3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)

Chapitre 29

À vos chapiballs les p'tits gars !

***

Je suis les loups et atteins l'entrée principale de la grotte, le cœur battant à cent à l'heure.

Il est là, il est là !

J'ignore si ce sont les loups, ou moi, qui hurle ces mots. Je pile brutalement en pénétrant dans la caverne et me retrouve face à une foule de monde amassée autour de l'objet de toute mon attention. Je trépigne, me hisse sur la pointe des pieds, mais n'aperçois rien. Les foules ont toujours été un cauchemar pour moi, en raison de ma petite taille. Cependant, grâce à celle-ci, je parviens à me faufiler sous les bras et entre les gens sans rencontrer trop de problèmes.

Avec mon impatience et mon sans-gêne, je n'hésite pas à bousculer quelques loups et récolte quelques ronchonnements au passage. J'arrive à m'approcher suffisamment pour entendre la voix doucereuse de Saveli. Bon sang ! C'est vraiment lui. En chair et en os ! Il a le même timbre de voix qu'Isidore, si ce n'est que l'on ne décèle aucun sarcasme ou menace chez lui.

Je ne l'ai croisé qu'une seule fois, et notre rencontre semble remonter à tellement loin... En ce temps-là, nous nous préparions à traquer Dimitri jusqu'au bout du monde. Je me souviens de ses paroles. Il voulait que nous le retrouvions. Il a un attachement tout particulier pour mon âme sœur, car il l'a entraîné et formé à son arrivée dans la forteresse.

J'espère qu'il en a assez pour me permettre de me délier de son neveu... et de vivre aux côtés de mon unique lien.

Pour ça, il me faut encore l'atteindre ! Je gronde après une jeune lycanthrope et repars à l'assaut de la marée humaine. Ma migraine renforce ma mauvaise humeur, et quand un énième corps me barre la route, je vois rouge. Je perds patience, l'attrape et lui fais une clef de bras avant de l'envoyer paître contre son voisin de droite. Des doigts agrippent soudainement mon épaule, et je me crispe, prête à me battre. Mais quand mon regard croise celui d'une personne bien connue, je réfrène mes pulsions.

-        Dis donc, Brakon ne fait pas bien son job si tu es aussi pleine d'énergie ! s'amuse Hanor. Dois-je te redonner les consignes que l'on donne aux louveteaux ?

Je rougis, les connaissant déjà parfaitement. On ne tape pas. On ne mord pas. Et surtout, on ne mâche aucune chaussure. Vivre avec les loups n'est pas forcément une très bonne chose. Je développe un côté rustre et bagarreur que je n'avais pas jusqu'à présent. Mais à les voir se battre tout le temps et se courir après comme des enfants... J'ai tendance à adopter les mêmes attitudes. Le loup que j'ai envoyé au tapis marmonne quelque chose à mon attention, mais je sais qu'il n'osera pas m'affronter. Sans rire, je commence à avoir une sacrée réputation par ici, surtout depuis que tout le monde a appris que Brakon m'entraînait.

-        Non, ça devrait aller, grogné-je à l'intention de mon interlocuteur.

Hanor, le frère jumeau du très détesté Hermias, me relâche tout en gardant le sourire. Je m'attends à ce qu'il me fasse un sermon sur mon comportement, mais il n'en est rien.

-              Tu ne serais pas un peu louve par hasard ? me demande-t-il, taquin.

Je l'observe pendant deux minutes avec des yeux ronds et, bien que je ne sois pas d'humeur, finis par lui adresser un petit sourire. Après tout, c'est moi qui suis en tort.

-              Je suis désolée. Je dois aller parler à Masque Rouge, et je me suis peut-être emportée.

-              Peut-être ? répète-t-il en croisant les bras, goguenard. Tu as conscience que cet incident va arriver aux oreilles de Brakon ?