13. ELIOR

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All for us, labrinth ft. zendaya.

ELIOR N'EN REVENAIT PAS. Achille l'avait fait. Il avait accusé Thomas. Ensuite, les révélations avaient éclaté. Tous les garçons avaient entendu ce que le garçon aux cheveux bleus avait aboyé à Achille. Ou du moins, il en avait donné une idée assez précise pour que l'esprit assemble les pièces du puzzle.

Elior était partagé. Lui qui avait toujours tout pardonné au jeune garçon, lui qui prenait sa défense et qui tentait de réparer leur amitié perdue, ne souhaitait rien d'autre que sa souffrance à présent. Il avait le cœur au bord des lèvres rien qu'au simple fait de s'imaginer ce que traversait Thomas à cet instant.

Que pouvaient-ils bien lui faire? Elior essaya de se remémorer dans ses souvenirs des garçons qui avaient été punis après avoir commis une faute comparable. Hormis Roan, aucun n'avait subi de réelles répercussions, seules quelques brimades. Les yeux embués, il espéra qu'il ne perde pas la vie à son tour, bien que cela semblait des plus extrêmes. Cependant, Chaval était capable de traduire cet acte par un avertissement à tout agissement similaire ou rébellion organisée.

Lorsqu'il avait été emmené, à la suite de la bagarre, Thomas avait du sang qui coulait de son nez et sûrement un hématome à la pommette. Il doutait qu'il ait pu faire un tour à l'infirmerie. Son bras, qui commençait à guérir, n'avait pu être exempt de quelques bousculades. Les gardes pouvaient le torturer sur ce point, lui faire payer à lui ce matin-là où l'adolescent aux cheveux roux avait pris sa défense.

Elior s'assit sur son lit, la tête posée contre la barre de bois reliant les deux lits superposés. Il porta son regard dans le vague, indifférent à la vie qui l'entourait.

Autour de lui, les garçons s'agitaient. Ils parlaient entre eux, autant à propos de Thomas que d'Achille. Leur quotidien si monotone, soudainement traversé par un événement inédit ne manquait jamais d'animer. Ils discutaient des mots de l'accusé et les interprétaient; pourquoi, quand, qui, comment, depuis quand. Eux qui avaient toujours évité, si ce n'est redouté, Achille — particulièrement après la mort de Roan — lui portaient une pleine et nouvelle attention.

Cela ne ravissait pas le moins du monde Achille. Il s'était assis dans un des coins de la pièce, les genoux repliés. Son arcade sourcilière saignait, le liquide coulait le long de sa peau, se répandait dans son œil et lui brouillait la vue. Il avait l'allure d'un assassin dans cette condition.

Hade posa son regard sur lui, inquiet et décontenancé. Il avait beau être attristé et angoissé par le destin de Thomas, il se souciait avec précaution d'Achille. Ce qu'il avait appris sur son compte l'avait gravement troublé et blessé. Ils étaient si proches et, pourtant, l'adolescent n'avait pas cherché à se confier à lui ou à requérir son aide.

Ils dormaient dans le même lit. Il le sentait parfois s'extirper hors des draps puis revenir, mais il n'avait jamais remarqué le moindre changement d'attitude qui puisse le faire soupçonner quoi que ce soit. Achille était un bon menteur et intériorisait.

Il secoua la tête. Il était déçu d'Achille de ne lui avoir pas fait confiance, et de lui-même pour n'avoir rien remarqué. L'adolescent se sentait profondément désolé de ce que son ami avait vécu, mais ne savait comment lui en parler.

S'apercevant qu'il était toujours perché dans son lit, il en descendit et atterrit à côté d'Elior. Soucieux, il tenta d'entamer la conversation:

— Est-ce que... est-ce que ça va aller?

Elior haussa les épaules, peu enclin à articuler le moindre mot. Hade le comprit rapidement et continua, en lui parlant simplement.

— Je suis désolé qu'il ait été emporté par les gardes, sincèrement. C'est une bonne personne, il ne mérite pas de punition, quelle qu'elle soit.

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