49. LAÏA

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Sweet dreams (are made of this), Eurythmics.

TW: Avances non consenties.

C'ÉTAIT LE COMBLE DE L'HORREUR pour Laïa. En l'espace d'une heure, le présent, qu'elle croyait résolument tourné vers l'espoir, s'était transformé en cauchemar. Cela avait commencé par des pas précipités et des cris proférés par les rebelles courant dans le hall. Laïa, qui se trouvait à ce moment dans son dortoir, assise sur un des lits, avait écourté sa discussion avec Phoebe pour comprendre ce qui se tramait au dehors.

La jeune fille avait saisi des mots à la volée, compris que la situation était catastrophique et qu'ils étaient en grand danger. En effet, les dirigeants les avaient retrouvés et avaient lancé à leurs trousses tout un régiment de policiers armés jusqu'aux dents. Ce retournement se dénouerait sans en douter dans le sang et la mort, Laïa l'avait conclu alors que l'air lui manquait, la panique affluant dans son esprit. Elle aurait voulu à cet instant fermer ses yeux et que tout disparaisse, sinon elle-même.

Jamais elle n'avait autant senti la terreur de la mort qu'à ce moment, tandis qu'elle s'imaginait déjà agoniser sur le sol, le corps en sang, brûlé ou tabassé. Pire encore, elle songeait qu'elle pouvait également être réduite en esclavage en guise de châtiment pour avoir rejoint les Éternels.

Quoi qu'il en soit, Laïa avait retrouvé ses esprits au bruit de la première détonation du centre commercial. Ses yeux s'étaient instinctivement tournés vers la gauche, en direction de l'escalator hors service, duquel des policiers pouvaient surgir à tout moment et provoquer un bain de sang. Une espérance en elle s'agitait, lui soufflant qu'ils n'oseraient jamais la descendre, elle, une adolescente de quinze ans, aux cheveux bleus, dont la disparition devait avoir été émise depuis le mardi.

Ses parents devaient se ronger les sangs et ne tolèreraient pas qu'elle fût tuée si sauvagement — c'était sans compter que Laïa ignorait que tous et toutes, hormis les autorités et Estia, la croyaient avoir rejoint un programme d'élites du gouvernement, aussi absurde que cela puisse paraître.

Dans un tel moment de panique, son égoïsme ressurgissait, pour la conforter dans le fait qu'elle était bien trop précieuse pour être tuée, car, contrairement aux travailleurs des souterrains ou des adultes rebelles, elle était jeune, reconnue dans la société et fraîchement enrôlée. Toutes ces caractéristiques lui conféraient une invincibilité qui allait, pourtant, être transgressée plusieurs fois.

Laïa avait aussitôt refoulé ses élans d'individualisme et couru auprès de Phoebe, le regard anxieux. Elle lui avait résumé en quelques paroles, que confirmèrent ses expressions faciales et sa voix bégayant, la situation. La jeune fille avait soudain été prise d'une terrible crampe dans son bas-ventre, provoquée par la vague de stress intense qui l'avait submergée à l'annonce de la nouvelle.

Pliée en deux, son teint avait blanchi, et Laïa avait cru, avec effroi, qu'elle allait vomir son déjeuner sur les draps. À l'extérieur, les déflagrations s'augmentaient, tout comme les cris, les vociférations et les bruits de pas. Le dortoir avait été vidé en une minute par le reste des rebelles, qui s'étaient empressées de récupérer une arme pour se défendre. Laïa et Phoebe avaient été laissées en retrait, alors que la seconde respirait avec difficulté, des larmes perlant à ses yeux.

— Je ne peux pas descendre de ce lit, avait-elle assuré d'un souffle.

— Bien sûr que si. Il faut qu'on aille se mettre à l'abri, tout de suite.

Laïa s'enfonçait l'ongle de son index dans la peau de son pouce — c'était sa manière à elle d'endiguer son anxiété qui noyait son esprit. Sa main droite empoignait avec force l'un des barreaux horizontaux du meuble qui allait se transformer en lit de mort.

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