Livre 3 Chapitre 24

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                                                                                     Frigg


Assise sur mon lit et perdue dans mes pensées, je n'entends pas Arlun entrer dans la pièce et sursaute lorsqu'elle pose la main sur mon bras, levant des yeux un peu tristes sur elle.

-Désolée, je ne voulais pas te surprendre... Me fait-elle en s'excusant d'un sourire. Je viens te ramener ton miroir et te prévenir que nous partirons au temple dans un bon quart d'heure pour assister aux premiers sacrifices... Ajoute-t-elle en posant le petit réflecteur sur le lit avant de s'asseoir à mes côtés, m'observant en penchant la tête. Tu sembles bien pensive... A quoi songes-tu ?

-A tout à l'heure, à Elke, à tous ces pauvres gens...à cette misérable existence qu'est la leur... Dis-je tout bas en revoyant les tentes trouées de part et d'autres et les regards sombres et souvent durs posés sur nous. C'est tellement triste qu'autant d'enfants soient abandonnés par le sort... Je murmure, l'image de ces gamins amaigris défilant sans cesse devant mes yeux.

-Oui, c'est malheureux... Murmure-t-elle l'air triste avant d'ajouter d'une voix un peu plus ferme. Et je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que les choses changent. J'en ai parlé au roi et l'idée de créer un lieu pour les enfants, qu'ils soient orphelins ou abandonnés, lui plait. Je sais qu'il fera bouger les choses dans ce pays pour qu'un jour, ses gosses aient une chance de survivre et puissent prétendre à un meilleur avenir.

-Oh, tel que je vous connais, je suis sûre que ce formidable projet prendra forme d'ici peu... Dis-je avec espoir. Mais heureusement, cela ne concerne pas encore la petite Elke... Elle a pour l'instant, une famille aimante et douce et je suis contente pour elle.

-Pourquoi dis-tu pour l'instant ? Me demande la reine en penchant la tête sur le côté. Sa mère et son frère semblent être en bonne santé malgré les privations...

-C'est justement les privations qui poussent les gens à agir différemment... Je murmure en évitant son regard. J'en suis la preuve vivante...

Elle me regarde un peu surprise et je réalise que malgré toutes ses années passées ensemble, elle ne sait rien de mon passé et moi, rien du sien. Et en voyant son doux regard posé sur moi, je décide de me confier à cette femme que j'aime de tout mon cœur.

-Voir ce camp m'a profondément touché et rappeler qu'il y a quelques années, j'étais à la place de cette gamine, Elke... Mes parents étaient vraiment pauvres et nourrir sept enfants n'étaient pas tous les jours facile. Je commence, revoyant cette vieille bicoque de bois qui nous servaient de demeure à l'époque. Et pourtant, malgré le manque de nourriture et de privations, on était heureux. Je poursuis tout bas en entendant à nouveau les voix et les rires des miens, sentant quelques larmes venir inondées mes joues tandis que la reine serre avec effusion ma main dans la sienne. On vivait dans un petit village à quelques kilomètres d'Örebro et les autres essayaient de nous aider, mais les temps étaient durs, vraiment durs pour tout le monde... Mes parents vendaient une grande partie de ce que produisait notre petite ferme et en tant qu'aînée, je les aidait du mieux que je pouvais. Un jour, alors que nous étions avec mon père au grand marché d'Örebro pour vendre nos choux, la femme d'un Jarl de passage à proposer de m'acheter moi, tendant plusieurs pièce d'argent à mon père. C'était une véritable fortune que lui offrait la femme, une somme qui aurait aisément fait vivre ma famille pendant au moins une année, mais mon père a aussitôt décliner, refusant de se séparer de moi, malgré les difficultés de notre vie... Mais contrairement à mon père, cet argent m'a hanté toute la journée. Je me disais qu'avec cette somme, ma famille serait heureuse et à l'abri du besoin pendant longtemps... Alors sans prendre la peine de lui en parler, je suis partie voir cette femme et j'ai accepté son offre. J'avais dix ans, j'étais assez grande pour savoir ce que je voulais, même si je ne me rendais pas compte à l'époque qu'en acceptant son offre, je sellais mon destin, abandonnant ma liberté et ma famille pour devenir esclave...de mon plein gré. Je voulais juste que ma famille vive sans privations... Le soir même, je quittais la ville avec elle et son époux sans revoir mon père, sans même savoir s'il aurait l'argent promis et sans savoir si je reverrais un jour les miens. J'ai servi mes nouveaux maîtres dans leur Skali pendant environ un an, jusqu'au jour où le roi Albéric qui avait des différents avec mon Jarl, a lancé une attaque sur notre village. J'ai bien tenté de m'enfuir, mais on m'a rattrapée et je suis passée d'esclave de Jarl à esclave de Roi...

Elsker Nord (L'amour du nord)       Livre 2 et Livre 3Место, где живут истории. Откройте их для себя