36. ELIOR (partie 2)

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Hold on, Chord Overstreet.

Il plaqua brutalement sa main sur l'interrupteur de la lumière. Aussitôt, des têtes se dressèrent. Presque aucun garçon ne dormait, le couvre-feu ayant été annoncé une demi-heure plus tôt. Gabrielle entra à son tour dans la pièce, refermant la porte dans son dos.

— Elior, Elior, tu nous ramènes une fille pour te faire pardonner? C'est fort gentil de ta part.

Beaucoup d'adolescents s'étaient déjà levés de leur lit, interloqués par le retour inattendu d'Elior et la présence de Gaby. Le garçon aurait préféré que la première voix qu'il entende soit celle d'un de ses amis, mais un accord tacite entre les travailleurs semblait stipuler qu'Arthur parlerait toujours le premier. Heureusement, bien qu'il avait déjà sauté de son lit, il fut devancé par deux adolescents qui se dirigèrent, soulagés, vers Elior.

Hade et Thomas vinrent gaiement à la rencontre d'Elior, l'étreignant avec vigueur. Au vu des nouvelles de la matinée, ils avaient craint pour le garçon et sa vie. Alors que le garçon aux cheveux bleus échangea quelques secondes avec Elior, Hade tourna son regard sur Gabrielle. Il avait le sentiment de la connaître, que son visage lui était familier.

— Hade, souffla simplement Gaby, le cœur lourd face au tableau qu'offrait le dortoir bondé.

— Gabrielle?

Son nom lui était apparu dans un élan, comme un détail furtif nous revient parfois alors que nous l'avions oublié depuis des années. Il se souvenait à présent de cette enfant, des lustres en arrière, qui s'était émerveillée sur la couleur de sa peau, candide et curieuse. Un sourire se peignit sur la face de l'adolescent, mêlant exaltation et chagrin. Il prit la jeune fille dans ses bras, ému.

— Je suis heureux de te revoir.

— Je suis contente que tu ailles bien, lui sourit Gabrielle. Où est Achille?

Hade perdit son sourire. Elior, ayant entendu le prénom du garçon, se tourna vers son ami, souhaitant lui aussi revoir le jeune adolescent qui n'était pas encore venu les voir.

— Où est-il?

— Il-

Hade n'eut pas le temps de même commencer sa phrase parce que la porte s'ouvrit à la volée, projetant avec violence les adolescents vers l'avant. Gaby chuta et s'écorcha le genou sur le sol, tout comme Hade.

Chaval venait de faire irruption dans le dortoir, une arme à la main, les yeux injectés de sang, l'air fou. Il était vraisemblablement passé entre les mailles du filet, et comptait se servir des adolescents comme d'otages.

Quand le garde vit Elior, son visage sembla se métamorphoser en une grimace affreuse, tordue par la haine et une joie malsaine. Il ne fallut qu'une seconde à l'homme pour réduire de manière drastique la distance entre le rouquin et lui-même, afin d'enserrer son cou, en le soulevant du sol de quelques centimètres. Immédiatement, Elior essaya de se défaire de sa poigne, mais il était bien trop fort.

— Tiens, tiens, regardez qui ose revenir dans le coin. C'est pas très malin après ce que tu m'as fait.

Elior ne parvenait à articuler que de simples grognements indistincts. Il sentait sa peau chauffer, ses yeux prêts à tomber et sa peau tendue jusqu'à l'éclat. Chaval voulait le voir mort et le garçon contempla ainsi sa destinée dans ses iris noires. Personne n'osait esquisser le moindre geste pour l'aider, tous étaient saisis d'une peur glaçante et d'une impuissance qui les clouaient sur place. Tous sauf un qui venait de se montrer, sortant des douches, les yeux bouffis, mais gonflé d'une rage remarquable.

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