Chapitre 16

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Lorsque Dimitri et moi rentrons dans la grotte, Dérius et Stevan nous attendent de pied ferme, le visage grave. Immédiatement alerte, je m'empresse d'arriver à leur hauteur. Ont-ils eu un appel d'Akim plus tôt ?

-        Que se passe-t-il ? les pressé-je, impatiente de connaître la raison de leur énervement.

Les deux hommes se lancent un bref regard surpris avant de me dévisager comme si j'étais folle. Je pourrais comprendre, s'ils étaient au courant de mon petit voyage dans la tête de Dimitri. Mais comme ce n'est pas le cas... je nage en eau trouble et aurais bien besoin d'un coup de main pour comprendre. Stevan crispe la mâchoire, puis consent à m'éclaircir.

-        Ce qui s'est passé, Lena, déclare-t-il durement, c'est que tu es partie, sans ta veste, alors qu'une tempête approche et que Bregolas a instauré des roulements de sorties pour une bonne raison ! Il se passe que nous devons être discrets et...

-        Et tu nous as fait très peur, l'interrompt rapidement Dérius en m'attrapant par les épaules.

Il lance un regard assez explicite à son voisin puis me fait une brève accolade.

-        Ne fais pas attention à lui, me murmure-t-il à l'oreille, il fait juste son papa poule. Je savais que tu n'étais pas en danger, mais j'ai eu du mal à le garder près de moi.

Le principal concerné grogne, mais se retient d'en rajouter. Je recule légèrement et dévisage l'hybride comme s'il lui était poussé un troisième œil. Face à mon air surpris, il ricane puis fait un pas en arrière, sous le regard attentif des deux vampires.

-        Je ne suis pas totalement inutile, comme tu peux le constater.

Ce qu'il sous-entend, c'est qu'après le départ précipité de Dimitri, il a retenu Stevan pour me laisser discuter avec mon âme sœur. Dérius savait que nous avions besoin de ça pour mettre les choses au clair. Il avait raison sur toute la ligne. Pour le moment, Dimitri et moi... sommes apaisés. J'ignore combien de temps va durer cette paix, mais je vais savourer chaque minute. Grâce à mon nouvel ami.

-        Merci, me contenté-je de lui dire alors que, dans mes yeux, glisse une myriade d'autres émotions.

Dérius les voit sans aucun mal et m'offre un sourire craquant, qui me pousse à maudire son loup. Si celui-ci n'était pas si caractériel, l'hybride aurait depuis longtemps une louve à son bras capable d'alléger sa solitude. Être le parfait métissage de deux peuples se détestant est loin d'être une chose facile à vivre. Dérius me l'a plus d'une fois expliqué. Tantôt craint tantôt admiré, mais rarement pour sa vraie personnalité. Voilà le triste sort réservé aux êtres anormaux. Je suis bien placée pour reconnaître la véracité de ses propos.

Me détournant de lui avant d'être engloutie par des pensées plus sombres, je m'avance vers Stevan, toujours à cran, et dépose un baiser sur sa joue. Je suis obligée de me mettre sur la pointe des pieds et de poser une main sur son torse pour le faire, tant cet abruti ne fait rien pour m'aider. Cependant, lorsque je me recule, je le sens plus apaisé, comme si mes lèvres avaient un pouvoir magique. Je sais bien que ses mots ne sont dus qu'à la frayeur et je sais aussi que mon geste ne va pas effacer la peur qu'il a ressentie, mais cela semble l'estomper un peu.

-        Désolé de t'avoir fait peur, ce n'était pas du tout mon attention.

Je croise son regard chocolat, et le découvre un peu plus adoucit. Ma main toujours sur sa poitrine me permet de sentir son cœur ralentir et son humeur s'alléger.

-        Prends ta veste la prochaine fois que l'envie de liberté est trop forte.

-        Je le ferais.

3 mois sous silence - L'Explosion (Tome 4)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant