79. Bienvenue en enfer

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"On rentre à la maison ?"

"Euh..." hésita Red. "… à ce propos, il n'y a plus de maison."

"QUOI ?"

Il leur fallut un moment pour digérer l'information : ils ne reverraient plus jamais la table de la cuisine explosée (presque) chaque matin sous l'impact des fourchettes ou des pancakes, ni leurs chambres et toutes les affaires qu'ils y avait laissé ni le grenier affreusement encombré dont les lattes du parquet avait absorbé leur sang durant les entraînements souvent trop durs. Et surtout… surtout...

"Mais j'avais insufflé une personnalité propre à chaque objet !" s'indigna Harry. "J'adorais discuter avec le grille-pain…"

"Qu'est ce qu'il s'est passé ?" demanda Michael.

S'ils avaient su, ils l'auraient explosé eux-mêmes avant de partir comme un rituel d'adieu. Là, c'était trop violent…

"Cette maison appartenait à des gens, riches millionnaires qui avaient fini par l'abandonner sans trop s'en occuper. Ils sont morts, leur héritage a été distribué entre leurs trois enfants : certains ont rachetés quelques-unes de leurs propriétés, d'autres en ont profité pour payer des dettes et ils ont surtout voulu reprendre celles qui avaient une valeur sentimentales, les autres ont été revendus. Celle-ci a été jugée trop endommagée, ils l'ont carrément rasé pour y construire un immeuble."

"Nooon !"

Max avait l'habitude… Elle avait été recueilli dans un conteneur aménagé sur un terrain vague jusqu'à ce que les Aurors ne s'en mêlent, ils avaient ensuite infiltré une bande de hippies pour quelques mois mais les avaient quitté pour des tensions politiques et avaient fini par se réfugier dans une sorte de maison sous-terraine humide qui ressemblait plus à une cave et qu'elle avait elle-même explosé en découvrant de nouveaux pouvoirs autour de son septième anniversaire.

Elle avait choisi de baptiser leur nouvelle demeure en y accueillant Michael puis Harry était arrivé, deux ans plus tard. Ils n'avaient jamais rien connu d'autre, cette nouvelle les boulversait tout particulièrement.

"J'ai réussi à récupérer ce qui me paraissait le plus important, notamment le Jeu de l'Oie créé par Praesepe et quelques peluches d'enfance de Max mais j'ai abandonné tout ce qui pouvait être racheté. Je suis désolée pour notre Bibliothèque, j'ai dû faire des choix."

"Où est-ce qu'on va aller ?"

Red leur sourit : elle venait de se débarrasser des mauvaises nouvelles, il ne restait plus que la partie agréable. Espérons simplement que son Grand Projet soit accepté, elle avait bossé dessus toute l'année.

"Prenez ce portoloin et vous verrez..."

Les trois louveteaux posèrent une main sur un Vinyle rouillé, Red activa leur téléportation en vérifiant que personne ne les regardait et l'ambiance sonore de la gare disparue pour faire place à un paysage beaucoup plus vert et un silence reposant.

Ils attérirent entre deux champs, leur nouvelle demeure était perdue en plein milieu d'un coin de campagne très isolé. Encore plus grande que leur ancienne maison, les trois louveteaux détournèrent très vite leur attention. Ça n'avait soudainement plus AUCUNE importance.

"C'est qui, eux ?!" s'indignèrent Harry et Michael.

"Bah dis donc, t'as pas chaumé…" commenta Max qui était beaucoup plus habituée.

Évidemment, ils avaient tous compris mais refusaient juste de l'admettre… Déjà, accepter un nouveau louveteau, ça aurait été compliqué. Mais carrément quatre ? C'était du délire !

Deux d'entre eux étaient enfermés dans de lourdes protections noires ne laissant apparaître que leurs yeux : deux pupilles rouges qui scrutaient le monde à travers une épaisse vitre très sombre.

Le troisième avait les cheveux aussi noirs que ceux d'Harry et semblait trop âgé pour ne pas déjà être à Poudlard, en troisième ou quatrième année, il daigna jeter un oeil dans leur direction, la lèvre retroussée dans une grimace de dégoût avant de détourner le regard, il les haïssait déjà et les ignorait sciemment.

Enfin, le quatrième était pâle comme la mort, ses cheveux encore plus blonds que ceux des Malfoy, limite blancs et il fixait bêtement le vide à travers ses lunettes de soleil, ne réagissant même pas à leur arrivée et préférant faire comme s'ils n'existaient pas, appuyé nonchalamment sur sa canne aussi blanche que sa peau.

Juste derrière lui, Wolfgang Amadeus les accueilla chaleureusement avec de larges signes de la main mais les trois jeunes élèves à Poudlard le détestaient déjà depuis qu'il les avait chacun confronté à la justice pour éviter qu'ils ne se heurtent à d'autres aurors plus violents que lui.

Ok ok, récapitulons : une nouvelle maison, un lieu paumé, quatre inconnus visiblement imbuvables et un auror-de-mes-couilles qui ne les avait jamais aimé ?! C'était ÇA, leur été ?

"Bienvenue au Chenil."

Bienvenue en enfer, ouais.

Livre 1 : Le Pouvoir de l'École ©Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