20. LAÏA

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Molecules, Hayley Kiyoko.

CETTE FILLE QUI VENAIT DU MILIEU l'avait accostée, alors même qu'elles ne s'étaient jamais rencontrées auparavant. Gabrielle ne l'avait jamais vue avant ce jour, et la seule chose qu'elle savait à son propos était qu'elle n'était pas originaire de l'Arcade. Elle en déduisit qu'elle faisait partie de ce groupe de lycéens en excursion dans sa ville d'Arlet.

À sa demande pour s'asseoir à sa table, la jeune fille n'avait pas refusé. Elle avait lu dans ses yeux que cette inconnue lui portait visiblement un grand intérêt qui les troublait l'une comme l'autre. Gaby n'avait alors pas résisté à la curiosité que lui inspirait cette jeune fille aux cheveux océan.

Soudain, il y eut comme un moment de flottement où elles se regardèrent toutes deux, examinèrent leurs traits et leur apparence. Leurs yeux les mettaient chacune à nue, mais c'était d'un commun accord qui n'avait pas eu besoin d'être traduit en mots.

Laïa avait porté son attention sur la jeune fille en face d'elle et elle fut ravie de pouvoir la contempler de plus près. Elle jaugea qu'elle devait avoir un âge semblable au sien. Puis, la lycéenne se mit à suivre du regard les éléments qui composaient son visage. Des cheveux assez longs couleur cendre encadraient un visage sévère et charmeur; sa peau n'était troublée que par quelques boutons, témoins de la puberté, et par un sourire crispé qui figeait parfois la jeune fille en une attitude implacable.

Ses yeux bleu-vert n'avaient pas une forme singulière, or elle les trouvait vivants, passionnés. Son nez n'était pas particulièrement fin, mais apportait une différence remarquable chez la jeune fille aux joues rosies par la brise matinale.

Laïa prit encore un temps pour suivre des yeux la posture de ses mains, posées avec une nonchalance gracieuse sur son carnet. Tout chez elle semblait ordonné dans un mélange qui niait la beauté comme la laideur, mais se définissait par un charme incontestable. Elle se sentit malgré elle éprise de cette jeune femme qu'elle ne connaissait ni d'Adam ni d'Ève.

En parallèle, Gaby avait également observé la jeune femme qui se trouvait en face d'elle. L'adolescente se sentait cependant plus inconfortable, car regarder avec excès lui avait d'ors et déjà causé nombre de problèmes. Elle savait pourtant que c'était différent cette fois, que cette fille n'allait pas crier au loup simplement car Gaby avait posé les yeux sur elle.

Elle suivit du regard le tracé de ses cheveux bleus qui voletaient dans l'air, coupés nettement et brossés avec attention. Ses prunelles arrivèrent sur le visage de Laïa et découvrit son front parfois occupé par une ride de réflexion, et ses yeux bleus comme ses cheveux qui semblaient s'étonner continuellement.

Son nez était légèrement en trompette et ses joues rondes lui apportaient un air angélique. Elle ne semblait jamais pouvoir causer le moindre mal à quiconque tant de la pureté émanait de son être. Ses lèvres étaient roses et d'une forme gracieuse. Laïa était penchée en avant sur la table, mais ses épaules étaient rentrées, signe d'un manque de relâchement en situation sociale. Gaby en conclut que la jeune fille devait être de nature plutôt renfermée, bien qu'elle ne voyait en elle que de la bonté et de la richesse d'esprit.

Ses bras étaient dénudés et découvraient une peau blanche que le soleil avait épargnée, contrairement à la sienne qui avait déjà redoré une teinte plus bronzée. L'été lui apportait toujours cette apparence lumineuse, et la saison estivale n'était même pas encore arrivée.

Finalement, ce fut Gaby qui se détacha la première de cette éprouvée contemplation et se mit à questionner l'inconnue à sa table:

— Pourquoi es-tu venue me voir?

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