Elsker Nord (L'amour du nord) Livre 2 et Livre 3

Chapitre 51

                                                                                       Arlun

-Mama, tu es prête ? Demande Thorolf pour la centième fois au moins, en tapant du pied devant le rideau tiré de la salle d'eau. Il va falloir descendre... Bon, merde ! Ajoute-t-il en n'obtenant aucune réponse. Mama, je rentre et tant pis si tu es nue !!! Fait-il en relevant le tissu pour entrer.

-Elle va te tuer !! Rigole Henrik, avachi sur mon lit à jouer avec les louveteaux qui grognent de plaisir tandis que son frère hausse les épaules en pénétrant dans la salle d'eau.

Thorolf se stop net, la bouche entrouverte et me fixe un long moment à travers le miroir sans rien dire, l'air stupéfait.

-Par tous les Dieux, Thorolf, dis quelque chose !!! Je lâche d'une voix blanche en me tournant vers lui. La robe ne convient pas ? La coiffure peut-être ?

Il secoue la tête un instant et se met à sourire de toutes ses dents.

-Oh non, tu es...magnifique !!!! Tu n'as jamais été aussi belle Mama !!! Une vraie reine !!!

Je soupir de soulagement en lui souriant et regarde encore une fois dans le miroir, la femme qui me fait face. J'ai un peu de mal à me reconnaître à vrai dire...

Je porte une robe de satin rouge à manches longues, rehaussée de fils d'or, décolletée jusqu'à la naissance des seins dont le tissus moule parfaitement mon buste avant de s'évaser à partir de la taille pour tomber jusqu'au sol en de gracieux plis. Une fine ceinture d'or lâchement attachée semble posée sur mes hanches tandis que le collier d'or orné de la pierre d'améthyste pend sur ma poitrine. J'ai laissé mes longs cheveux tombés librement dans mon dos, posant simplement sur mon front un fin diadème d'or. J'ai également maquillé mes yeux de Khôl, poudre minérale noire, que j'ai découvert lors de mon séjour forcé en Cordoue et mis un peu de rouge sur mes lèvres comme le faisait les femmes de là-bas.

-D'où te vient cette robe ? Demande mon fils, me tirant de ma contemplation. Et cette façon de maquiller tes yeux ? Cela te va bien et les met en valeur...

-C'est Albéric qui m'a offerte cette toilette et je ne l'ai jamais mise, n'en ayant pas l'occasion, la trouvant beaucoup trop riche et trop fastueuse pour la vie de tous les jours. Et je me suis maquillée comme les femmes de Cordoue. Là-bas, elles utilisent beaucoup plus de produits, mais je ne dispose que de Khôl ici. Et c'est la première fois que j'essaie...

-Eh bien, c'est très réussi ! Moi en tout cas, j'adore !!! Si tu es prête, on peut y aller alors ? Demande-t-il tandis que je baisse les yeux vers le bracelet de Ragnar qui ne m'a jamais quitté malgré les épreuves, pensant à lui et à son sourire emplis de tendresse, à la joie qu'il aurait éprouvé en nous voyant unis encore une fois...

Tu dois être fier de nous Ragnar, toi qui siège au Valhalla aux côtés du Père de toute chose ... Ce que tu m'avais prédit est en train de se produire, doucement mais sûrement... Qui aurais cru qu'une petite fille abandonnée de tous, deviendrai un jour femme de roi ? Une Reine...deux fois ? Quelle étrange destinée que la mienne... Et tout ça, grâce à toi... Tu me manques... J'aurais aimé que tu sois là en ce jour, pour voir tes yeux briller de fierté, j'aurais voulu sentir tes bras se refermer sur moi, entendre ta voix moqueuse qui me dirait d'arrêter de pleurer...

Je souris doucement en embrassant mon bracelet et hoche lentement la tête...

-Oui, Thorolf, on peut y aller... Je murmure en me tournant vers lui.

Le silence se fait dans la grande salle alors que j'arrive devant les portes, suivie par mes fils qui m'encadrent et me soutiennent de leurs présences rassurantes. Je m'arrête sur le seuil un instant, saisie à la gorge par ce silence oppressant, troublée de voir tous ses visages se tourner vers moi l'air stupéfait et croise soudain le regard de Björn. Debout sur l'estrade aux côtés d'un prêtre viking paré d'or et étonnamment, du roi Harald, il me regarde fixement la bouche entrouverte, comme s'il ne m'avait jamais vu.