𝑱'𝒆́𝒕𝒂𝒊𝒔 𝒍𝒂 𝒄𝒂𝒈𝒆 𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒋𝒂𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒍'𝒐𝒊𝒔𝒆𝒂𝒖

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Je ne peux pas parler de tout ce qui est sacré, alors je m'abstiens de parler de Dieu et de mes parents. Je me retourne vers mes démons. Réminiscence à la vie, elle s'est vraiment arrêtée quand j'avais quatorze ans, ou peut-être, c'est moi qui s'est décédé avant l'heure éternelle ? Car ce qui est venu après n'était vécu qu'en cadavre.

Tu me demandes pourquoi j'ai changé, mais je ne saurais t'expliquer pourquoi le corbeau est à ma poursuite. Tu ne comprends pas pourquoi je parle des pleurs de ton violon. Tu me trouves étrange. Je me trouve familière dans mon abysse.

Tu ne m'écris plus. Peut-être ne l'as-tu jamais fait et je m'acharnais seule à t'aimer. Cela fait deux ans  qu'on s'est perdus ou peut-être douze ans ? Je ne sais plus. Le temps m'est inconnu, je parle à ses détenus. Je te cherche désespérément, mais la fuite colle à tes poumons.

Tu sais, je me sens faner en érosion. Ça fait un bon bout de temps que je me sens vide et c'est pire que mendier ta merci. Je crois que c'est ça le truc à propos de vivre, combattre l'amertume du néant pour en finir submergé.

Je coulais depuis des années, la surface ne m'est plus atteignable. Le monde a continué de tourner et je restais entre les marges à lui en vouloir.

J'avais la pire des maladies, l'illusion mortelle, les chaînes en dentelle. Il est vrai que la défiance m'étranglait, mais la liberté m'échappait. Qu'est-ce une femme au milieu de cette folie ? Une créature divine ou un sort ironique ?

Je ne saurais calmer tes tourments, la règle dit de s'exiler, alors je mets les voiles et je suis les vents. Tu ne me cours pas après , je jette mes lettres aux bords de tes mers, je saigne de l'encre sur tes lèvres froides.
Les oiseaux ne chantonnent plus, tout ce que j'entends, ce sont des cris de détresse, quelque chose de primitif qui sort des gorges sèches.

Je me cache du soleil et de ses astres prétentieux, la lune me foudroie, mais j'ignore ses accusations. Je prends une feuille blanche et je m'étale de nouveau pour tes yeux aveugles. Ton coeur s'est assourdi face à mes peines et lamentations, mais je ne te parle pas pour que tu me répondes. Je cherche juste ta compagnie, quelque chose de si simple que tu refuses de me la donner.

Il fut un temps où tu as su me traduire en prose magnifique. Moi qui fus un mystère pour des milliers, tu as pu déchiffrer mes complexités en mosaïques colorées.

Je continue de me tourmenter en essayant d'arranger frénétiquement ces lettres à ton goût. Peut-être que je veux que tu me comprennes, seulement ça, me garantir l'intimité d'être comprise.

Tu dis de moi poétesse maladive, sensible aux bords excessifs, mais qui suis-je si je traduis l'émotion et les sentiments en des éloges seulement ?

J'ai compris que tu me veuilles comme une cage dorée pour tes désirs tordus, si j'étais la cage, je ne saurais m'ouvrir sous tes mains de bourreaux.

Je perds la voix de la raison, mais je ne suis pas muette, j'ai été possédée, brutalement envoûtée par la passion, transpercée et hantée éternellement. La folie à mes talons, ce fut l'unique échappatoire.

Les vents frappent en tempête, mais l'averse est en moi comme un arrière-plan, comme une prière, comme un rappel que je meurs toujours dans la danse de mes souvenirs.

Vouée aux maux de l'âme, je ne fais qu'encaisser et ça empile en moi, de fardeau en fardeau. J'ai la peur enlacée autour des battements de mon coeur comme des cordes d'un violon.

Ralentir me tuerait, trop d'émotions et de sentiments à digérer. Je tremble de vérité puis je me lasse et je me lâche. Je m'en vais, je me tourne le dos et je m'oublie dans la danse des graines des sables mouvants.

Loin de ta grâce, j'écris jusqu'à l'étouffement, empilant mon bureau de tes rejets déchirants. Je m'écris d'une ferveur non-semblable, les battements de mes ailes faisant frémir les barreaux.

Tu ignores mes batailles et je continue d'écrire pour effacer la défaite qui porte ton nom. Je désaltérerai ma soif de voler vers des horizons étrangers. Je m'abîmerai, il est vrai, mais je le ferai au nom de la poésie sacrée.

Oh mais attends, jadis je fus la cage. C'est moi qui contrôlais les fils de la marionnette, ce fut moi l'auteur de ce drame pathétique, en guise de farce classique, sous tes yeux moqueurs, comme la poussière qui habille la clé de l'instrument monstre que je suis sous tes doigts violents.

«12 𝑺𝑨𝑰𝑺𝑶𝑵𝑺 𝑫𝑬 𝑴𝑰𝑵𝑼𝑰𝑻.»Where stories live. Discover now