Tome II • Chapitre 13

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6 janvier 2024 - Nice - France

Je regarde sans vraiment prêter attention au tapis roulant qui tarde à me délivrer ma valise. Après avoir passée la semaine avec Pierre et Kika à Dubai, j'avais besoin de rentrer. Si passer mon temps aux abords de la piscine de l'hôtel me convenait plutôt bien, hier j'ai eu ce besoin incommensurable de me retrouver seule. J'ai pu monter dans l'avion qui me ramenait à la maison en promettant à Pierre de l'appeler tous les soirs.

Depuis le soir du réveillon, il s'est montré très présent. Je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu'il fait pour moi. Si nous nous étions un peu éloignés durant ces cinq dernières années, le fait de mettre les pieds dans son monde de la Formule 1 n'a fait que resserrer les liens qui nous liaient. Et encore plus depuis qu'il m'a montré les photos de Lewis. Ça fait presqu'une semaine et j'ai encore du mal à réaliser ce que j'ai vu.

Je sens qu'une colère est en train de grandir au fond de mes entrailles sans que je puisse pour autant la faire éclater, avant qu'elle ne provoque trop de dégâts. J'ai tout essayé. A commencer par boire à outrance le soir du réveillon pour que l'alcool fasse plier les barrières qui m'empêchent, encore aujourd'hui, d'extérioriser ce que je ressens. De cette soirée de réveillon, je ne me souviens pas grand chose. Après avoir trainé Kika et Pierre sur la piste de danse, c'est le trou noir. Je me souviens juste de tirer la chasse d'eau des toilettes après avoir vomi l'intégralité de mon estomac au petit matin. 

J'ai tenté de nager jusqu'à avoir des crampes pour ressentir autre chose qu'un vide immense. Mais rien n'y faisait, la seule chose qui pouvait apaiser un tant soit peu la tornade qui se préparait a été de rester allongée pendant des heures sur un transat avec mes écouteurs dans les oreilles et ma playlist préférée. L'avantage c'est que j'ai pu parfaire mon bronzage hivernal. Les couleurs que j'ai pris me donnent bonne mine et me permettent de ne pas me maquiller pour tenter de paraitre moins cadavérique. 

Je sors de mes rêveries pour récupérer ma valise, qui a dû faire quelques tours avant que je me rende compte qu'elle était là. Je prends mon téléphone pour commander un taxi depuis l'application Uber et j'en profites pour envoyer un message à Pierre afin de lui dire que je suis bien arrivée. Même à mon père, je ne rends pas autant de compte. Quand il me répond avec un simple émoji qui mime un pouce en l'air, je pouffe de rire. Un vrai daron.

Je savoure mon retour dans la principauté monégasque. Je ne pensais pas dire ça un jour, mais ça m'avait presque manqué d'entendre parler en français. Avec Lewis, nous parlions exclusivement en anglais, et avec Pierre, c'est pareil pour faciliter la compréhension de Kika lors de nos discussions. Je remercie le chauffeur de taxi puis je tire ma valise sur le trottoir devant mon immeuble. Avec mon épaule, je pousse la grande porte d'entrée, me revoilà au point de départ. L'avantage de la situation c'est que je vais pouvoir profiter de mon appartement pour finir de le décorer et de l'aménager pour que je me sente vraiment chez moi.

- Mademoiselle Williams ! M'interpelle Jean, le concierge, avant que je monte les premières marches de l'escalier.

- Bonjour Jean, bonne année ! Lui dis-je en souriant.

- Oh merci à vous aussi ! Même si j'ai bien peur qu'elle commence plutôt mal pour vous.

Je repose ma valise au sol. Qu'est-ce qu'il peut être encore pire que de voir son petit ami avec une autre ?

- Plutôt mal ? C'est à dire ? Demandai-je en fronçant les sourcils.

- Eh bien... Il y a eu un gros dégâts des eaux la nuit dernière. Les pompiers sont intervenus mais votre appartement a été touché. Je me suis permis d'utiliser la clef que j'ai pour leur ouvrir votre porte. 

Late Night TalkingWhere stories live. Discover now