Chapitre 36 - Le réveil

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Média : Broken Sleep – Agnes Obel



Dimanche 15 septembre 2019

J'ouvre péniblement les yeux et malgré le brouillard de mon cerveau, je constate que je ne suis pas dans ma chambre. J'essaye de me repérer visuellement dans la pénombre mais ne reconnais pas les lieux, j'ai une migraine d'enfer et aucun souvenir de la fin de soirée. J'écarte les draps pour me lever et réalise avec stupeur que je suis nue. Je me recouche en me recouvrant pour dissimuler mon corps et me retourne pour trouver un indice sur le propriétaire de ce lit. Aussitôt une agréable odeur vient me chatouiller les narines, je rapproche mon nez de l'oreiller qui me fait face et me fige en reconnaissant ce parfum doux et boisé, j'ai couché avec Robin !

Je tâte doucement le matelas à la recherche de sa présence mais le grand lit est vide. Je me lève en m'enroulant dans le drap pour écarter les rideaux qui occultent la lumière et avoir un peu plus de visibilité sur mon environnement. Je suis éblouie par le soleil qui est déjà haut dans le ciel, je n'ai aucune idée de l'heure, il n'y a pas de réveil sur les tables de nuit et mon téléphone n'est pas là.

Je regarde par la baie vitrée, je suis rassurée de voir l'immense rectangle de verdure de Central Park face à moi, je suis toujours à New-York. Nous devons être dans les derniers étages d'un des buildings qui entourent le parc vu le panorama sur la ville.

Je parcours l'endroit des yeux, cette chambre est vraiment très spacieuse pour une pièce de nuit. La décoration est épurée mais élégante à l'image de son occupant. Un parquet couleur miel recouvre le sol, les murs sont immaculés à l'exception de celui en briques au milieu duquel l'immense lit trône et du miroir qui le jouxte. Les rideaux et les draps sont noirs, il y a deux chevets en teck de chaque côté du lit et un magnifique fauteuil en cuir Camel dans un angle. Je trouve posé sur celui-ci un peignoir blanc plié avec soin, je suppose qu'il a été laissé ici à mon intention alors je m'en empare et l'enfile en laissant glisser le drap que je dispose méticuleusement sur le lit.

La chambre est munie de trois portes coulissantes donc une double qui est sans aucun doute celle pour accéder au reste du logement. Mais avant de sortir, j'ai une envie urgente d'aller aux toilettes donc j'entreprends d'ouvrir une des portes qui me fait face. La lumière qui s'allume toute seule me surprend et je découvre le dressing. Malgré mon besoin pressant, je prends le temps d'entrer pour parcourir l'endroit des yeux. Je suis époustouflée par la beauté de cette pièce, le même parquet miel jonche le sol et les murs sont recouverts jusqu'au plafond d'étagères et de penderies en bois noir. Tout est impeccable, les vêtements sont rangés avec raffinement, une barre en laiton pour les cravates, des casiers éclairés pour les chaussures, des tiroirs avec la façade en verre, il y a même une échelle en bois et laiton pour accéder aux rangements les plus hauts, comme dans les bibliothèques.

Sur un mur, un cadre, la seule décoration que je trouve depuis mon exploration, attire mon attention, c'est une photo de Robin avec deux autres hommes que je suppose être sa famille. Le plus âgé, certainement son père est au milieu et il tient par les épaules chacun des deux grands gaillards qui l'entoure. Robin est rayonnant, il arbore un sourire et une expression du visage tellement détendu presque juvénile bien que la photo soit relativement récente. L'autre homme est visiblement un peu plus vieux que Robin avec ses rides d'expression sur le front, mais il est tout aussi beau avec ses yeux bleu acier qui vous figent sur place par leur intensité. Même s'il est différent physiquement, je suis presque sûre que c'est son frère, il est tout aussi grand mais plus carré que lui et il y a quelque chose dans son sourire charmeur qui me rappelle celui de Robin. Je suis coupée dans ma contemplation de ce portrait de famille par mon envie pressante qui me rappelle à l'ordre.

