- Chapitre 69

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Comme prévu, nous allions donc à l'hôpital. Nous n'étions que deux, Matthew et mon père désirant nous laisser un peu d'intimité. Comme Ayden l'avait deviné, les paparazzis avaient profité de cet accident pour en faire un scandale et faire la une des magazines. " L'oméga ne pouvant pas avoir d'enfant était en fait enceinte " , " Le premier héritier de la famille Ksay, meurt avant même de naître ". Tous ces titres étaient d'une violence inouïe lorsque je les lisais et pourtant... Je me disais que c'était tout simplement la réalité. Que même si les mots utilisés étaient violents... Ils ne décrivaient que ce qu'il s'était passé.

Mon cher alpha se garait dans le parking de l'hôpital. J'ouvrais ma portière et il prenait ma main dans la sienne. Nous rentrions alors dans l'hôpital. Immédiatement, je sentais une boule se former dans mon ventre et tous mes souvenirs me revenaient subitement en mémoire. Je ne pouvais les arrêter. Je revoyais le corps de ma fille. Son petit corps inanimé et pourtant si fragile. Ayden remarquait que je ne me sentais pas bien. Certainement car j'étais en train de lui détruire sa main. Il me regardait et me prenait alors dans ses bras.

- Ne pense plus à ça, c'est fini Nolan. Tout ira mieux désormais.

Un docteur venait vers nous. Il nous emmenait dans son bureau. Je ne contrôlais plus mon corps. Je me contentais de suivre Ayden. Je voulais juste partir d'ici le plus vite possible. Je m'installais aux côtés de mon alpha qui ne lâchait pas ma main. Je levais les yeux et je regardais le docteur. Je reprenais enfin le contrôle de mon corps et je me concentrais alors sur la conversation qui avait lieu.

- Et donc ? Les résultats de mon oméga ont été échangés. Vous pensez que vous excusez suffi ? Vous vous trompez.

- Monsieur Ksay... Nous sommes vraiment désolés... Si nous pouvons faire quoi que ce soit-

- Vous vous foutez de moi ?

Ayden était froid. Pas seulement dans ses paroles, mais aussi dans le regard qu'il avait. Même s'il me disait d'avancer, lui-même ne parvenait pas à avancer, à tourner la page. Lui aussi devait encore avoir l'image de notre fille en tête. Lui aussi avait perdu son enfant. Je posais ma main sur sa cuisse et il posait sa main sur la mienne. Nos doigts s'entremêlaient et nos regards s'échangèrent.

- Monsieur Ksay...

- Virez-moi ceux qui ont fait cette erreur.

- Mais-

- Mais ? Vous trouvez encore quelque chose à dire après tout ce que vous avez fait ? Je suis vraiment obligé d'employer les grands moyens avec vous ? Je peux le faire et je n'hésiterai pas à le faire.

- Très bien monsieur Ksay..

- Ayden, je vais aux toilettes...

Je me levais et je quittais donc ce bureau. J'avais besoin d'air frais. J'en avais plus que besoin. Je percutais un infirmier. Je m'excusais alors rapidement. Ce n'était pas de sa faute, mais de la mienne. Je souriais légèrement en reconnaissant l'infirmier. C'était celui qui était resté à mes côtés pendant mon séjour à l'hôpital.

- Oh ! Monsieur Eird ! Comment allez-vous ?

- J'ai connu des jours meilleurs, et vous ?

- De même.

Il se rapprochait légèrement de moi et commençait à chuchoter : " Venez dans la chambre 214, c'est important s'il vous plaît... " .

- Je dois vous laisser monsieur Eird. Bonne journée à vous.

Il s'éloignait alors de moi sans que je n'eus le temps de comprendre. J'arrêtais alors de me poser encore plus de questions et je partais dans l'ascenseur. Je trouvais assez rapidement la chambre 214 et je rentrais après avoir toqué. L'infirmier se tenait devant moi et vérifiait qu'il n'y avait personne.

- Je suis désolé de vous déranger, mais il fallait que je vous le dise.

- Je vous écoute.

Quelqu'un rentrait dans la chambre. Nous nous retournions tous deux pour voir qui c'était. Je souriais en reconnaissant mon alpha alors que l'oméga baissait instinctivement ses yeux au sol.

- Ne vous inquiétez pas. Il ne fait que grogner mais ne mord pas.

- Je ne mords pas, je déchiquète pour qu'il ne reste que les os à la fin. Ce n'est pas la même chose. Il faut croire que mes dents sont très aiguisées.

- Ignorez-le. Que vouliez-vous me dire ?

Ayden me regardait en posant sa main sur ma hanche d'un air possessif. Je le laissais faire, commençant par y être habitué. L'oméga en face de nous tentait tant bien que mal de maintenir son regard, cependant, il finissait constamment par regarder à nouveau le sol.

- C'était une blague. Ne vous inquiétez pas, vous pouvez nous parler.

Il relevait alors ses yeux et prenait une grande inspiration. Après quelques secondes, il commençait à parler. Nous l'écoutions tous deux, étant attentifs à chacun de ses mots... Et pour cause.

- Votre bébé... Il y avait bien un moyen de le sauver. De la sauver elle, mais vous aussi... Je suis désolé de vous l'annoncer comme ça, mais il fallait que vous l'appreniez. En effet, s'ils m'avaient écouté, si les docteurs m'avaient écouté, ils auraient pu vous sauver. Cependant, ils se sont moqués de moi en disant que je n'étais qu'un simple oméga et que je devais connaître ma place dans ce monde. Vous savez, ici, lorsque nous sommes un oméga, nous n'avons pas notre mot à dire. Nous ne pouvons pas nous plaindre ou même nous défendre. Les docteurs ont pris une certaine confiance au fil du temps et désormais ne prennent plus leur travail au sérieux. En tant qu'alpha ils ont été pistonnés pour pouvoir rentrer dans cet hôpital. Dès qu'ils ont vu votre nom, ils ont enfin commencé à vous prendre en charge. Mais ce n'était que parce que vous êtes le futur mari de Ksay Ayden. Ils n'étaient pas pressés de s'occuper de vous puisque... Vous êtes un oméga. Ici, ils ne jurent que par le statut et le pouvoir que possède votre nom. S'ils vous aviez pris en charge plus tôt et qu'ils avaient directement appliqué les protocoles appris, vous auriez pu avoir votre bébé à l'heure actuelle. Certes elle aurait été prématurée, mais désormais nous savons nous occuper de cela.

Je sentais qu'Ayden retenait de s'énerver. Non pas contre l'oméga, mais contre la stupidité de ces médecins. Il lâchait ma main qu'il avait prise un peu plus tôt et sortait de la chambre. Il n'oubliait pas de claquer la porte pour montrer son mécontentement et se diriger d'un pas certain vers ces fameux médecins.

Notre histoire (bxb)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant