76. FICHEZ LE CAMP

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Severus Rogue courait joyeusement dans un champs de coquelicots, appréciant sans honte l'instant présent : entouré de part et d'autre par ses deux bébés, magnifiques chauves-souris qu'il chériss…

Bang !

Il ouvrit soudainement les yeux, le soleil de son rêve avait disparu le laissant croupir dans sa robe de nuit noire, cachée par ses draps noirs dans sa chambre… noire, bravo, vous suivez. Plus que quelques heures avant la fin officielle de l'année, pourquoi avait-il cru qu'il serait tranquille ?!

"S'lut, Sev'rus." le salua chaleureusement Harry Potter-Black en lui apportant son petit-déjeuner au lit, sur un plateau.

"FICHEZ LE CAMP DE MA CHAMBRE !" hurla-t-il, furieux.

"Faut vraiment que tu te détende, cet été, c'est pas bon pour les nerfs…"

"ET NE ME TUTOYEZ PAS, ESPÈCE DE… DE…"

"C'est moi qui ait gagné les coupes."

"Je sais... Je sais..." grogna le Maître des Potions, conscient du dilemme. "SORTEZ DE LÀ."

Harry lâcha le plateau, brisant plusieurs assiettes et un verre de jus de citrouille avant de déguerpir dans le salon où il décida de l'attendre, miraculeusement perché en haut de sa bibliothèque. À croire que la gravité n'avait aucun impact sur lui...

"C'est vous qui avez demandé à me voir." précisa l'étudiant.

"Pas ici, je vous attendais dans mon bureau."

"Ah parce que ça vous arrive de travailler ?!"

Le Professeur le fusilla du regard, voulut se servir une tasse de café mais ses réserves étaient vides. Bien sûr... Fichu gamin.

"Je voulais vous voir pour... pour..." commença-t-il, coupé dans son élan par sa maladresse habituelle. "Le Professeur McGonagall voulait vous voir." lâcha-t-il enfin, ce n'était pas ça qu'il avait voulu lui dire mais il devrait lui transmettre cette information, de toutes les manières.

"Ah ! C'est tout ?" répliqua Harry en sautant directement du haut de l'étagère au sol, comme s'il était un félin et c'était d'ailleurs pour ça que son Professeur de Métamorphose souhaitait le voir.

Il grommela quelque chose ressemblant fortement à "complique tout pour rien" ou "espèce d'associal pire que nous" ou les deux peut-être… Sûrement les deux vu que les deux phrases ne se ressemblent pas du tout.

"Pott... Bla… Harry ?!"

"Oui oui, je sais : je vais voir le Professeur McGonagall directement dans son bureau sans pirater son mot-de-passe. Ne vous inquiétez pas, elle me fiche trop les pétoches : ne jamais réveiller le lion qui dort."

"Jevoulaisvousdonnerçaparrapportànotrediscutionàl'infirmerie."

"Waw, vous parlez couramment latin ?!"

"Non, c'était... argh, vous êtes agaçant !" grommela le Directeur de la Maison Serpentard en allant chercher un paquet habilement caché dans un renfoncement invisible de sa bibliothèque. "Tenez, prenez ça et fichez le camp."

"… c'est un cadeau ?"

"Posez pas de question et partez."

"… m…"

"DEHORS !"

Un élan de magie surpuissant poussa Harry en arrière, il se protégea tant bien que mal avec un bouclier presque aussi puissant mais fut propulsé encore plus violemment contre la face arrière du portrait dont il s'amusait à pirater le mot-de-passe tous les dimanches matins. Sa tête heurta le mur, il se releva difficilement et se rappela soudainement qu'il faisait face à l'un des rares mangemorts de sang-mêlé aussi proche du Seigneur des Ténèbres, uniquement là grâce à ses études et un talent indéniable.

"Je... je vous laisse." dit Harry avant de s'enfuir, il repassa néanmoins sa tête par l'ouverture. "Désolé pour votre vaisselle, je... je… Ok, je m'en vais."

Il se retrouva seul dans le couloir avec un épais grimoire dans les mains. Ah, bien sûr qu'il y avait du papier cadeau tout autour (noir évidemment) mais il pouvait aisément deviner le contenu des paquets à leur forme, poids et odeur.

Le papier précautionneusement détaché, il dévoila un album photo complet rempli avec des centaines d'images de sa mère, souvent prises à la va-vite et sans son consentement ce qui aurait pu être méga-flippant venant de n'importe qui d'autre mais Lily aurait certainement acceptée d'être photographiée si son ami d'enfance le lui avait demandé. Associal dès le plus jeune âge...

Lily jouant avec sa soeur Pétunia, Lily perchée en haut d'un arbre, Lily faisant de la magie visiblement pas contrôlée mais loin d'être involontaire, Lily entourée par ses parents dans leur maison, Lily devant le Poudlard Express, Lily engueulant James, Lily avec le Choixpeau sur la tête, Lily en cours de potion, Lily brandissant une banderole pour Gryffondor durant un match de Quidditch, Lily s'engueulant avec James (encore), Lily emmitoufflée dans une écharpe vert-et-argent sur plusieurs couches de rouge-et-or avec le nez rouge, Lily s'engueulant avec sa soeur Pétunia, Lily enseveli sous ses révisions, Lily pas du tout rassurée sur son balais, Lily plus âgée (les photos se raréfiaient avec les années qui passaient) traînant avec une bande de quatre garçons dont James, Lily diplômée, et… et... Est-ce que c'était une photo du mariage ?! Vu l'angle, celui qui tenait l'appareil n'avait pas été invité ou ne voulait simplement pas être vu… Les roses blanches derrières lesquels il s'était caché embellissaient étrangement l'image. La dernière photo avait clairement été volée : Lily et James Potter, entouré par un jeune au regard vieux et un blondinet joufflu, il ne manquait que le témoin du mariage (grand mince avec des cheveux bouclés intensément noirs retombant sur ses épaules) et c'était certainement lui qui avait pris la photo. Le couple regardait le bébé avec amour, leur fils, Harry.

"Putain de merde." prononça ce dernier.

"Cent points en moins pour Serpentard."

"Merci." rectifia Harry.

"Cent points pour Serpentard." (c'est si facile, l'éducation...) "Déguerpissez."

Livre 1 : Le Pouvoir de l'École ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant