𝑺𝒑𝒆𝒄𝒕𝒓𝒂𝒍𝒆

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Dehors, les statues en pierre me fixaient avec leurs yeux figés, jugeant mes couleurs chaudes. Une goutte d'eau tomba du ciel tourmenté et du regard, je la suis se faufiler entre les fissures du pavé, se mélangeant enfin avec la petite rivière créé par ce temps pluvieux.

Dans la cour, une fontaine en pierre résidait gracieusement au milieu, inondée, entourée de toute sorte de plantes, un rosier et quelques arbres éparpillés tout autour, une cour de souvenirs et de statues du passé frigide.

Ça sentait la terre, la terre mouillée, la terre sacrée des âmes cassées. Ça me rappelait le début des soirées confortables près de la fenêtre à contempler le ciel et ses brouillards, mais aujourd'hui debout sous le vaste ciel dont ses larmes me touchaient de perles fines, ça me rappelait plutôt le début de novembre, la renaissance d'une saison remplie de nuages gris et d'air frais.

La pluie fine s'abattait délicatement sur ma carapace calcinée, guérissant mes brûlures aux prénoms oubliés. Acharnée, je fus arrosée d'une quiétude mélancolie.

Les plantes vertes s'enfonçaient dans leurs couleurs grâce aux gouttelettes qui pénétraient si doucement le feuillage de la scène, créant un doux scintillement.

Souvent quand la pluie tombe les paysages deviennent flous, mais moi je voyais plus clairement ce qui m'entourait, les fils pendants de là-haut n'étaient qu'un beau filtre nostalgique décorant ce moment d'un tendre voile de paix et de réminiscence.

Le vent faisait bouger mes boucles fondues, ma vision s'éclaircissait sur le pavé me faisant rappeler diverses conversations entretenues sous le toit en brique rouge, durant différents temps et avec différents gens.

On s'abrite à l'intérieur de soi-même durant des temps pareils, mais à ce moment précis alors que le ciel me chantait la mélodie grise de la réflexion, mes pensées tombèrent en vigueur sur mon reflet brouillé dans la flaque d'eau, je m'apercevais légère sous cette ambiance lourde.

Quelle scène spectrale ! Ça sentait la fraîcheur, le début d'une interminable nuit de pluie, qui finira par me laver de tout ce qui me teintait de noirceur, je m'offrais toute entière, moi créature ambrée à l'averse.

Je ne voulais pas trembler de froid, mais je frémissais de ce qui se tramait à l'intérieur de moi. Face à ma solitude dévorante, j'écoutai les confessions de la saison, les lèvres au bout de ma tasse de thé.

L'averse continua de tambouriner sur la terre sans envahir la délicatesse de la scène, le tout était orchestré classiquement pour que le vent puisse balayer un novembre silencieux. Mais j'écoutais toujours, car après tout, la pluie était comme un je t'aime murmuré.

«12 𝑺𝑨𝑰𝑺𝑶𝑵𝑺 𝑫𝑬 𝑴𝑰𝑵𝑼𝑰𝑻.»Where stories live. Discover now