Chapitre 3 - Carpe diem

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Média : All the pretty girls – Kaleo

2 août 2019

Après une bonne douche bien chaude, je m'allonge sur mon lit, enroulée dans ma serviette. J'attrape mon téléphone pour mettre de la musique quand je m'aperçois que j'ai un appel visio en absence de Nina. Rien que de voir la photo de mon amie sur mon fond d'écran je suis ressourcée. Elle me manque tellement. Nina est comme ma sœur, c'est mon âme sœur, mon rayon de soleil. Nos parents sont voisins et nous avons grandi ensemble. On ne s'est presque jamais quittées, même nos études nous les avons faites au même endroit. Nina a fait l'Ecole du Design option mode pour devenir styliste. Son père est tailleur de costume sur mesure, il lui a transmis sa passion de la couture et du travail des étoffes. Notre binôme de choc a fait la connaissance de Nathaniel sur un banc du Pratt Institut. Cela a été un coup de foudre amical quasi instantané.

Nate, c'est moi au masculin, toujours en train de griffonner des plans sur un carnet, un brin rêveur mais toujours partant pour s'amuser ou nous faire rire. Il a fait l'Ecole d'Architecture et il compte rejoindre l'agence immobilière de son cousin Martin à son retour de ce qui devait être notre tour du monde. Nous avons fait notre dernière année d'études à l'international, Nate à Londres, Nina à Milan et moi à Florence.

C'est au cours de cette année de séparation que nous avons décidé de nous octroyer un an sabbatique rien que tous les trois avant de commencer notre carrière professionnelle.

Lorsque j'ai dû rentrer pour l'enterrement de mon grand-père, ils voulaient m'accompagner. Mais je n'ai pas voulu, j'ai préféré qu'ils continuent le périple et me fassent vivre la suite de leurs découvertes par procuration grâce aux moyens modernes que nous offrent les nouvelles technologies. Ainsi, ils m'appellent par visio dès que le réseau le permet ou qu'ils trouvent du wifi.

J'enfile un jean et t-shirt, passe un coup de brosse dans mes cheveux et m'installe confortablement contre mes oreillers. Je prends mon téléphone et lance l'appel visio. Je suis tellement excitée de leur parler, de les voir ! Au bout de trois sonneries, le visage de Nina apparaît avec un sourire radieux, comme toujours. Ce n'est pas pour rien que je la surnomme mon rayon de soleil.

— Holà guapa ! Comme ça fait plaisir de te voir ma Loulette ! Comment vas-tu ? Le boulot se passe bien ? Pas trop difficile de bosser avec ton père et ton frangin ? Quoi...aïe ! Nate vient de mettre un coup de pied aux fesses. Il dit que je parle trop et que ne te laisse pas en placer une, me débite-t-elle en éclatant de rire.

— Je suis trop contente de t'entendre ma Nanou ! C'est vrai que tu parles beaucoup mais c'est aussi pour ça qu'on t'aime, lui réponds-je en lui envoyant un bisou de consolation à travers l'écran. Il est où l'affreux qui te maltraite ?

— Il est allongé derrière moi. On vient juste d'arriver à l'hôtel. On est à Cuzco au Pérou. Aujourd'hui on a escaladé jusqu'au Machu Picchu, c'était magique ! On t'enverra quelques photos tout à l'heure. Bon alors et toi, raconte !

Je lui relate ma première semaine à l'atelier, ma rencontre un peu troublante avec Mickael et le fait que je le retrouve chez moi ce soir en rentrant du footing. J'ai besoin des conseils de mon amie car j'avoue que l'attitude de Mickael me perturbe.

— Tu sais quoi Loulette, tu te poses trop de questions. Il faut vivre ! Il te plaît, et bien laisse le faire et tu verras bien jusqu'où il va aller. On ne te demande pas de te marier avec, de toute façon il est déjà pris, se moque-t-elle.

— Tu as raison, carpe diem ! Je vais descendre les rejoindre, boire un verre, ou deux ou trois... et m'amuser un peu. Heureusement que je t'ai ma Nanou, même si t'es un moulin à paroles, je te garde ! la raillé-je.

Je vois derrière elle la tête de Nate me sourire à pleines dents en me levant le pouce. J'adore notre complicité à tous les trois.

Avant de couper l'appel, ils m'annoncent qu'ils seront de retour à New York dans maximum un mois. Je fais le calcul rapide dans ma tête, ils seront là pour mon anniversaire. Je saute de joie, leur envoie pleins de baisers avec la main et raccroche.

Forte de cette nouvelle résolution, je descends les escaliers pour rejoindre mon frère et Mickael. Ils sont installés sur la terrasse où Alessandro a aménagé un coin salon  d'été avec canapé d'angle, fauteuils et tables basses entourés de guirlandes lumineuses et de plantes vertes, c'est l'endroit idéal pour les soirées estivales. Ils ont allumé la musique et des airs latinos se dispersent doucement dans l'air. Mon frère m'accueille avec le sourire.

— Ça y est tu as fini de bouder ! me taquine-t-il. Viens te mettre dans l'ambiance avec nous. Je te sers un verre ? Tu verras, Mick ne s'est pas moqué de nous.

J'accepte son invitation et m'installe à ses côtés sur le grand canapé d'angle. Mickael sert du Mezcal dans un verre et me le tend. J'hésite un instant, et puis je me remémore les recommandations de Nina et attrape le verre en le regardant bien dans les yeux avec un air de défi. Je vais pour porter le breuvage à mes lèvres lorsque la main de Mickael saisit mon bras.

— Chez moi, on dit « El Mezcal no se bebe a sorbos sino a besos ». Ce qui signifie : le Mezcal ne se boit pas à gorgées mais à baisers, me précise-t-il. Prends juste une petite gorgée et savoure le goût et la douce chaleur se répandre sur tes lèvres et dans ta bouche.

Ces paroles prononcées d'une façon si sensuelle me font de l'effet jusqu'au bas du ventre. C'est toute émoustillée que j'applique ses recommandations et me délecte des sensations nouvelles que m'apportent le liquide doré. Après quelques gorgées, je commence à sentir l'alcool me monter à la tête. Pendant que mon frère décide de commander des pizzas, je me lève et m'appuie sur le rebord de la balustrade pour admirer la vue et reprendre un peu mes esprits. J'attrape mon paquet de cigarettes, je suis une fumeuse occasionnelle et j'avoue que c'est mon petit péché lorsque je suis en soirée. Je cherche un briquet lorsque une voix me glisse tout prêt de l'oreille :

— Tu veux que je t'allume ?

Je sursaute et me retourne précipitamment pour faire face à Mickael qui me regarde avec un sourire en coin. Sa question étant à double sens, je décide de le taquiner un peu pour tester ses limites.

— Avec plaisir, minaudé-je.

Celui-ci ne tarde pas à réagir et se penche vers moi. Son visage arrivé à ma hauteur, il observe mes lèvres. Alors que je crois qu'il va m'embrasser, celui-ci s'empare de la cigarette en se redressant, il la porte à sa bouche et l'allume. Il tire une taffe et me la dépose sur le bord des lèvres avec un rictus coquin et des yeux brillants de malice. Mon frère nous rejoint sur la terrasse coupant court à notre tête à tête.

Nous nous asseyons pour manger les pizzas et passons un agréable moment tous les trois à nous raconter des anecdotes tout en finissant la bouteille de Mezcal. Au cours de la soirée, je n'ai pas pu retenir mes yeux de vagabonder sur le bel hidalgo. Son visage avenant et son sourire charmeur sont vraiment craquants. Mais dois-je pour autant céder à la tentation comme me l'a suggéré Nina ?

 Mais dois-je pour autant céder à la tentation comme me l'a suggéré Nina ?

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With You [Terminée]Where stories live. Discover now