- Chapitre 70

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Je le suivais cependant, il marchait bien trop vite pour moi. Alors que lui faisait un pas, je devais en faire trois. Je ne l'avais vu qu'une seule fois dans un état pareil. La première fois que nous nous sommes rencontrés. À la cafétéria, lorsqu'il m'a sorti de cet enfer. Lorsqu'il a déclaré devant tous que nous étions âmes-sœurs. J'arrivais quelques secondes trop tard puisqu'il tenait fermement le col d'une blouse d'un des médecins concernés. Il l'avait plaqué au mur et je le regardais faire. Je ne comptais pas l'arrêter, non.

J'allais le laisser faire, car si lui ne le faisait pas, alors j'allais le faire. Ce médecin méritait amplement ce qui était en train de se passer. Je venais à côté d'Ayden. Il arborait un sourire meurtrier et ses yeux avaient changé de couleur. Ils étaient devenus d'une couleur rouge. Un rouge profond, un rouge sombre, un rouge sang.

- Mais enfin ! Contrôlez votre alpha ! Soyez utile !

Ayden lui donnait un coup-de-poing dans l'estomac. Personne n'osait s'approcher. L'homme crachait au sol, surpris par la violence de ce coup.

- " Soyez utile " ? Et vous ? Vous l'êtes ? Je pourrai vous tuer en une fraction de seconde et rien ne changerait ici. Vous n'êtes docteur que par titre, mais en aucun cas, vous n'en êtes un. Vous avez failli laisser mon oméga mourir. Et vous avez tué mon enfant. Mon premier enfant. Mon unique enfant. Vous n'êtes qu'un connard qui ne mérite pas de vivre, et si ce sont les alphas qui font la loi, alors entre deux alphas, c'est le plus fort qui décide, ne pensez-vous pas ?

Ayden lui avait donné un nouveau coup de poing, mais cette fois-ci, au visage. Il lâchait ensuite le corps de l'homme qui tombait au sol, semblable à une poupée de chiffon. Ayden s'approchait d'un autre médecin qui se mettait immédiatement à genoux. Ce médecin faisait pitié à voir. Il implorait le pardon d'Ayden et pleurait. D'autres s'étaient enfuis hors du réfectoire. Plusieurs alphas se mettaient eux-aussi à genoux. L'aura d'Ayden était beaucoup trop puissante. J'avais moi-même un peu de mal à rester debout, mais Ayden faisait en sorte que son aura ne m'impacte pas énormément. Personne ne pouvait oser lui tenir tête. Personne ne pouvait lui être supérieur.

- Je vous jure que vous le regretterez.

Il disait cette simple phrase et se retournait ensuite dans ma direction. Nous rentrions tous deux chez-moi. Enfin ça, c'était ce que je pensais, mais lorsque je le voyais prendre une autre route, je n'en étais plus aussi sûr. Je posais alors ma main sur sa cuisse. Une part de moi avait peur qu'il me rejette, étant donné qu'il était assez énervé, mais il ne me rejetait pas, au contraire. Je sentais qu'il se détendait légèrement à mon contact. Il était un peu moins crispé et m'adressait un rapide regard avant de se concentrer à nouveau sur la route.

- Je suis désolé de m'être énervé. Tu sais que ce n'était pas contre toi, n'est-ce pas ?

- Bien sûr que oui. Je sais aussi que tu es quelqu'un de calme et pour tout te dire, si tu ne l'avais pas fait alors moi je l'aurai fait. Je déteste le système actuel. Privilégier les alphas parce qu'ils ont la capacité de soumettre les bêtas et omégas. Je sais qu'il y a des alphas qui ne sont pas comme ça, j'en ai même la preuve devant moi. Matthew aussi n'est pas comme ça. Mais qu'est-ce que tu comptes faire Ayden ?

- Aller au conseil. J'ai reçu un message. Les alphas comptent avancer la réunion de demain à aujourd'hui. Lorsqu'une loi est votée, il est très dur de l'annuler. J'ai demandé à certains alphas de faire en sorte que la loi soit revotée, ils ont réussi. Cependant, cela aura lieu dans une dizaine de minutes alors on doit faire vite. Je leur réserve aussi une surprise. S'ils veulent jouer de façon malhonnête, alors je jouerai comme eux le font.

Je savais qu'à ce jeu mon alpha était le plus fort. Il me l'avait déjà plusieurs fois prouvé. Même si nous étions jeunes, nous ne voulions pas perdre notre enfant. Surtout pas dans de telles conditions. Ce n'était qu'un bébé, elle n'avait rien fait pour mériter ça. Mon corps n'était pas le seul à porter des cicatrices. Mes souvenirs en étaient remplis, et Ayden aussi en avait. Une plaie aura beau cicatrisée, jamais elle ne sera totalement effacée. Je savais bien que je ne pouvais pas supprimer ces souvenirs, et je ne le voulais pas. Je le devais bien à ma fille, même si elle n'était plus de ce monde, j'allais faire en sorte que sa mort n'aura pas été vaine. Je ne voulais pas que ce qu'il me soit arrivé se reproduise à nouveau. Ayden continuait de conduire, il essayait tant bien que mal de respecter les limitations de vitesse, mais il les respectait.

Au bout d'une quinzaine de minutes, nous arrivions devant un immense bâtiment. La façade était recouverte de pierres grises et blanches. Quelques secondes, après qu'Ayden se soit garé, une camionnette en faisait de même. À vrai dire, il y avait beaucoup de voitures présentes. Toute plus impressionnantes les unes que les autres. Ayden enfilait sa veste noire. C'était une veste simple mais classique. Elle lui allait parfaitement. Il était légèrement décoiffé, mais cela lui donnait un certain charme. Je me tournais vers le bâtiment. Il y avait écrit " Le Conseil ". C'était donc d'ici qu'était votée toute sorte de loi, de réforme. C'était d'ici qu'était gérée notre société. Ayden m'avait expliqué qu'il avait un rôle assez important au conseil, étant donné que sa famille en faisait partie depuis le commencement.

Il commençait alors à marcher, l'air toujours aussi énervé que tout à l'heure. Son aura était toujours aussi impressionnante que tout à l'heure. On pouvait remarquer à sa démarche qu'il savait pertinemment ce qu'il faisait. Il était sûr de lui et il savait mieux que quiconque comment jouer à ce jeu " malhonnête ". Il allait faire ce qui aurait dû être fait depuis longtemps.

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