Tome II • Chapitre 19

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31 janvier 2024 - Boucan Canot - La Réunion

Ça fait du bien de dormir d'une traite et sans réveil programmé. Être ici avec mon père, c'est comme si tous mes soucis étaient mis entre parenthèse.

Je m'étire de tout mon long avant de sortir de mon lit. Je passe par la salle de bain pour me débarbouiller le visage puis j'enfile ma tenue de sport. Mes baskets à la main, je descends au rez-de-chaussée sur la pointe des pieds. Le soleil est en train de se lever et il n'y a personne dans la maison. Mon père doit encore être en train de dormir.

Je laisse un mot sur la table de la cuisine pour l'informer que je suis partie courir un peu. Je scratche mon brassard à mon bras et je glisse mon portable dedans. J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et lasse mes chaussures à mes pieds. Je referme doucement la porte d'entrée et je pars en petites foulées.

Il n'y a pas grand monde dans les rues du village que je traverse pour arriver sur le bord de mer. Je croise quelques personnes âgées qui sont déjà dehors pour faire leurs emplettes. Je quitte rapidement le bitume pour le sable chaud. J'augmente le volume dans mes oreilles quand la chanson d'Alicia Keys débute.

Je fredonne les paroles et me laisse emporter par le tempo. Mes pieds s'enfoncent dans le sable, je sens déjà mes cuisses qui me brûlent mais je ne relâche pas mon effort. C'est une autre ambiance que quand je courrais avec Lando et James, son coach, dans la neige de Finlande. Aujourd'hui, je me retrouve avec moi même.

Je m'effondre dans le sable brûlant quand ma montre vibre pour m'indiquer que j'ai dépassé les dix kilomètres de course à pieds. Je reprends petit à petit ma respiration. Mes poumons sont en fusion et j'ai l'impression que mes jambes ne pourront jamais me ramener à la maison. Je laisse mon regard se perdre dans l'horizon tout en faisant quelques étirements.

La plage où je me suis arrêtée est encore vide de touristes. Sur un coup de tête, je me déshabille pour garder que ma brassière et ma culotte. Je laisse mes vêtements à coté de mes baskets et je cours pour aller à la rencontre des grosses vagues qui se forment devant moi. La température agréable de l'Océan Indien à ce moment de l'année me permet d'entrer dans l'eau sans grande difficulté.

Je laisse mon corps flotter et bouger au gré de la houle. Je tente de ne pas penser à Lewis, mais je dois bien avouer que ce n'est pas une tâche facile. Sa présence à mes côtés me manque, il a toujours été doux et de bons conseils. Mais je me réconforte en me disant que même si nous étions encore ensemble, il n'aurait pas pu venir ici avec moi. Avec le début de la saison qui arrive à grands pas, il serait resté à Brackley pour perfectionner sa préparation, mais je l'aurai eu au téléphone tous les matins et tous les soirs.

Je soupire avant d'immerger totalement ma tête dans l'eau. Ça ne sert à rien de penser à ça maintenant. Ce qui est fait est fait et je pourrai rien y changer. Au bout de quelques temps, je sors de l'eau en essorant mes cheveux et je retourne là où mes affaires m'attendent. Je presse ma brassière pour faire couler l'eau contenu dedans et je me rhabille. Le soleil commence déjà à taper fort, je ne vais pas rester mouillée très longtemps.

C'est en marchant que je rentre à la maison. Je m'arrête en chemin à l'épicerie pour prendre des fruits pour le dessert. Quand j'arrive à la maison, je suis accueillie par l'odeur du café. Mon père est sur la terrasse en train de lire le journal.

- Les nouvelles sont bonnes ? Demandai-je en déposant les fruits sur la table.

- Oarf, j'ai bien l'impression que rien n'a changé comparé à hier. Alors comme ça, tu cours maintenant ?

Je m'installe sur l'une des chaises et j'enlève mes baskets.

- Oui, j'ai pris cette habitude pendant qu'on était en Finlande avec Lando. Je cours, je nage, je vais un peu de renforcement, ça me permet d'évacuer et de me canaliser.

Late Night TalkingWhere stories live. Discover now