Elsker Nord (L'amour du nord) Livre 2 et Livre 3

Chapitre 16 (corrigé)

                                                                                     Arlun

Je suis retourné auprès du vieil aveugle et de mon fils après avoir été gentiment mais fermement virée du campement du Roi Aelle. Le vieil aveugle s'est tranquillement assis sur un vieux banc de bois pour m'attendre tandis qu'Henrik tournait en rond. Mon fils s'est précipité vers moi en voyant mon air, tandis que le vieux m'invitait à entrer dans sa petite masure d'un geste doux.

-Asseyez-vous devant l'âtre pour vous réchauffer Ma Dame... Je vais allumer un feu...

-Arrêter de m'appeler ainsi... Arlun, simplement Arlun... Dis-je la voix tremblante en obtempérant.

-Seulement si vous m'appeler aussi par mon nom...

J'hoche doucement la tête sans me rendre compte qu'il ne me voit pas. Alaric s'affaire tranquillement à allumer son feu, puis se met à remuer le contenu d'une petite marmite posée juste à côté. Henrik va s'assoir dans un coin, l'air sombre et soudain, je craque. En silence, de nombreuses larmes coulent sur mes joues tandis que je me perds dans mes souvenirs. Le cœur lourd, je revois ma rencontre avec Ragnar, ses petites attentions pour moi par la suite, ses regards remplis d'affection... Sa fierté lorsque je me suis unie à Björn, sa joie et son amour pour mes fils... Je revis chaque moment partagé avec lui, chaque parole échanger, chaque geste donné ou reçu...

Une main posée sur la mienne me fait sortir ce cette espèce de transe dans laquelle je me suis enfermée et par la petite fenêtre, je remarque en frissonnant qu'il fait nuit noire. Le vieil aveugle se tient devant moi, ses yeux blancs semblant me transpercer.

-Madame... Arlun prenez... Ce n'est que de la soupe, mais elle vous réchauffera le corps et apaisera un peu votre tristesse... Votre petit, après avoir mangé, s'est installé sur le lit de mon fils... Si vous voulez aller le rejoindre... Je vais moi aussi aller me coucher. Bonne nuit Arlun.

Je prends le bol de bois avec un remerciement presque inaudible et avale la totalité du contenu en quelques gorgées, les yeux dans les flammes. Au bout d'un long moment, je finis par m'endormir sans m'en rendre compte, mon sommeil troublé de cauchemars...

Les deux jours suivant n'ont été qu'une torture de plus. Je n'avais qu'à tendre l'oreille pour entendre les cris de joie des soldats, leur rire alors que leur gros roi torturait mon père. J'en devenais folle et me bouchait les oreilles pour ne plus rien entendre, des larmes de rage et d'impuissance coulant de mes yeux en continu. Je ne pouvais rien faire, rien dire et j'ai passé ses deux jours confiner dans la cabane du vieux qui heureusement ne me posait pas de question. Henrik est resté avec moi, sa petite main froide serrant la mienne lorsqu'un cri retentissait, ne parlant pas. Le gamin était comme moi, complétement bouleversé d'entendre les cris de souffrance de Ragnar. Je regrettais de l'avoir emmené, il n'aurait jamais dû assister à cela... J'avais bien tenté de retourné voir Ragnar avec lui, mais on nous avait refoulé méchamment. Aucune pitié n'était plus tolérée pour le prisonnier...

-Arlun, c'est le jour du jugement de Dieu...

Je regarde le vieux qui se tient droit dans l'embrasure de la porte et hoche la tête avant de sortir de la masure, mes yeux secs, mais le cœur écartelé pour me diriger vers Henrik. Le gamin est assis sur le banc, les yeux rouges.

-Mama, je ne viens pas avec toi, n'est-ce pas ? Je reste avec Alaric ?

C'est plus une affirmation qu'une question et je me contente de hocher la tête en m'asseyant à côté de lui. Il me regarde gravement un long moment et finis par murmurer ;