Tome II • Chapitre 30

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5 mars 2024 - Djeddah - Arabie Saoudite

Je n'ai pas partagé d'autres nuits avec Lewis depuis que nous avons dormi ensemble samedi soir. Pas que je n'en avais pas envie, mais l'occasion ne s'est pas représentée.

Après m'être réveillée dans ses bras dimanche matin, les choses se sont un peu précipitées. J'ai à peine eu le temps d'avaler un petit déjeuner que je devais boucler mes valises. J'avais complètement oublié mais Lando et le reste de notre équipe, donc moi aussi, devions prendre l'avion en fin de matinée. Ce fut donc sous le regard amusé de Lewis que j'empilais mes vêtements un peu en vrac dans ma valise. C'est devant la porte de ma chambre que nous nous sommes dit au revoir, à l'abris des regards. Un baiser langoureux laissant imaginer la suite de notre histoire.

Depuis que nous avons atterri en Arabie saoudite, je n'ai pas vraiment eu de nouvelles de Lewis. Nous avons échangé quelques messages, surtout pour se souhaiter une bonne journée et une bonne nuit. Ce manque de communication n'était pas un problème jusqu'à cet après midi, où j'ai eu le temps d'y repenser.

Je sais que Lewis et tous les membres de son écurie sont arrivés ici, ça fourmille dans leur motorhome et leurs garages. J'ai même vu George au loin en grande discussion avec Toto et Susie. Je les ai salué de la main mais je ne suis pas allée les voir. J'ai pas mal de travail de mon côté, même si j'ai pris de l'avance la semaine dernière, il reste toujours des choses à planifier et à mettre en place pour la journée des médias qui se déroule demain.

Je pourrai lui envoyer un message pour prendre de ses nouvelles, mais ce n'est pas à moi de lui courir après. C'est à lui de me prouver qu'il est à la hauteur de mes attentes. C'est lui qui a fauté, pas moi. Mais je dois avouer que je suis un peu piquée dans mon orgueil. J'imaginais un Lewis qui allait me harceler de messages pour savoir ce que je faisais, avec qui j'étais. Même s'il n'a jamais été comme ça et que l'idée que mon portable vibre tout le temps pour m'annoncer un message m'aurait rapidement soûlé, j'aurai aimé qu'il soit un peu plus présent. C'était toujours lui qui m'envoyait le message le matin ou le message du soir, pendant la journée c'était presque le silence radio.

Je soupire un peu et étire mes cervicales. Il faut vraiment que j'arrête de travailler en étant assise n'importe comment, nous sommes qu'au début de la saison et mon dos me fait déjà souffrir. Je repose ma jambe gauche au sol et tente de me tenir droite afin de soulager mes tensions articulaires. Mais très rapidement, je reprends ma pose habituelle le genou plié sous mon menton, je continue de faire ma veille concurrentielle sur les réseaux sociaux. Nous devons nous tenir au courant de ce que font et disent les autres écuries, non pas pour les espionner, mais plutôt pour anticiper au mieux les questions des journalistes.

Par exemple, en ce moment, c'est l'histoire autour de Christian Horner, le team manager de Redbull, qui est au bout de toutes les lèvres. Tous les journalistes veulent l'avis des pilotes et des autres teams manager. Ce qui est assez délicat, car nous sommes au courant de rien, hormis ce que l'écurie au taureau ailé a bien voulu nous dire.

Dans ce genre de cas, ce n'est pas moi qui prend la décision de ce qui doit être dit ou non par Lando lors des interviews. Les ordres viennent de plus haut. Et heureusement. Lando ne prendra pas parti pour qui que ce soit et recentrera les questions sur l'évènement du weekend, le Grand Prix d'Arabie saoudite.

Pour ma part, j'aurai vraiment dû mal à garder en tête la présomption d'innocence. Mais j'ai quand même une pensée pour cette femme, que j'ai déjà croisé à plusieurs reprises l'année dernière dans le paddock. J'espère que toute cette affaire se terminera de la meilleure des façons pour elle.

Je ressens le besoin de faire une pause, mes jambes et mes doigts commencent à me faire mal. Je ferme la porte de mon bureau et je descends les escaliers pour aller prendre l'air. Je fourre mes poings dans mes poches et je traverse le paddock. A chaque fois, je suis surprise comme ce lieu peut être calme. Je slalome dans le garage et me glisse sous le rideau en fer qui ferme à moitié le garage. La voie des stands est tout aussi calme que le paddock. Je m'accoude à l'une des ouvertures sur le circuit. Les gradins, en face de moi, sont vides, mais je n'ai aucun mal à les imaginer quand ils seront plein à craquer samedi soir.

Late Night TalkingWhere stories live. Discover now