33. Cui-cui

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"Gouzi gouzi gouzaaa !"

Le Professeur Rogue caressait le ventre de ses chauves-souris devant ses deux élèves interloqués.

"Je crois qu'on l'a rendu fou…" murmura Harry à Max.

"On ferait mieux de le laisser, mon cerveau va finir par débloquer à force."

"Max, t'es déjà dingue, tu sais ?"

"Ah oui, c'est vrai. Bah on peut rester alors."

Ils se regardèrent puis hochèrent négativement la tête, ils voulaient juste s'en aller et plonger leur tête dans un grand bol de moutarde pour oublier. Sans doute allaient-ils finir par s'envoyer des carottes au visage aussi, un p'tit tour normal dans les cuisines, quoi...

"Les jumeaux, avant de partir, j'ai renforcé l'une de mes améliorations personnelles de la potion tue-loup. Vous pourriez peut-être en confier un échantillon à votre hibou, j'ai cru comprendre que vous en aviez un qui ne sait pas très bien voler mais qui est très fiable."

Il leur donna une fiole puis les congédia en signant un papier leur permettant de ne pas être réprimandé pour avoir manqué le dernier cours de leur journée. À peine la porte se referma-t-elle qu'Harry se précipita en une course effrénée dans le couloir, loin de là.

"Hé ! Où tu vas, comme ça ?!" hurla Max.

"Il me faut une pensine, le plus rapidement possible, je dois enlever ça de ma tête !"

"Red dit que nos souvenirs font parti de nous et qu'on ne devrait pas s'en débarrasser, aussi douloureux soient-ils."

"Ah nan mais je ne parle pas de ça, je viens juste de me faire agresser par un professeur, tout va bien..." et sans doute que ça n'allait pas mais bon, il ne s'en rendait visiblement pas compte. "Je dois éjecter ses souvenirs à lui, il a vraiment une vie de merde et je veux pas garder ça dans mon crâne, ÇA BRÛÛÛLE !"

"Qu'est-ce que tu veux dire par ses souvenirs à lui ? Tu n'as quand même pas..."

"Il était trop occupé à se prendre les miens en pleine face, ses barrières étaient abaissées et notre esprit tellement connecté que j'ai juste eu à les cueillir… C'était facile. Douloureux mais ça aurait été bête de laisser filer l'occasion !"

"Tu... Tu es génial !"

"Je sais." répondit-il. "Il me faut une pensine !"

"Tu peux voir toute sa vie ? Genre, il a déjà embrassé une fille ?!"

"Euh... Laisse-moi voir... Étrangement, oui."

Max sautilla sur place comme une gamine en tapotant ses mains l'une sur l'autre, toute joyeuse à l'idée de visionner ces souvenirs par elle-même quand ils auraient trouvé une pensine.

"Ça craint un peu, d'ailleurs." ricanna Harry face au ridicule de la scène. "La pauvre fille, j'aurai pas aimé être à sa place..."

"Elle ressemble à quoi ?!"

"Super belle, en plus : rousse aux yeux verts avec le visage pâle et des p'tites tâches de rousseur adorables. Elle a le visage doux... Même son prénom est délicat, c'est une fleur : Lily. Dommage qu'elle s'appelle Evans, ça casse un peu la poésie."

Max arrêta de sauter et même carrément de respirer, blanche comme un cadavre et les lèvres tremblantes.

"Lily Evans ?!"

"Euh... Oui. Pourquoi, tu la connais ?"

Oh mince, Max se sentait tellement mal d'un coup : comment on annonce ça ?!

"Harry, euh... Lily Evans... c'est..."

"Quoi ?!"

"C'est ta mère !"

Oh merde. C'était au tour d'Harry de se sentir mal... D'autant plus qu'il ne pouvait pas s'empêcher de fouiller encore plus dans la mémoire de son professeur de potion, recueillant le plus d'informations possibles sur Lily et ce qu'il voyait ne lui plaisait pas. Du tout.

"Il... Il a EMBRASSÉ ma mère ?! MA MÈRE !"

"Je suis désolée, Harry. On... on va te trouver une pensine le plus rapidement possible, Michael devrait être capable de t'en faire livrer une avant demain."

"Ma mère avec notre enfoiré de prof de potion ! AAAH !"

"Calme-toi… Ça pourrait être pire, au moins t'es pas son fils !"

"AAAH ! SI ÇA SE TROUVE JE SUIS SON FILS !"

"Non, c'est pas vraiment ce que j'ai... Euh... Laisse tomber." dit Max avant d'attraper un petit téléphone à clapet que Michael lui avait donné pour une situation d'urgence uniquement.

...

"Allô ?! Michael, j'ai besoin de toi, tout de suite, on est dans les cachots : Harry doit acheter une pensine."

...

"Non mais c'est vraiment une urgence : il a les souvenirs de Rogue dans sa tête... euh… longue histoire."

...

"Plus vite que ça, il a vu ROGUE embrasser SA MÈRE !"

Clang, un tableau fut éjecté du mur, atterrissant sur l'épée tranchante d'une des armures qui gardaient le château et dévoilant un passage d'où surgit Michael, couvert de poussière.

"Mince, t'aurais dû commencer par là ! Le pauvre, comment va-t-il ?"

"Les p'tits oiseaux dans le ciel d'hiveeer !" chantait Harry en pleurant et riant à la fois. "Dansent, dansent dans les nuages de poussièèère !"

"Pas très bien." commenta Max.

"LEUR AILES CRAMÉÉS PAR LE SOLEIL ACIIIDE !" continua-t-il en hurlant. "ILS PLONGENT AU SOL ET SE SUICIIIDENT !"

"Pas bien du tout." reprit Michael.

"LA MOOORT !"

"Ouais, t'as raison…" confirma Max et ils se regardèrent avant d'ajouter d'une même voix : "C'est trop bizarre qu'il chante aussi juste !"

"MICHAAAEL !" hurla le Survivant, faisant trembler les murs et ses deux amis. "C'est très très important, il faut à tout prix que tu t'intéresses aux prothèses bioniques. Ça va nous aider à pulvériser le p'tit Voldy !"

"Hein ?! C… Comment on en est arrivé là ?" demanda Michael à Max.

"Crois-moi, je me pose cette question tous les jours…"

"Les p'tits oiseaux dans le ciel d'hiveeer…"

"Et c'est reparti pour un tour !"

"Notre vie n'a aucun sens..."

"Cui-cui."

Livre 1 : Le Pouvoir de l'École ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant