3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)

Chapitre 11

Je me réveille en sueur, hurlant si fort que je manque de me percer les tympans. Je reste, un moment, assise, les nerfs à vif, complètement hébétée et paumée. Puis la torpeur dans laquelle j'étais plongée se dissipe et la clarté envahit mon esprit. Un cauchemar, ce n'était qu'un cauchemar. Je passe une main tremblante sur ma poitrine, puis, frénétique, tends mon t-shirt pour vérifier qu'aucune marque n'a été placée sur ma peau à mon insu. Mais non. Il n'y a rien. Rien que le souvenir atroce de la souffrance ressentie.

Je me lève, légèrement vacillante, avant d'allumer une bougie et de croiser mon reflet dans la psyché. Folle. J'ai l'air... complètement folle. Et je dois l'être, pour avoir imaginé ce rêve. Une larme roule le long de ma joue, cavale dans mon cou puis s'évanouit à la naissance de mes seins. Je me sens... anéantie. Est-ce possible qu'Alastor puisse de lui-même s'inviter dans mon subconscient ? Je l'ignore et cette absence de réponse me coupe le souffle. Puis je retrace l'ensemble du cauchemar dans ma tête, tremblant de plus belle. Entendrais-je, un jour, les paroles que Dimitri a prononcées dans mon rêve ?

Je retiens un gémissement, plaquant une main sur ma bouche, me contenant. M'ordonnant de reprendre le contrôle. Malheureusement, incapable de bouger, je me contente de dévisager mon reflet, une lueur de désespoir voilant mon regard, alors qu'une nouvelle larme apparaît et poursuit le chemin de sa consœur.

Je me laisse alors envahir par la souffrance, la douleur et la peine. Mon corps encaisse, sans broncher. Immobile. Mon esprit dérive et les mots du Dimitri imaginé dansent dans ma tête. Ce que j'aurais aimé vivre ce moment ! Je voudrais tant qu'il me dise ces paroles, que je crève d'envie d'entendre. Mais il y a si peu de chance que je les entends un jour... et je suis obligée d'arrêter de me voiler la face.

Ce cauchemar n'est qu'un énième de plus, et s'il me prive de sommeil, il ne me privera pas de mon self-contrôle. Alors, je sèche mes larmes et regarde le lit, incapable de me rallonger. Je ressens encore la douceur de Dimitri réchauffer mon épiderme, et la brusquerie de son père casser mes os. Que les deux hommes me soient apparus dans un même cauchemar n'est pas anodin. Le fils et le père, tous deux liés à moi pour d'obscures raisons. L'un, par l'amour. L'autre, par la perfidie. Si Alastor avait déjà pénétré mes rêves embrumés, c'est la première fois que je retrouve Dimitri au pays des songes. Et je préférerais éviter que cela se reproduise, pour la tranquillité de mon esprit.

Chassant mes sombres pensées, j'enfile rapidement un pantalon de sport et une brassière puis quitte la chambre. Je sais que je ne pourrai pas me rendormir après avoir rêvé de ça. Aussi, il ne me reste qu'une seule chose à faire : me défouler pour espérer dormir d'un sommeil de plomb par la suite.

Je longe ainsi les couloirs en surveillant les coins d'ombre, le cauchemar encore bien présent dans mon esprit. J'arrive au pas de charge dans la salle d'entraînement, sous le regard surpris de quelques personnes. Il reste encore des loups. Je ne m'en étonne pas, étant donné que la soirée est loin de se terminer. Je suis restée inconsciente assez de temps pour que l'après-midi se finisse sans moi. Et si j'en crois les bruits alentour, le repas est déjà passé. Elin va faire un scandale lorsqu'elle apprendra que je ne me suis pas présentée aux cuisines. Elle sait tout, et apprendre que je loupe un énième repas ne va pas lui faire plaisir.

Tant pis, je suis prête à encaisser le courroux d'une louve de plusieurs centaines d'années. Ce dont je ne suis pas prête à faire face, ce sont les regards qui se posent sur moi lorsque je m'avance dans la salle. Les lycanthropes sont des animaux, et, comme tout prédateur, ils pressentent avec une grande facilité la peur. La mienne les attire, alors je ne fais pas long feu dans le coin. Mes terreurs nocturnes s'accrochent à moi, m'empêchant même d'agir normalement auprès de mes alliés.