59. J'emmerde les labos pharmaceutiques

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Ce matin-là n'était pas différent de la veille qui elle- même était semblable aux 1.674.866 jours précédents qui eux-même étaient pareils que les… enfin bref... vous avez compris l'idée.

Nicolas Flamel ne dormait pas, son corps n'en n'avait plus besoin et il mangeait parfois, uniquement lorsqu'il perdait trop le fils des jours qui ressemblaient à ses nuits.

"Tu as bien pris tes anti-depresseurs ?" demandait sa femme, régulièrement, peut-être une fois par jour, peut-être plus ou peut-être moins.

"J'emmerde les labos pharmaceutiques." répondait Nicolas avant de s'assoir sur son fauteuil pour regarder le mur.

Lire ?! À quoi bon, il pouvait prédire la fin des bouquins de fiction avant même d'ouvrir la première page et il avait entassé toutes les connaissances du monde dans un flacon avant de fêter son treizième anniversaire. Écrire ?! Il avait passé tant d'années à communiquer ses savoirs, et pour rien d'autre que la cupidité folle de ses semblables. Étudier ?! Et s'il était allé au bout, depuis longtemps déjà ?

À force de vivre éternellement, il n'avait plus aucun plaisir...

Alors il s'asseyait là des jours durant, face à sa femme : lui ridiculeusement jeune avec ses cheveux en pétard et retombant sur un visage à peine marqué, la trentaine pas plus, avec un regard de centenaire et elle beaucoup plus âgée avec ses cheveux blancs ramenés dans une queue de cheval serrée derrière son visage parcemé par des rides qui lui donnaient un air de grand-mère avec un regard éternellement jeune.

"Ouvre la bouche." dit Pernelle en lui glissant quelques gouttes de potions sous la langue.

"Il ne se passe jamais rien." grogna-t-il.

"Notre vie serait plus animée si tu étais moins... mmmh..." elle chercha ses mots. "Paranoïaque."

"J'ai donné la Pierre à Dumbledore, ok ?! Qu'est-ce que je pourrais faire de plus ?"

"Bah je ne sais pas..." répondit-elle avant de fixer la fenêtre, pensivement. "Je ne sais pas..."

Il se recroquevilla sur son fauteuil, fixant le vide comme il le faisait des jours durant sans ne jamais se lasser ou peut-être s'était-il lassé justement mais depuis tellement longtemps que ça n'avait plus d'importance.

Toc - Toc - Toc

Le hibou frappa trois fois à la vitre avec son bec avant d'entrer dans l'une des nombreuses bibliothèques du Manoir, il secoua ses ailes avant de relever la tête et croiser le regard de Pernelle.

"Tiens ?! On a du courrier ? Ça remonte à quoi... au moins cent ans ?!"

Elle secoua l'épaule de Nicolas qui grogna en remontant ses jambes contre son torse. Oh. Ça ne semblait pas l'intéresser... Dommage.

Pouf, l'oiseau fit place à un petit garçon brun qui flottait dans un sweat-shirt bleu marqué de l'emblème des serdaigles. Il remonta sa paire de lunettes sur son nez, ses yeux observant attentivement la bibliothèque sans prêter plus d'attention aux deux sorciers chez qui il avait fait irruption.

"On n'a plus la Pierre, vas-t'en, gamin." dit Nicolas, sèchement.

"Oh, je sais." répondit le jeune. "Je viens justement de Poudlard, j'ai l'ai récupéré aisément et je ne pense pas que Dumbledore soit la personne la plus apte à conserver un artefact d'une telle valeur. Franchement, mettre un Troll des Montagnes et quelques énigmes sur le chemin… C'est du foutage de gueule !"

Livre 1 : Le Pouvoir de l'École ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant