et vers Stevan. Sautant lestement sur une table, il soulève une bouteille, rejette la tête en arrière et avale cul sec son contenu, sous les encouragements des loups. Ce n'est qu'une fois entièrement vidé qu'il l'a brandi en l'air, et que des hurlements de joies retentissent autour de lui.

Un sourire amusé sur les lèvres, je l'observe parader, et taper dans les mains tendues avant de le perdre des yeux, happé par la foule. Alors que je me décide à descendre le retrouver, et vérifier qu'un vampire ivre se souvient encore des bonnes manières, une brise légère glisse le long de mon dos. La seconde suivante, deux bras se referment sur moi et un souffle chaud vient chatouiller ma nuque dénudée.

« Tu ne m'as pas réveillé. »

Son constat est plus ronchon qu'autre chose et je ris doucement, en m'appuyant contre mon vampire, l'esprit apaisé.

-        Je ne pensais pas que les vampires pouvaient avoir un sommeil de plomb. Je t'aurais secoué que ça n'aurait rien donné !

-        Je ne dors bien qu'avec toi à mes côtés.

Son aveu remue quelque chose dans ma poitrine et s'intensifie lorsque sa bouche s'attarde sur la peau de ma nuque. Instinctivement, ma tête bascule sur le côté, lui offrant un libre accès à ma gorge. Sa langue glisse sur mon épiderme, et je serre les genoux, me maintenant à la rambarde de mes deux mains.

-        Je ne pensais pas non plus que les vampires pouvaient être soûls et vois Stevan...

-        Pour ça comme pour le reste... les vampires ne sont vraiment pas à la hauteur de la légende de Dracula, me chuchote Dimitri avant de m'embrasser.

Je ferme les yeux et me laisse griser par l'instant. Cet instant où tout pourrait presque être normal. Je ne suis qu'une fille en train d'embrasser l'homme qu'elle aime de tout son cœur, à une quelconque soirée. Seulement, la dentition du garçon a tôt fait de me ramener sur terre et je recule légèrement, posant mon front contre le sien.

-        Je croyais qu'il fallait la jouer profil bas, entre nous.

-        Les choses ont changé.

Il me désigne la salle et j'observe la fête, sans comprendre ce qu'il veut me montrer.

-        Nous avons gagné, Lena. Regarde. Nous célébrons l'ascension des loups ce soir.