Je referme délicatement la porte derrière moi et cours jusqu'à l'autre où je découvre enfin la salle de bain. Je m'assois rapidement sur les toilettes et prends le temps de détailler la pièce. Je n'ai jamais vu une salle de bain aussi grande, le sol est en granit et les murs en teck. A ma gauche, se trouve une vaste douche italienne et à ma droite un meuble en teck avec deux vasques en pierre noire. Dans le fond, cernée par des baies vitrées, une magnifique baignoire en granit est posée tel un galet sur une dalle d'ardoise. Encore une fois, je suis ébahie par cette élégance, ce sentiment de pureté. Décidément, Robin a vraiment bon goût en aménagement d'intérieur, j'ai hâte de découvrir le reste de son logement.

Enfin soulagée et rassurée sur mon allure dans le miroir, je sors de la chambre et je suis surprise d'être sur une mezzanine qui surplombe le vaste salon. Une immense baie vitrée de style industriel qui recouvre toute la surface du mur jusqu'à l'étage inférieur, me fait face. Je me penche mais ne distingue pas Robin en dessous.

Je descends lentement les marches de l'escalier et j'arrive dans le salon où la décoration est dans le même esprit qu'à l'étage, sol en granit noir, grand canapé en cuir Camel, table basse en teck, pas de décoration hormis deux bibliothèques garnies de livres et un immense écran plat accroché à un mur en briques. Je continue ma progression à la recherche de mon hôte mais je ne le vois toujours pas. J'admire un magnifique piano à queue laqué noir positionné au centre de cet immense espace de vie lorsque je le distingue enfin.

Il s'affaire dans la cuisine et me tourne le dos. Je m'arrête pour l'observer évoluer dans son environnement. Il est totalement différent, d'une simplicité déconcertante vêtu d'un t-shirt moulant blanc et d'un bas de jogging gris qui lui tombe sur les hanches. Ses cheveux sont légèrement en bataille mais il est toujours aussi beau et captivant. Je m'approche délicatement, j'entends de la musique et il se met à chanter, cette voix de baryton qui pénètre mes entrailles. Je reconnais la chanson « Human », et j'ai des frissons qui me parcourent le corps, l'entendre prononcer ces paroles avec tellement de conviction, lui qui paraît si sûr de lui, m'émeut au plus profond de mon être.

Je continue mon approche lorsqu'il remarque enfin ma présence. Il cesse de chanter et un sourire irradie son visage.

— Bonjour Bella. Bien dormi ? Tenez buvez ça, me dit-il calmement en me tendant un verre d'eau dans lequel il glisse un cachet d'aspirine.

— Bonjour, réponds-je intimidée en attrapant le récipient.

Je m'appuie contre l'îlot central de la cuisine et bois le médicament à petite gorgée. J'espère que cela va rapidement soulager ma migraine car j'ai l'impression que ma tête est au bord de l'implosion. Robin semble comprendre ma souffrance et m'intime de m'assoir sur une des chaises hautes pendant qu'il termine la cuisson des pancakes.

Je hume la bonne odeur qui se dégage de la poêle, malgré mon mal de tête je suis affamée. Robin ne cesse de me jeter des œillades. Je baisse la tête et m'aperçois que la ceinture du peignoir s'est desserrée sans que je m'en rende compte, j'ai complètement oublié que je suis totalement nue en dessous et j'offre une vue dégagée sur un sillon de peau qui s'étend du creux de mes seins à mon ventre. Le coquin, il ne disait rien mais il en profite pour se rincer l'œil, pensé-je en rajustant le peignoir.

Il dépose une assiette rempli de crêpes et s'installe face à moi. La table est garnie de confitures, sirop d'érable, de la charcuterie, du fromage, des petits pains et des fruits. Il a prévu de la nourriture pour une famille nombreuse. Nous dégustons son délicieux petit-déjeuner sans dire un mot, chacun se contentant de manger en contemplant l'autre, savourant ce moment simple juste rythmé par le son feutré de la musique. J'ai envie de lui demander ce qu'il s'est passé cette nuit entre nous et où sont rangées mes affaires mais pour le moment, je préfère profiter de cet instant de plénitude avec lui.

 J'ai envie de lui demander ce qu'il s'est passé cette nuit entre nous et où sont rangées mes affaires mais pour le moment, je préfère profiter de cet instant de plénitude avec lui

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With You [Terminée]Where stories live. Discover now