Mythomania

32. LAÏA

The system, Willow ft. Tyler Cole.

— VOUS NE POUVEZ PAS ME RETENIR CONTRE MA VOLONTÉ, protesta Laïa, animée d'une assurance nouvelle.

Face à ces individus qui ne la connaissaient pas, elle pouvait se construire une image d'elle davantage sûre d'elle et Laïa avait saisi cette occasion au vol. Pour autant, le grondement dans son ventre n'avait pas disparu et son stress enflait. Elle avait été emmenée de force par le même jeune homme qui avait enlevé son amie Phoebe. Où était-elle à présent? Ses ravisseurs l'avaient peut-être torturée et elle était peut-être déjà morte à l'heure qu'il était alors que son propre sort restait incertain.

Charles lui avait signifié que la jeune fille était toujours vivante, car il s'était servi de ce prétexte pour que Laïa le suive sans montrer aucune résistance. Il pouvait avoir menti, après tout, il l'avait déjà fait en ne révélant pas ses plans pour Phoebe lors de leur rencontre à la soirée.

À l'heure actuelle, Laïa était cernée par un groupe d'individus qui formaient un barrage pour qu'elle ne prenne pas la fuite, ce qui ne calmait pas Laïa. Au contraire, ses yeux voletaient sur chaque visage, sur l'endroit où elle se trouvait. Charles l'avait emmenée dans une espèce de centre commercial désaffecté qui devait dater de quelques décennies, si ce n'était plus de cent ans.

Elle ne reconnaissait pas l'endroit, ni n'identifiait la moindre personne. La jeune femme était d'autant plus sur le qui-vive qu'aucun n'avait prononcé quelque parole. Elle ne comprenait pas ce qu'ils attendaient.

— Eh bien! parlez. Qu'est-ce que vous comptez faire? Qu'est-ce que vous voulez de moi?

— Nous voulons simplement te parler.

C'était une voix féminine. Laïa se tourna vers sa droite et découvrit une femme aux cheveux bleus portant une robe grise qui lui arrivait aux pieds. Les individus qui l'entouraient de ce côté s'étaient reculés pour la laisser passer. Immédiatement, Laïa sut qu'elle avait affaire à celle qui devait être leur cheffe.

— Me parler? répéta-t-elle.

L'adolescente était troublée par le visage de la femme qui lui semblait familier. Cependant, elle ne savait où elle l'avait déjà vu.

— Nous ne te ferons jamais de mal, sois-en assurée. Tu es sous notre protection, sous ma protection, la rassura-t-elle. Je m'appelle Elisa.

Laïa acquiesça docilement, ne sachant comment se comporter. Le calme qui émanait de la femme d'un demi-siècle, combiné à son air implacable résultait en un mélange saisissant et incitant à la prudence.

— Viens avec moi, Laïa.

La femme reprit sa marche en retournant sur ses pas. Laïa guetta du coin de l'oeil le moindre geste suspect venant de ceux autour d'elle. Voyant qu'aucun n'esquissait de mouvement dans sa direction, elle suivit, sereine, Elisa qui s'éloignait.

Alors qu'elle s'apprêtait à accélérer la cadence pour marcher à sa hauteur, elle remarqua du coin de l'œil un visage qui l'observait, un visage qu'elle connaissait. Son regard se porta sur Phoebe. C'était inespéré. Elle se tenait devant elle, saine et sauve, reposée, sans une once de crainte.

Des frissons lui parcoururent tout le corps. Il lui avait fallu la perdre puis la retrouver pour se rendre compte qu'elle tenait à elle et que sa perte lui aurait été un manque terrible.

Laïa changea donc de direction pour se diriger vers Phoebe, qui s'avançait elle aussi. Bientôt, elles se sautèrent dans les bras l'une de l'autre, sous le sourire bienveillant d'Elisa, qui avait interrompu sa marche.