Tome II • Chapitre 7

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Je reste à l'écart lorsque Tony s'affaire à positionner le véhicule sur la grille de départ. Lando me saisit par les épaules et me force à le regarder dans les yeux. Mon casque m'empêche d'entendre clairement tout ce qu'il me dit, mais je comprends qu'il faut que j'y aille doucement avec l'embrayage sinon je ferai caler la monoplace. Mais surtout que je prenne du plaisir pendant la conduite. J'hoche la tête pour lui faire comprendre que je suis prête.

J'approche presque timidement de la monoplace, mon coeur bat la chamade. Lando me tend la main pour m'aider à m'installer à l'intérieur du cockpit. Je le laisse régler les sangles et vérifier que je suis en totale sécurité. Tony met en marche le moteur. Les deux hommes reculent et me font signe que je peux y aller.

Le doux vrombissement du moteur résonne dans tout mon corps, je passe mes mains sur le cuir du volant. Mes mains tremblent légèrement, mais une bouffée d'adrénaline me pousse à le saisir fermement. Je positionne mes doigts sur les palettes derrière le volant qui vont me permettre me monter et descendre les vitesses et mes pieds sur les deux pédales qui se trouvent au fond du châssis. Je jette un rapide coup d'oeil vers Lando, le jeune homme me sourit de toutes ses dents. Je respire profondément puis je me lance.

Je relâche un peu trop vite l'embrayage ce qui fait caler la monoplace instantanément. J'entends Lando et Tony qui éclatent de rire. Pendant que Tony remet le moteur en marche, Lando se penche sur moi.

- Je suis rassuré ! J'en aurai pas cru mes yeux si tu n'avais pas calé. Fais monter le moteur à plus de cinq milles tours par minute avant de relâcher l'embrayage et tu verras !

J'opine de la tête et je me re-concentre. Je suis le conseil de Lando et cette fois-ci la voiture décolle du goudron. Les premiers mètres sont hésitants. Je peux sentir la voiture frétiller d'impatience, prête à dévorer l'asphalte. Le bitume rugueux envoie des vibrations à travers le châssis, et je ressens chaque bosse, chaque creux. C'est comme si la piste était une extension de mon propre corps. Les virages tirent sur les muscles de mon corps dans des directions que je n'avais jamais imaginé. Je lutte pour garder le contrôle, mais c'est jubilatoire.

Si pendant le premier tour je n'ose pas vraiment pousser au maximum de ces capacités la monoplace, je prends confiance petit à petit et appuie de plus en plus fort sur la pédale de l'accélérateur. Je vois les chiffres monter sur le petit tableau de bord, ce qui m'aurait fait peur il y a quelques mois est en train de me faire sourire dans mon casque. La peur est balayée par l'adrénaline que me procure la conduite à haute vitesse.

J'enchaine les virages, je ne vois que les limites de la piste. Tout le reste est plongé dans la nuit, seul le tracé du circuit est éclairé. Mon coeur bat toujours plus fort, je me sens tellement légère alors que la vitesse me plaque contre le baquet. Cette sensation de satisfaction et de bien être inonde mes pensées. Lorsque j'arrive au bout de la grande ligne droite qui mène à la grille de départ, je vois Lando qui me fait de grands signes. Je rigole doucement, il traverse la piste en agitant un drapeau à damier dans ses mains. Je ralentis le rythme et je viens me garer à côté d'eux.

Lando me rejoint pour défaire les sangles qui me retenaient plaquée dans le baquet. Je trépigne d'impatience, quand Tony déclipse le volant, je me sors de la monoplace tant bien que mal. Je retire mes gants et je sautille sur place en regardant en l'air pour permettre à Lando de m'enlever mon casque avec plus de facilité. Une fois ma tête sortie de ce casque, je prends Lando dans mes bras. Je le serre tellement fort qu'on pourrait fusionner.

- Merci, merci, merci merci ! T'imagines pas à quel point ça m'a fait du bien ! Lui chuchotai-je à l'oreille.
- On remet ça quand tu veux, vraiment. Me confit-il en resserrant ses bras autour de mon corps.

Late Night TalkingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant